Bannière

[ Inscrivez-vous ]

Newsletter, Alertes

Ouganda et Tanzanie : Total accélère le développement de son projet destructeur

Imprimer PDF

Afrique-Energie-Pétrole/Total

LIBREVILLE, 2  février (Infosplusgabon) - Mardi, à Kampala en Ouganda, Total et ses partenaires ont annoncé leur "décision finale d'investissement" (FID) pour les projets Tilenga et EACOP. Ces projets sont extrêmement controversés en raison des violations des droits humains - liées à l'expropriation de plus de 100 000 personnes - qu'ils causent déjà, et des risques inacceptables pour l'environnement et le climat qu'ils présentent, rapporte  l'Association Survie.

 

Alors que 11 banques internationales ont déjà refusé de financer ces projets pour ces raisons, l’annonce du FID ne signifie en aucun cas que le financement est assuré.

 

Cette "décision finale d'investissement" (FID) - qui représente un montant global d’investissement d’environ 10 milliards de dollars US -  illustre la volonté des instances dirigeantes de Total et de ses partenaires de poursuivre activement le développement de ce projet et de commencer la construction des puits pétroliers et de l'oléoduc. Mais cela ne veut pas pour autant dire que les entreprises ont déjà réussi à trouver tous les financements nécessaires. En effet, grâce à notre mobilisation en France et à l’international avec les autres membres de la coalition Stop EACOP, 11 banques, dont trois grandes banques françaises, ont d’ores et déjà refusé de financer le projet, en raison des impacts négatifs qu’il a déjà ou aura sur les populations locales, l’environnement et le climat.

Pour Juliette Renaud, Responsable de campagne sur la Régulation des multinationales aux Amis de la Terre France, « Total et ses partenaires continuent leur greenwashing, annonçant fièrement la décision finale d'investissement pour Tilenga et EACOP comme si tout allait bien avec ces projets. Mais ignorer les violations croissantes des droits humains et les immenses risques environnementaux et climatiques ne les fera pas disparaître. Plusieurs banques l'ont bien compris et ont donc refusé de participer au financement. Alors que la mobilisation de la société civile dénonçant ces impacts dévastateurs s'amplifie chaque jour en Afrique de l'Est et en France, Total sera contraint de répondre de ses actions devant les juges français dans les prochains mois. »

Ainsi, cette décision de Total d'aller de l'avant avec ce projet, tout comme celle de relancer son méga-projet gazier au Mozambique, montre bien que son retrait récent de Birmanie ne signifie pas que la multinationale se soucie sincèrement des droits humains. En effet, alors que Total continue de clamer agir en conformité avec les standards internationaux et avoir amélioré ses pratiques en Ouganda, les violations que nous avions identifiées en 2019 et 2020 dans nos enquêtes de terrain continuent de plus belle et se multiplient sans que la multinationale ne prenne de mesures pour les faire cesser. A l’heure actuelle, des dizaines de milliers de personnes restent encore dans l’attente d’une compensation sans pouvoir utiliser leurs terres librement, tandis que les actes d’intimidation de celles et ceux qui osent critiquer le projet ou simplement faire valoir leurs droits se multiplient.

 

Pour Pauline Tétillon, co-présidente de Survie, « Avec cette décision, Total confirme son souhait de s'associer avec un des plus vieux dictateurs militaires du continent africain, Yoweri Museveni. Ce dernier a aujourd'hui encore expliqué souhaiter "expulser [de la zone pétrolière] les ONG" qui cherchent à dénoncer les violations des droits humains et les atteintes à l'environnement. Celles-ci font déjà l'objet de pressions croissantes. Ce projet pétrolier destructeur est d'ailleurs attaqué devant plusieurs cours de justice, en Ouganda, en France et au niveau de la Cour de justice de l'Afrique de l'Est ».

 

Enfin, à l’heure où le GIEC et l’Agence internationale de l’énergie considèrent que plus aucun nouveau projet d’énergies fossiles ne devrait voir le jour, Total justifie ce projet par son faible coût - qui résulte en réalité des taux de compensations largement insuffisants pour les populations affectées et du choix de méthodes et technologies moins coûteuses mais plus impactantes pour l’environnement- et ses émissions de gaz à effet de serre « faibles » - ne prenant pas en compte les émissions indirectes (ou scope 3) de 34 millions de tonnes de Co2 par an lors de la phase de production.

 

Total devra néanmoins faire face à ses responsabilités devant la justice française dans les prochains mois puisque, suite à la victoire des Amis de la Terre France, Survie et de leurs partenaires ougandais devant la Cour de Cassation au sujet du tribunal compétent, l’affaire sera enfin jugée sur le fond devant un tribunal judiciaire dans les prochains mois. (Source :  Association Survie).


FIN/INFOSPLUSGABON/AEP/GABON2022

 

© Copyright  Infosplusgabon

Newsflash