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Afrique : Le Niger et le Tchad vont servir de centre de traitement en amont des demandes des migrants
31 Août 2017
LIBREVILLE, 31 août (Infosplusgabon) - A l'issue du mini-sommet sur la migration, tenu récemment à Paris, en France, le Niger et le Tchad, pays de transit des flux migratoires vers la Libye et l’Europe, vont désormais servir de centre de traitement en amont des demandes des migrants, demandeurs d'asile et des migrants économiques.
Identifier les réfugiés "dès le territoire africain", telle est la proposition que les dirigeants européens ont lancée sans beaucoup de détails, lundi dernier, à l’issue du mini-sommet sur la crise migratoire.
Ce faisant, l'Europe veut se reposer sur le Niger et le Tchad pour cette question d’immigration, tout en adoptant une feuille de route visant à renforcer leur soutien à ces pays qui serviront de "hotspots.
"Le Niger est très fortement engagé dans la lutte contre la migration irrégulière pour deux raisons: morale et sécuritaire", a déclaré le président nigérien, Issoufou Mahamadou, lors d’une conférence de presse rapportée par l’Agence nigérienne de presse (ANP) à l’issue du sommet.
"La première raison est morale parce que le dirigeant africain que je suis trouve insupportable que des milliers d’Africains viennent mourir dans le désert et en Méditerranée. Donc je me suis engagé très fortement pour cette raison-là, pour mettre fin à ce fléau", a notamment indiqué M. Issoufou, ajoutant que: "le Niger est fortement engagé pour des raisons sécuritaires parce que les passeurs qui amènent les migrants en Libye reviennent au Niger avec des armes et cela nous pose donc un problème de sécurité".
Il a expliqué que: "c’est pour cela que le Niger a conçu un Plan de lutte contre la migration clandestine sur deux aspects: sécuritaire et développement économique et social".
L’aspect sécuritaire concerne le soutien à la justice et le renforcement des capacités des Forces de défense et de sécurité du Niger (pour mieux contrôler les frontières du pays et surveiller le territoire, apporter le soutien aux migrants), tandis que le volet "développement économique et social" permettra d’offrir des activités alternatives aux passeurs pour les inciter à abandonner cette activité criminelle, à se tourner vers des secteurs comme le tourisme, l’artisanat, l’agriculture.
Le chef de l'Etat nigérien s'est réjoui du soutien de l’Union européenne pour la mise en place de ce plan et du soutien qu'il reçoit de manière bilatérale des pays dont certains étaient représentés à la réunion de Paris (Allemagne, France, l’Italie et l’Espagne).
"Nous n’avons pas malheureusement la totalité de la couverture des besoins de ce programme", a cependant regretté Mahamadou Issoufou, saluant le soutien que le mini-sommet a décidé d'apporter au Niger pour trouver la totalité du financement pour mettre en œuvre ce Programme de lutte contre la migration clandestine dans ces deux aspects sécuritaire et développement économique et social.
Dans la déclaration finale du mini-sommet, les Européens "reconnaissent qu'il est nécessaire" qu'ils "augmentent leur aide au Niger et au Tchad".
Au-delà d'un renforcement du soutien à ces deux pays, le président français, Emmanuel Macron, la Chancelière allemande, Angela Merkel, les chefs de gouvernement italien et espagnol, Paolo Gentiloni et Mariano Rajoy, ont convenu d'approfondir leur action commune en vue d'une stabilisation politique en Libye où la situation sécuritaire, toujours chaotique, complique toute coopération sur la question migratoire.
En attendant la concrétisation de toutes ces promesses, la situation des migrants sur le terrain reste préoccupante et le bilan continue de s'alourdir.
Près de 120.000 migrants et réfugiés ont atteint les rives européennes depuis le début de l'année, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et plus de 2 .400 sont morts en tentant la traversée de la Méditerranée.
Le transit dans le vaste désert nigérien s'avère tout aussi dramatique que la traversée de la Méditerranée avec des découvertes régulières de dizaines de corps de migrants abandonnés par leurs passeurs.
Au point où les autorités locales ont estimé nécessaire d'alerter, il y a quelques mois, l'opinion internationale sur le drame qui se déroule dans cette partie pas très couverte par les médias internationaux et qui fait du désert nigérien "un cimetière à ciel ouvert pour les migrants", selon le président du Conseil régional d'Agadez, Mohamed Anacko.
La ville d’Agadez, au nord du Niger, est devenue, depuis les années 1990, un carrefour migratoire pour les Subsahariens en partance vers le Maghreb et/ou l’Europe.
Située dans le septentrion nigérien, Agadez est une zone de contact entre le Niger et l’Algérie, d’une part et entre le Niger et la Libye, d’autre part.
Cette position géographique favorise le passage de milliers de candidats à la migration. Ce passage a eu pour conséquences, outre la création et la consolidation de réseaux et filières migratoires, une contribution à la croissance démographique et économique de la ville d’Agadez au cours des années 1990 et 2000.
Le séjour, le contrôle et l’exploitation des migrants entraînent l’implantation de nombreuses activités qui procurent des revenus substantiels aux acteurs qui logent les migrants et s’occupent de l’organisation de leur départ et de leur transport.
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