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Le Gabon fait partie des dix pays africains qui enregistrent les pires performances dans l’indice mondial de l’esclavage
23 Octobre 2013
Afrique-Droits de l'Homme-Esclavagisme des temps modernes
LIBREVILLE, 23 octobre (Infosplusgabon) - Le rapport de l’indice mondial de l’esclavage qui peut être consulté à l’adresse www.globalslaveryindex.org montre que la Mauritanie a le plus fort taux de prévalence de l’esclavage moderne dans le monde selon le premier Indice mondial de l’esclavage. Quatorze autres pays africains enregistrent également les plus mauvais résultats dont le Gabon.
Cet indice, qui sera publié annuellement, est le premier de la sorte et permet de mesurer l’échelle et les risques de l’esclavage moderne par pays de la manière la plus précise et la plus complète à ce jour.
La Mauritanie se classe en tête de l’indice, avec la plus grande proportion de la population au monde réduite en esclavage. Ce pays d’Afrique de l’Ouest, qui est caractérisé par un système d’esclavage héréditaire profondément ancré, compterait 150 000 esclaves pour seulement 3,8 millions d’habitants. La Mauritanie est suivie par le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Gambie et le Gabon parmi les dix premiers de l’Indice.
La recherche, qui offre aussi des recommandations à l’intention des décideurs politiques d’Afrique et du monde entier, met en avant les faits suivants:
· L’extrême pauvreté, les conflits et les pratiques traditionnelles telles que le mariage des mineurs et l’esclavage héréditaire contribuent aux taux élevés d’esclavage dans de nombreux pays africains.
· Un nombre important des personnes déplacées venant de pays voisins, tels que la Somalie, le Soudan et l’Éthiopie, se sont réfugiées au Kenya. Ces immigrants, souvent sans papiers, peuvent être contraints de vivre dans des conditions s’apparentant à l’esclavage. Les Kenyans sont aussi exploités à l’étranger.
· Parmi les pays les mieux classés, Maurice se classe 143e sur les 162 pays de l’indice et se trouve en tête de file dans la région en termes de stabilité et de protection des droits de l’homme et des travailleurs. L’Afrique du Sud, en 115e place, a suscité les éloges des auteurs du rapport en raison de ses politiques favorisant la lutte contre l’esclavage.
L’indice estime que plus de 29 millions de personnes dans le monde vivent dans des conditions d’esclavage moderne. Haïti, une nation des Caraïbes où l’esclavage des enfants est également répandu, se classe à la deuxième place de l’indice, le Pakistan décrochant la troisième position. Le rapport estime que près des trois quarts des esclaves du monde se trouvent en Asie, dont 14,7 millions en Inde seulement, et 2,9 millions en Chine.
« Il serait bien sûr rassurant de se convaincre que l’esclavage est une relique du passé, mais il continue à gangréner les sociétés sur chaque continent. C’est la première année de publication de cet indice de l’esclavage, mais il peut déjà influencer nos initiatives nationales et internationales en vue de l’éradication de l’esclavage moderne en Afrique et dans le monde entier. Nous savons maintenant que plus des trois quarts des victimes de l’esclavage moderne se situent dans seulement dix pays. L’essentiel de nos efforts pour éradiquer l’esclavage doivent se concentrer sur ces nations »,explique Nick Grono, Directeur général de Walk Free Foundation.
« La plupart des gouvernements ne s’intéressent pas en profondeur à l’esclavage pour de nombreuses mauvaises raisons. Il existe des exceptions, mais de nombreux gouvernements ne veulent pas entendre parler des personnes qui n’ont pas le droit de vote, qui sont cachées, et qui sont probablement en situation irrégulière. Il existe des lois, mais il manque les outils et les ressources et la volonté politique correspondante. Comme les esclaves cachés ne peuvent pas facilement être comptés, il est facile de faire comme s’ils n’existaient pas. C’est ce que l’indice entend changer », précise le Professeur Kevin Bales, le principal chercheur auteur de l’étude.
En 2013, l’esclavage moderne se présente sous de nombreuses formes, et est connu sous de nombreux noms. Qu’il s’agisse de trafic humain, de travail forcé, de pratiques d’esclavage ou apparentées à l’esclavage (une catégorie qui comprend la servitude pour dette, le mariage forcé ou avec asservissement, la vente ou l’exploitation d’enfants lors de conflits armés), les victimes de l’esclavage moderne sont privées de leur liberté, et utilisées, contrôlées et exploitées par une autre personne à des fins de profit, sexuelles, ou pour le plaisir de la domination.
Les estimations en matière de prévalence de l’esclavage moderne sont une mesure combinée de trois facteurs : la prévalence estimative de l’esclavage moderne en fonction de la population, une mesure du mariage des enfants et des données relatives au trafic humain en provenance et à destination d’un pays. L’association de ces mesures permet d’obtenir l’image la plus détaillée possible du nombre des personnes en esclavage.
L’indice identifie également des facteurs qui mettent en lumière le risque d’esclavage moderne dans chaque pays et s’intéresse à la réponse du gouvernement face à cette question dans les 20 pays au sommet et en bas du classement de l’indice. L’indice prend en compte la priorité accordée à l’éradication de l’esclavage moderne, les méthodes utilisées à cet effet, et les moyens d’amélioration envisageables pour chaque pays.
L’indice mondial de l’esclavage a été conçu en consultation avec un groupe international d’experts issus d’organisations internationales, de groupes de réflexion et d’institutions universitaires. Il a été adopté par des personnalités telles que l’ancienne Secrétaire d’État Hillary Clinton, d’anciens Premiers Ministres tels que Tony Blair, Gordon Brown et Julia Gillard, ainsi que de grands philanthropes tels que Bill Gates, Sir Richard Branson et Mo Ibrahim, des académiciens, des leaders d’entreprise, et des décisionnaires politiques.
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