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La multiplicité des processus politiques compléments ou concurrents du Forum du dialogue libyen?

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Tripoli, Libye, 30 novembre (Infosplusgabon) - Au moment où le Forum du dialogue politique libyen parrainé par les Nations unies  bute sur la question des critères de sélection des responsables de la nouvelle autorité exécutive chargée de gérer la phase de transition, la multiplicité des pistes politiques suscite des interrogations quant à leur rôle par rapport au Forum, s'il s'agit de compléter ce processus ou de le concurrencer au risque de lui faire ombrage et de conduire à son échec.

 

Ainsi, plus de 100 parlementaires libyens réunis à Tanger au Maroc, viennent de parachever des rencontres qui ont décidé au terme de leur processus de se réunir sur le sol libyen à Ghadamès, sud-ouest, pour formaliser les points sur lesquels ils ont convenu et d'unifier cette institution législative scindée en deux avec des députés siégeant à Tobrouk (est) et d'autres à Tunis.

 

Auparavant des membres de la Chambre des représentants (Parlement) et du Haut Conseil d'Etat s'étaient rencontrés à Bouznika au royaume marocain où ils ont convenu des cirières de nominations aux postes de souveraineté dans le cadre de l'Accord politique libyen.

 

Ces craintes à l'égard des processus parallèles, surviennent, effet, au terme de la deuxième réunion virtuelle du second cycle du Forum du dialogue politique libyen sous les auspices de la Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général de l'ONU et Cheffe de la Mission d'Appui des Nations unies en Libye (MANUL), Stephanie Williams, durant laquelle aucun progrès significatif n'a été annoncé .

 

Pourtant le principal et unique sujet à l'ordre du jour de ces deux réunions est l'établissement de critères de choix de l'autorité exécutive incarnée par le Conseil présidentiel composé d'un président et de deux vice-présidents et d'un Premier ministre détaché supervisant un gouvernement d'unité nationale.

 

Cette question a suscité des frictions entre les participants lors de leurs rencontres en direct du 9 au 15 novembre courant à Tunis, faisant éclater au grand jour les divergences lorsqu'il s'agit de choisir des noms pour occuper des postes de direction, bien que les sessions ont permis des avancées considérables avec l'adoption d'une feuille de route , la détermination  d'une phase de transition et la fixation de la date du 24 décembre 2021 pour l'organisation d'élections générales.

 

On a même recouru à de voies et méthodes détournées et répréhensibles comme la corruption en soudoyant avec de l'argent pour imposer des personnalités déterminées alors que l'intérêt du pays devrait être le seul critère à prendre en compte pour confier la responsabilité de la gestion des affaires de la Libye.

 

Evaluant les réalisation des rencontres du Forum du dialogue politique libyen à Tunis, la cheffe de la MANUL, Stephanie Williams a souligné que le plus important a été fait à travers la mise en place du socle d'un règlement de la crise avec un calendrier bein déterminé.

 

La Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général des Nations Unies en Libye Stephanie Williams a souligné, à ce sujet que "le Forum de dialogue politique libyen à Tunis a réussi à surmonter 70% des difficultés d'une solution". "Nous nous sommes mis d'accord sur une feuille de route qui se termine par la tenue d'élections le 24 décembre 2021, et c'est une grande réussite et un important jalon franchit", a-t-elle ajouté.

 

La responsable onusienne a exprimé dans une déclaration à la presse son "optimisme qu'un mécanisme sera trouvé pour finalement choisir l'autorité exécutive", notant qu'"un nouveau cycle de négociations aura lieu lorsque nous parviendrons à un consensus sur le mécanisme électoral".

 

Abdellatif Mohamed Omar, un activiste politique libyen a souligné que "le processus politique mené par les Nations unies dans le cadre du Forum du dialogue politique a prouvé son efficacité jusqu'à présent malgré les critiques et les grief qu'on peur lui adresser notamment en ce qui concerne les aspects organisationnels et formels", ajoutant que "ce processus onusien a  concrétisé de grands progrès en faisant franchir un important chemin sur la voie du règlement de la crise".

 

Pour lui "ce qui reste à réaliser en particulier le choix d'une nouvelle autorité ne constitue pas d'obstacle majeur  à la mise en œuvre de la feuille de route de la phase préliminaire étant donné que l'essentiel est d'avoir déterminé la durée de la transition et la date des élections présidentielles et parlementaires pou le 24 décembre 2021".

 

M. Omar a souligné qu'"il existe une autorité en place, à savoir, le Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale, qui est capable de mener le pays au terme des échéances électorales si les participants au Forum politique ne parviennent  pas à réaliser des progrès pour la nomination d'une nouvelle autorité".

