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USA : Le Premier ministre de la Barbade appelle à un nouveau paradigme financier mondial qui soit équitable pour tous

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LIBREVILLE, 20 octobre (Infosplusgabon) - L'architecture financière mondiale doit être entièrement reconfigurée pour refléter  la participation et les besoins des pays du Sud, dont beaucoup étaient sous le joug du colonialisme à l'époque où l'ordre actuel a été façonné, a déclaré  Mia Amor Mottley, Premier ministre de la Barbade, lors de la sixième conférence annuelle Babacar Ndiaye, organisée en marge des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI à Washington DC, aux États-Unis.

 

 

La conférence  "Le monde en développement dans une architecture financière mondiale turbulente" est organisée par la Banque africaine d'import-export (Afreximbank). Dans son allocution de bienvenue, le professeur Benedict Oramah, président d'Afreximbank, a salué l'héritage durable et la vision du Dr Ndiaye et a appelé à "redoubler d'efforts pour reconnecter l'Afrique et les Caraïbes par le biais du commerce et de l'investissement dans la poursuite de l'objectif commun d'émancipation économique".

Le Président Oramah a fait l'éloge du Premier ministre Mottley pour son leadership mondial dans la poursuite de l'équité et de l'égalité. Il a évoqué leur conviction commune que "les nations d'Afrique et des Caraïbes peuvent transformer les iniquités de l'histoire en plates-formes de prospérité économique, aujourd'hui et à l'avenir. La réalisation de cette vision ne peut commencer que par la reconnexion du peuple caribéen à ses liens généalogiques en Afrique par le biais du commerce et de l'investissement".

La conférence s’est tenue à un moment où les tensions géopolitiques s'intensifient, exacerbant les risques de fragmentation mondiale. Parallèlement, le cycle - d’importance systémique -  de hausse agressive des taux d'intérêt par les banques centrales en réponse à l'inflation galopante a aggravé les problèmes de gestion macroéconomique. Ce qui a augmenté considérablement les coûts du service de la dette et fait planer le spectre d'une crise de la dette dans les pays du Sud.

Le Premier ministre Mottley a déclaré que le système actuel fonctionne au détriment des nations des Caraïbes et de l'Afrique, dont les circonstances uniques ne sont pas prises en compte dans les décisions des grandes institutions financières, alors qu’elles sont durement affectées par ces décisions. Rappelant la genèse des institutions de Bretton Woods, elle a déclaré qu'elles avaient été conçues à une époque où "nous n'étions pas vus, nous n'étions pas entendus et nous n'étions pas ressentis". Ces structures doivent être réorientées par souci d'équité et pour refléter le rôle croissant que jouent les pays du Sud dans l'économie mondiale.

Elle a déclaré que les institutions mondiales doivent se rappeler leurs mandats fondateurs et chercher à remplir leur objectif initial d'une manière qui profite à tous les pays, mais surtout aux pays à revenu faible et intermédiaire, qui sont actuellement confrontés à de graves difficultés. Le Premier ministre Mottley a présenté une série de recommandations visant à réformer l’actuel système financier international  afin de mieux refléter les défis de notre époque tout en créant les conditions d'un processus de mondialisation au service de tous. Elle a formulé les  recommandations  pertinentes  suivantes :

Réformer le Conseil de sécurité des Nations unies, en particulier son groupe de membres permanents, qui ne représente absolument pas les 1,5 milliard de personnes d'origine africaine ;

Démocratiser le système de gouvernance mondiale, notamment le G7 et le G20, en élargissant la représentation pour inclure l'Union africaine en tant que membre à part entière ;

Réaffecter les droits de tirage spéciaux (DTS) inutilisés émis par le FMI afin d'atténuer les contraintes de liquidité dans les pays du Sud ;

Développer de nouvelles facilités pour l'alimentation, l'agriculture, l'énergie propre et l'adaptation au changement climatique en réponse aux nouveaux défis mondiaux ;

Le plafonnement du service de la dette à un certain pourcentage des exportations, par exemple à environ 5 % des exportations totales, comme cela a été fait en Allemagne pour aider à financer la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale. Les paiements du service de la dette ont atteint respectivement 24% et 20% des exportations en Afrique et dans les Caraïbes;

Réformer les agences mondiales de notation du crédit pour corriger leurs biais intrinsèques qui, au fil des ans, ont conduit les investisseurs mondiaux à surévaluer les risques dans les pays du Sud, avec des conséquences importantes pour l'accès au financement du développement, la viabilité de la dette et la croissance économique. Pour ne prendre qu'un exemple, le rendement des euro-obligations du Ghana dépasse actuellement 25 %, tandis que la Grèce paie moins de 2 % pour les nouvelles émissions ;

Suspendre les surcharges temporaires du FMI, qui alourdissent encore le fardeau de la dette à un moment où la hausse des taux d'intérêt exacerbe l'incidence budgétaire de la dette souveraine ; (...).

En outre, le Premier ministre a souligné les avantages liés à l'émergence de la numérisation et des nouvelles technologies, notamment en termes de développement économique et de prospérité partagée entre l'Afrique et sa diaspora. À cet égard, elle a encouragé les dirigeants d'Afrique et des Caraïbes à préparer les jeunes Africains aux défis croissants du développement en investissant dans l'intelligence artificielle, les technologies de l'information, la cybersécurité et la numérisation. "Nous devons cesser de regarder vers le Nord, car nous avons les capacities chez nous", a-t-elle déclaré.

"La technologie est devenue le principal moteur de la croissance et de l'intégration effective dans l'économie mondiale. Investir dans notre jeunesse est non seulement une voie vers le renforcement de l'appropriation de notre processus de développement, mais aussi un moyen de récolter les bénéfices de la mondialisation ", a déclaré le Dr Hippolyte Fofack, économiste en chef d'Afreximbank, dans son discours de clôture. Le Dr Fofack a remercié et loué le Premier ministre pour son leadership sur le sujet de la réforme du système financier international, qui a trop longtemps sapé le processus de convergence mondiale des revenus et entretenu la dichotomie colonialiste entre pays développés et pays en développement en limitant l'accès aux capitaux dans le Sud.

 

FIN/INFOSPLUSGABON/ILC/GABON2022

 

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