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FRANCE : Une histoire porteuse d’un espoir formidable sur la maladie d’Alzheimer

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France-Santé/Maladie d’Alzheimer

LIBREVILLE, 11 juillet (Infosplusgabon) - L'Histoire qui suit vient d’être publiée dans la revue The Journal of International Medical Research. Il s'agit de celle d’un homme de 82 ans, atteint de la maladie d’Alzheimer, et dont les perspectives de vie étaient particulièrement sombres, avec des symptômes de plus en plus lourds (confusion, perte de mémoire, dépression, perte d’indépendance etc.). Comme de nombreux patients touchés par cette maladie, cet homme recevait un traitement médicamenteux sans aucun effet positif.

 

Et puis, si on peut dire, il a eu la « chance » d’être atteint d’une autre maladie ; une infection bactérienne aux Clostridioides difficile, bactéries résistantes aux multiples antibiotiques prescrits.

C’est alors que son médecin décide de pratiquer sur ce patient une transplantation fécale. Ça vous dit quelque chose ? Les plus fins lecteurs de la lettre précédente risquent de s’en rappeler !

Une transplantation du microbiote fécal (TMF), consiste à introduire dans le tube digestif d’un malade des matières fécales d’un donneur sain, afin de reconstituer la biodiversité de sa flore intestinale.

Plusieurs voies d'administration sont possibles : soit par une sonde insérée dans le nez jusqu'à l'intestin, par coloscopie (la sonde est alors introduite au niveau de l'anus) ou par lavements.

Au IVe siècle déjà, le médecin et pharmacien chinois Ge Hong administrait en effet des « suspensions fécales » pour traiter les intoxications alimentaires et les diarrhées sévères.

La médecine chinoise a poursuivi cette utilisation d'excréments, sous forme sèche, fraîche ou fermentée, pour traiter des maux intestinaux, la douleur ou la fièvre...


Il faut reconnaître qu’au premier abord, l'idée n’est franchement pas séduisante. Les médecins chinois eux-mêmes avaient senti le coup, puisqu’ils avaient rebaptisé le procédé sous le nom de « soupe dorée », histoire de le rendre plus acceptable…

Toujours est-il que la médecine moderne l’a redécouvert il y a quelques années, avec la publication en 2013 d’une étude dans le New England Journal of Medecine, révélant l’efficacité très prometteuse de la transplantation fécale face aux infections à la bactérie Clostridium difficile.


Mais elle est envisagée comme approche thérapeutique dans le cadre de pathologies très variées, dès lors qu’elles sont associées à un déséquilibre de la flore intestinale :

Actuellement, plus de 200 essais cliniques sont organisés à travers le monde, sur des thèmes aussi variés que le syndrome de l'intestin irritable, le diabète, les maladies auto-immunes ou cardiovasculaires... et même des troubles d'ordre neurologique.

Le cadeau de son épouse : son microbiote !

Dans le cas de notre patient de 82 ans, c’est sa propre épouse, saine d’esprit, sans signes et symptômes de déficience cognitive, qui a joué le rôle de donneuse.

Avec des résultats spectaculaires :

Deux mois après avoir lui transplanté un échantillon de microbiote sain, ses performances cognitives ne font que progresser, comme son humeur et son envie d’interaction sociale.

Après six mois, on ne parle plus d’un ralentissement, ni même d’une stagnation, mais bien d’une inversion de la maladie d’Alzheimer.

Pourquoi est-ce qu’on s’étonne encore du lien cerveau-intestin ?

C’est bien sûr un espoir fantastique.

Mais vous qui avez déjà lu ma lettre, vous savez qu’il n’est pas très surprenant, n’est-ce pas ?

Les scientifiques et médecins savent depuis un moment qu’intestin et cerveau communiquent sur le plan nerveux, vasculaire et immunitaire.  Il y a comme une autoroute entre ces deux sphères. Les soucis de l’un peuvent rapidement devenir un problème pour l’autre, et vice versa.

Surtout si les barrières protectrices chargées d’isoler la sphère cérébrale de la sphère digestive s’altèrent.

Or on sait que :

- La richesse de notre microbiote (en quantité et variété de bactéries) décline avec l’âge ;

- La barrière intestinale devient perméable en cas de dégradation du microbiote, laissant alors passer dans le sang des éléments indésirables, de trop gros volume, « inconnus » du système immunitaire qui s’enflamme ;

- La barrière hématoencéphalique est altérée dans la maladie d’Alzheimer  c’est-à-dire que l’enveloppe physiologique du cerveau ne reste pas totalement imperméable et des éléments indésirables peuvent venir altérer le système nerveux... ;

Ainsi ces deux organes, cerveau et intestin, s’influencent mutuellement.

Encore davantage avec l’âge, lorsque la flore perd en richesse.

C’est un mariage pour le meilleur et pour le pire.

Certaines études prouvent ainsi que

- La dépression pourrait être une conséquence d’un dérèglement dans l’équilibre bactérien du microbiote intestinal  ;

- Selon certaines études menées sur des souris, des antidépresseurs perdent en efficacité en cas d’altération du microbiote, ils seraient moins aptes à cibler le problème4

- D’après les analyses du microbiote de 72 patients atteints de la maladie de Parkinson, on constate une modification de la composition de leur flore intestinale. Les chercheurs expliquent que certaines bactéries, quand elles sont présentes en abondance, déclencheraient les symptômes caractéristiques du malade parkinsonien : l’instabilité posturale et à la difficulté de se déplacer.

- D’autres études constatent aussi des changements de flore intestinale en cas de sclérose en plaque ou d’autisme.

Alzheimer ne manque pas à l’appel

En 2018, des études présentées à la conférence de l’Association Internationale sur Alzheimer, ont montré que certaines bactéries intestinales pourraient « promouvoir la formation de plaques de protéines dans le cerveau ».

Or, la maladie d'Alzheimer se caractérise par l'accumulation de protéines amyloïdes et tau dans le cerveau. Ainsi, certaines bactéries seraient à l’origine du symptôme CLE à repérer pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer.

Lors de ce même séminaire, d’autres chercheurs ont enfin montré qu’un changement alimentaire entraînant un rééquilibrage ou un renouveau dans la flore bactérienne pouvait réduire les plaques amyloïdes, diminuer l'inflammation et améliorer la mémoire !

On peut émettre l’hypothèse que c’est bien ce qui s’est passé pour ce patient de 82 ans. Et que ce traitement sensationnel mérite des recherches plus poussées pour en comprendre tout le potentiel. Belle histoire, n’est-ce pas ?

(Source : The Journal of International Medical Research).

 


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