 

Il a estimé que "les rencontres des membres de la Chambre des représentants et ceux du Haut Conseil d'Etat qu'on appelle processus de Bouznika et Tanger au Maroc ne font que faire ombrage au processus du Forum du dialogue politique libyen", ajoutant "craindre que les desseins réels de ces rencontres ne soient pas l'unification de l'institution législative mais de saper le rôle des participants au Forum".

 

Khaled Abderrahmane al-Sayeh, professeur universitaire libyen partage cet avis concernant ce processus parallèle, précisant qu'aussi bien les membres de la Chambre des représentants que ceux du Haut Conseil d'Etat sont représentés parmi les participants au Forum du dialogue et de ce fait leurs voix sont entendues au sein du processus parrainé par les Nations unies", se demandant "quel est l'objectif de ces rencontres qui sont de nature à éclipser les efforts des délégués du Forum du dialogue politique et de se substituer à lui alors que l'unification de cette instance et les questions qui sont discutées peuvent attendre la mise en place de la nouvelle autorité et le début de la phase préliminaire".

 

Selon lui, "les membres de la Chambre des représentants qui ont tout au long de ces années d'affrontements et de chaos sécuritaire joué sur la fibre de la divisions entre les Libyens veulent en réalité se refaire une force et une nouvelle virginité craignant d'être supplantés par les 75 délégués participants au Forum dont les attributions pourraient aller jusqu'à permettre d'entériner le choix des membres du Conseil présidentiel, du Premier ministre ainsi que les membres du gouvernement en cas de blocage au niveau de l'instance législative comme ce fut le cas ces dernières années".

 

A mentionner aussi les appréhensions de quatre pays européens, la France, l'Italie, l'Allemagne et  le Royaume Uni qui ont mis en garde contre les processus parallèles en raison des risques de disperser les efforts et de faire diversion par rapport à la médiation des Nations unies, lors d'un communiqué conjoint saluant les progrès réalisés par le Forum du dialogue politique libyen à Tunis.

 

Tout en exprimant leur soutien à l'action de la Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général de l'ONU, Stephanie Williams, ces quatre pays européens ont exhorté les parties libyennes à s'engager à respecter les conclusions et mesures adoptées par le Forum du dialogue politique en particulier le calendrier des élections et le cessez-le-feu.

 

Mme Williams, a pour sa part, rendu hommage au parlementaires libyens réunis au Maroc tout en formulant l'espoir que leurs rencontres contribuer à faire avancer le processus politique en Libye pour mener à l'organisation des élections générales à la date prévue en trouvant un consensus sur une base constitutionnelle.

 

Intervenant à la séance d'ouverture des rencontres des parlementaires libyens du 23 au 28 novembre à Tanger, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita a souligné que ces réunions contribueront à faire avancer le processus politique libyen en réussissant "à briser la glace" entre ses membres.

 

Il salué l'esprit de compréhension et de responsabilité dont ont fait preuve les députés libyens pour être à la hauteur de la conjoncture que traverse leur pays et accompagner la phase décisive avec l'entrée de la transition politique décidé par le Forum politique libyen.

 

Le Haut Conseil d'État s'est félicité, de son côté, de la réunion consultative tenue par les membres de la Chambre des représentants à Tanger, au Maroc, et de l'accord sur la tenue d'une session plénière dans la ville de Ghadamès.

 

Dans un communiqué publié samedi, le Haut Conseil a estimé que "la convocation dune réunion de la Chambre des représentants était la première étape vers la fin de la division et l'unification des institutions", appelant "à une accélération de l'activation du rôle de la Chambre des représentant pour être en mesure de remplir ses obligations constitutionnelles et de travailler avec le Conseil pour activer les résultats du dialogue politique, faire face aux crises et parvenir à la stabilité dans le pays".

 

Quelque soit les résultats auxquels parviendront les rencontres des parlementaires libyens, il doivent toujours être un complément au Forum du dialogue politique et doivent tendre à épauler l'action menée par les Nations unies, ont estimé les analystes qui mettent en garde contre la dispersion des efforts pour régler la crise.

 

Ces mêmes analystes rappellent que la situation de division et du chaos sécuritaire fait le jeu de certaines parties qui y  trouvent leur compte, mettant en garde contre le statu quo comme, une opportunité de maintenir les ingérences étrangères qui y  trouveront une brèche pour s'infiltrer et continuer à servir leurs intérêts au détriment de ceux des Libyens.

 

FIN/ INFOSPLUSGABON/AGF/GABON2020

 

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