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Après la fixation de la date des élections générales le Forum du dialogue politique se penche sur la formation de l'exécutif en Libye

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Tripoli, Libye, 16 novembre (Infosplusgabon) - Le Forum du dialogue politique inter-libyen entre dans sa dernière droite ligne avec l'entrée dans la phase de la sélection des personnalités devant occuper les postes de direction de la nouvelle autorité exécutive, une étape cruciale et très sensible en raison des divergences qui pourraient surgir à propos des noms proposés pour assurer la gestion de cette nouvelle transition.

Vendredi les participants au Forum de dialogue politique libyen sont convenus que la date des élections générales en Libye sera fixée le 24 décembre 2021 qui est une date symbolique, représentant le jour de l'indépendance de la Libye obtenue en 1951.

 

Au delà de sa symbolique, il s'agit d'un jour très important car il donnera l'opportunité aux Libyens de marquer d'une pierre l'histoire de leur pays, en élisant démocratiquement, une nouvelle fois leurs dirigeants et renouveler la légitimité de leurs institutions, après ces dernières années de crise politico-militaire ayant plongé la Libye dans le chaos, l'amenant au bord de la guerre civile et de la partition.

 

Cette situation s'est aggravée à l'intensification des ingérences des pays étrangers, convoitant les richesses du pays, compliquant davantage le conflit libyen en lui donnant des dimensions internationales rendant inextricable toute recherche d'une solution qui est aussitôt dynamitée par les manœuvres en coulisses sapant le travail de médiations en particulier ceux des Nations unies.

 

Ainsi, le membre du Conseil présidentiel, Mohamed Ammari, a salué la fixation de la date des élections, soulignant que le 24 décembre de l'année prochaine sera une célébration de l'indépendance, accompagnée de l'organisation des élections.

 

Dans une publication sur sa page Facebook, il a souligné que cette date sera spéciale, "car nous célébrerons le jour de l'Indépendance et l'associerons à la participation aux élections pour sortir le pays du conflit sur la légitimité".

 

Le membre du Conseil présidentiel a ajouté qu’il avait toujours souligné dans son initiative que "la tenue d’élections est le meilleur moyen de commencer à résoudre le problème en Libye", signalant que "l’accord sur une date précise pour les élections constituera un nouvel espoir pour la patrie et le salut du citoyen à l'égard de ce qu’il a souffert".

 

De son côté, le président du Haut Conseil d'État, Khaled al-Machri, s'est félicité de la détermination de la date de la tenue d'élections à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance, qui tombe le 24 décembre 2021.

 

Pourtant l'organisation de ces élections bien que très importante et constituent la voie royale pour donner la parole au peuple libyen de s'exprimer, suscitent elle aussi des réserves de la part de certains qui exigent des préalables.

 

Ainsi, M. al-Machri a ajouté, toutefois, dans son tweet: "Nous voyons que le référendum sur le projet de constitution doit être précédé par le référendum sur le projet de Constitution et nous suggérons qu'il ait lieu le 17 février", ajoutant qu'"ils tiennent à ce que la Libye, après toutes ces crises et souffrances, passe enfin au stade de stabilité souhaité sur des bases solides et solides"

 

Il est rejoint par le rapporteur de l'Autorité constituante de rédaction du projet de la constitution, Ramadan al-Touwaijer, qui a estimé que "fixer une date pour les élections générales sans accepter d'adopter une Constitution pour le pays et un référendum sur celle-ci et de poser une base constitutionnelle clairement définie, n'est rien d'autre que jeter de la poussière aux yeux et une répétition du scénario de l'Accord de Skhirat".

 

M. al-Touwaijer a déclaré que "si le Forum pour le dialogue politique ne s'accordait pas sur le processus et la base constitutionnelle sur laquelle les élections seront organisées avant d'adopter la nouvelle composition du Conseil présidentiel et du gouvernement, il ne pourra pas plus du tout le faire car les intérêts changeront et les divergences entre les membres du dialogue politique seront nombreuses et sera paralysé comme c'est le cas à la Chambre des représentants (Parlement)".

 

Il indiqué que la Mission d'Appui des Nations unies en Libye et les centres de pouvoir internationaux ont pour  seule préoccupation la formation d'un nouveau Conseil présidentiel et d'un nouveau gouvernement d'une manière qui préserve l'équilibre entre les pays en conflit sur la Libye.

 

La Mission d'Appui des Nations unies a souligné qu'au regard de l'importance des élections, elle "travaille pour obtenir la pleine émancipation, y compris la possibilité pour ceux qui ont été déplacés de chez eux, de pouvoir voter et d’assurer les conditions de sécurité nécessaires; et aussi la pleine habilitation de la Haute Commission électorale nationale, qui est l'organe national chargé de la conduite des élections".

 

Auparavant,  les 75 participants au Forum du dialogue politique sont parvenus à un accord préliminaire sur une feuille de route pour la phase préparatoire à ces élections nationales qui reflète la volonté du peuple libyen et offre une voie claire pour sortir de la crise actuelle et pour des élections crédibles, inclusives et démocratiques.

