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GABON : Jean-Claude Mpaka, tel le vin qui bonifie avec le temps

GABON-Culture/Cinéma

Par Philippe Miazonzama

LIBREVILLE, 6 mars (Infosplusgabon) - Dans le milieu, on l’appelle le ‘dernier des Mohicans’, en souvenir du titre d’un célèbre Western américain des années 60. Car pour le symbole, c’est le dernier encore en  activité parmi les acteurs qui ont dans l’essentiel, fait ce que nous savons du cinéma gabonais contemporain: ‘L’Auberge du Salut’, ‘L’Inspecteur Sori’, ‘Les couilles de l’éléphant’, ‘Le collier du Makoko’, ‘Mami Wata’, ‘Le chic, le choc, l’échec’, ‘Le futur est à nous’ …

 

 

En effet, Philippe Mory n’écume plus les plateaux de tournage depuis son décès en 2016. De même Prince de Capistran et ‘Sœur Adèle’ qui viennent de nous quitter successivement en 2024 et 2925. Tandis que bien d’autres, à l’image de ‘Frère Arthur’, ont pensé faire valoir leurs droits à la retraite. Fort heureusement, dans ce décor qui peut pousser à un sentiment de désolation, Jean-Claude Mpaka continue à enchanter le public - qui le lui rend d’ailleurs bien – à travers des rôles aussi époustoufflants, les uns que les autres. Et pour le bonheur de tous !

Après la grande épopée des feuilletons américains, à l’instar de ‘Dallas’ ou ‘Santa Barbara’, le Gabon a eu l’immense bonheur de savourer son premier feuilleton télévisé bien nommé : ‘L’Auberge du salut’, produit en 1995, dans le sillage des séries sud-américaines qui venaient de se faire elles-aussi, une place au soleil de la consécration internationale. Régal, donc Jean-Claude Mpaka, en tient le premier rôle. Les gabonais se regardaient enfin avec fierté à travers cette œuvre cinématographique, qui peignait à ravir, leur quotidien si multicolore. Le temps d’être consacré première série télévisée africaine – ce qui est loin d’être rien, Jean-Claude Mpaka se retrouve de nouveau dans des premiers rôles dans une demi-douzaine de productions gabonaises, les plus grandes que le pays a mis sur le marché du 7ème Art africain.

C’est un fait marquant à plus d’un titre du cinéma africain, qui avait fêté ses 100 ans en 1995, sous l’engagement de se faire une place de choix sur l’échiquier mondial désormais, d’autant qu’Hollywood et Bollywood constituaient une sorte de forteresse imprenable, même si Nollywood à sa manière émettait déjà des signaux pleins d’intérêt, dans le sens d’une présence que personne ne peut plus ignorer, dans la sphère du cinéma moderne.

C’est pourquoi la qualité des acteurs dans le succès d’un film demeurera prépondérante, pour produire la dose d’émotion nécessaire dans le public, destinataire final de toute production cinématographique, afin de faire bondir les chiffres, au box-office. Mais le talent, est-il inné, ou la résultante d’un travail ardu, pour qu’il éclose avec harmonie ?

Jean-Claude Mpaka entre à l’Institut National des Arts de Dakar au Sénégal, en 1975, d’où il sort   avec une formation qui en impose. En 1978, il est admis à l’Ecole Internationale Jacques Lecoq de Paris, dont la renommée mondiale en matière de préparation à l’actorat est sans conteste. Puis 10 ans plus tard, il y retourne pour une formation des formateurs, sur fond d’une forte dose de maîtrise des fondements de la psychologie, notamment celle liée à l’univers carcéral.

Au cinéma, un rôle, on le sens d’abord, avant d’y entrer, et de le vivre à fond, afin d’incarner le personnage dans la plus belle mesure possible. Pourtant, c’est loin d’être une simple mimique, fût-elle structurée à souhait, pour satisfaire la norme. C’est plutôt une alchimie intégrant intelligence, maitrise du mouvement, diction de qualité, forte décharge émotionnelle, dans une posture de choix. La rencontre de Jean-Claude Mpaka avec sa concitoyenne réalisatrice au talent millésimé, Samantha Biffot, est venue apporter un surcroît d’excellence aux prestations de l’acteur dans Mami Wata, porté à l’international par la chaîne française Canal +. Abidjan en Côte d’Ivoire devient son point d’ancrage, dans ce sillage.

Avant que Yaoundé  au Cameroun ne se l’arrache, pour le tournage d’un nombre de films d’envergure, notamment ‘Pouvoirs et loi’, pour remplacer au pied levé l’acteur principal de cette production faisant une promotion appuyée de la notion de citoyenneté modèle à l’échelle du continent africain, qui venait de décéder de façon inopinée. Puis, pour animer une master class de formation des acteurs à la 11ème édition du Yarha  (Yaoundé Revi’Art Festival), en janvier 2025. L’homme, qui a soufflé sa 70ème bougie en novembre 2024, n’a donc pas fini de nous épater, dans ce qu’il sait faire le mieux. Tel le vin qui bonifie avec le temps qui passe, beaucoup de bonnes surprises sont donc au menu des prochains rendez-vous avec ses prouesses face à la caméra.

 

FIN/INFOSPLUSGABON/PLM/2025

 

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