 

Ainsi l'organisation des élections nécessite un nouvel exécutif pour unifier les institutions du pays d'où  l'établissement d'un nouveau Conseil présidentiel restructuré avec un gouvernement d'unité nationale unifié, conformément aux conclusions de la Conférence de Berlin entérinées par la résolution 2510/2020) du Conseil de sécurité des Nations unies.

 

Les participants au Forum du dialogue politique se sont penchés sur la définition des compétences d'un Conseil présidentiel réformé et du gouvernement d'unité nationale, qui sera dirigé par un Premier ministre distinct, séparant ainsi le Conseil présidentiel du Premier ministre.

 

Le Conseil présidentiel dont le mandat s'étalera sur 18 mois, aura pour privilège d'assumer la mission de commandant suprême des armées, de recevoir l'accréditation des représentants et organisations internationales en Libye et la nomination et le limogeage des ambassadeurs et représentants de la Libye dans les organisations à l'étranger sur proposition du ministre des Affaires étrangères.

 

Il aura la compétence de déclarer la guerre et la paix après consultation du Conseil de défense et de la Sécurité nationale, de nommer lors des consultations sur la formation du gouvernement, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense sur proposition du Premier ministre et de nommer les grands commis de l'Etat.

 

Le Conseil présidentiel aura parmi ses compétences de supervision de la réconciliation nationale ,de promulguer des décret relevant de ses privilèges et de compétences qui lui seront attribués ultérieurement par le Forum du dialogue politique libyen.

 

Les participants au dialogue ont également défini les critères d'éligibilité et le mécanisme de sélection pour ces nouveaux postes de direction.

 

Ainsi les candidats au processus de sélection doivent s'astreindre aux principes d'inclusivité, de transparence, efficacité, pluralisme, collégialité et patriotisme.

 

Toutefois, la polémique et débats contradictoires ont commencé à surgir à l'approche de la proposition de noms pour les membres du Conseil présidentiel et le Premier ministre.

 

Muhammed Ahmed Jibreel, écrivain libyen, blogueur, activiste politique et chercheur sur les enjeux internationaux et régionaux a écrit dans un tweet que "le nouveau Conseil présidence issu du Dialogue de Tunis est le même que le Conseil présidentiel issu de l'Accord de Skhirat. Cela signifie des personnalités avec des quotas et une régionalisation, et ce ne sont pas des compétences. Il n'y aura aucune restriction à la période préliminaire et aucun respect des termes de l'accord".

 

Ces réserves sont partagées avec quelques nuances près par Mohsen Derregia, ancien président de l'Autorité libyenne d'investissement (LIA) qui a écrit dans une série de tweets que "malgré tous les efforts internationaux, le dialogue politique libyen entrait toujours au point mort lorsqu'il s'agissait de nommer les chefs d'État et de gouvernement. La chose sensée est de s'éloigner des parties au conflit et de laisser les autres Libyens se stabiliser et préparer le pays aux élections".

 

Selon lui, "raccourcir la phase préparatoire avant que la Libye puisse organiser des élections à un an, comme le stipule l'accord politique proposé, signifiera que la stabilité requise et le progrès économique ne seront pas réalisé à temps", soulignant que "davantage de transgression des règles n'aidera pas la Libye".

 

Il a conclu que "le dialogue politique libyen a atteint ses limites habituels. Essayer d'écrire un accord pour servir les intérêts d'un groupe particulier entraînera des contre-propositions et des discussions et des désaccords sans fin. L'intérêt national n'a pas triomphé de l'intérêt du groupe".

 

Mais pour la Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général de l'ONU, Stephanie Wiliams "ce qui a émergé au cours des 4 derniers 5 mois en plus des manifestations qui ont eu lieu en août et septembre, ont vraiment montré à quel point les Libyens moyens veulent que les choses changent; qu'ils en ont assez, qu'ils en ont assez de la corruption et de la mauvaise gouvernance rampantes et qu'ils veulent unifier le pays, ils veulent voir leurs institutions unifiées et ils ont vraiment besoin de voir des progrès auxquels ils aspirent".

 

La responsable onusienne a, tout de même réitéré sa mise en garde contre le fait qu'"une grande partie du statu quo en Libye, à l'Est et à l'Ouest, est le fait de factions et des individus qui cherchent vraiment à bloquer les progrès ou à saper le processus et qui ne sont vraiment intéressés qu'à retenir leurs privilèges actuels aux dépens du peuple libyen", ajoutant que "l'élan est contre eux et leur désir de promouvoir leurs intérêts personnels étroits au détriment du bien public, ce n'est vraiment pas quelque chose qui va être toléré ou compris".

 

L'ambassadeur d'Allemagne en Libye, Olivier Owcza dont le pays a offert deux millions d'euros à la MANUL pour soutenir le Forum, a écrit "comme le Forum de dialogue politique en Libye approche de la ligne d'arrivée, nous encourageons toutes les parties prenantes à redoubler d'efforts pour convenir d'une nouvelle structure exécutive intérimaire. Cela enverrait un signal fort d'unité et d'appropriation libyenne de l'avenir politique du pays".

 

FIN/INFOSPLUSGABON/BMK/GABON2020

 

 

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