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France : Emmanuel Macron se donne sept jours pour dévoiler son Premier ministre
08 Mai 2017
France-Politique-Election Présidentielle
LIBREVILLE, 8 mai (Infosplusgabon) - Emmanuel Macron élu Président de la République française dimanche dispose de plusieurs options sur la table pour nommer son Premier ministre jusqu’à la fin des élections législatives.
Ce sera l’un des choix les plus importants de son quinquennat. Le Président élu par les français le 7 mai, Emmanuel Macron, se donne une semaine avant de dévoiler le nom de son futur Premier ministre. Il le fera connaître juste après la journée d’investiture, le 14 mai. La Ve République, un régime à nul autre pareil, a installé une dyarchie de l’exécutif – très critiquée et identifiée comme l’un des principaux maux institutionnels – avec deux têtes pourvues chacune d’une légitimité propre. Une compétition du pouvoir au sommet, en quelque sorte.
Si le Président élu par les Français au suffrage universel direct nomme lui-même le Premier ministre, ce dernier est dans le même temps investi de la confiance de l’Assemblée nationale, donc doté d’une assise politique propre. Le premier des deux règne en maître sur les symboles, la politique étrangère et européenne ainsi que le temps long. Le second pilote le quotidien, la majorité parfois turbulente et met en musique la politique gouvernementale. Entre ces deux champs de compétences très théoriques, la compétition, les egos et les vicissitudes de la politique imposent leurs usages.
Une dyarchie au sommet
Dès lors, chaque chef de l’État doit répondre à une question : faut-il un Premier ministre de confiance peu connu, choisi pour sa loyauté (éprouvée), un Premier ministre poids lourd de la vie politique, ou éventuellement un ancien rival indispensable et à apprivoiser ?
En 1974, Valéry Giscard d’Estaing avait choisi un rival, Jacques Chirac, qui l’avait soutenu lors de sa campagne mais qui devait le trahir plus tard, en 1976, puis le défier au scrutin de 1981. Avant de désigner un économiste proche de lui, peu susceptible de lui faire de l’ombre : Raymond Barre.
En 1981, François Mitterrand avait choisi Pierre Mauroy, un proche, puis, en 1984, Laurent Fabius, un très proche qui lui devait sa carrière. En 1988, le Président Mitterrand choisit son ancien rival Michel Rocard, qu’il limoge trois ans plus tard alors qu’il jouit toujours d’une insolente popularité. Deux autres très proches, Édith Cresson puis Pierre Bérégovoy, achèvent le mandat mitterrandien.
En 1995, Jacques Chirac choisit lui aussi un très proche : Alain Juppé, son lieutenant en chef. En 2002, il opte pour un politique de second rang incarnant la “France d’en bas”, c’est-à-dire celle des provinces : Jean-Pierre Raffarin, vite débordé par le bouillonnant Nicolas Sarkozy. Dominique de Villepin, véritable homme de l’ombre du Président, lui succède à Matignon en 2005, sans parvenir à s’imposer.
Renouveau incertain
En 2007, Nicolas Sarkozy nomme de son côté François Fillon, aussitôt relégué au rang de “collaborateur” – manière de clarifier tout de suite les choses –, lequel ne cherche pas à lui disputer son leadership. En 2012, François Hollande choisit Jean-Marc Ayrault, un proche aussitôt caractérisé par un manque d’autorité. Manuel Valls, plus indépendant et autoritaire, s’impose à la mi-quinquennat et défie le Président fin 2016, en le poussant, autant qu’il le peut, à renoncer à se représenter, et tente in fine lui-même l’aventure de la primaire. En vain.
Quel choix Emmanuel Macron fera-t-il ? Le huitième Président de la Ve République n’a pas attiré beaucoup de poids lourds autour de lui. Les rares qui l’ont rallié suffisamment tôt n’incarnent pas vraiment le renouvellement : Gérard Collomb (bientôt 70 ans), François Bayrou (66 ans), Jean-Yves Le Drian (bientôt 70 ans aussi), Bertrand Delanoë (bientôt 67 ans)… Richard Ferrand, 55 ans, secrétaire général d’En marche !, député peu connu des Français, s’est pour sa part imposé comme un homme de confiance et un fin organisateur. Un autre profil peut également émerger.
Pour faire son choix, le Président tiendra évidemment compte d’un objectif de court terme : conquérir une majorité à l’Assemblée nationale, alors que la droite, désormais délestée du cas Fillon et qui n’a manqué sa qualification au second tour de l’élection présidentielle que de 465 000 voix, n’a pas perdu tout espoir pour les législatives.
Les législatives dans le viseur
Pour élargir son assise, le Président Macron peut être tenté de réaliser un coup à droite en recrutant un Xavier Bertrand ou un Bruno Le Maire. Reste le cas François Bayrou, un homme central. Il connaît, comme personne, la classe politique et singulièrement le Parlement. Surtout, il a fait son deuil de toute ambition présidentielle, en soutenant celui qui a réalisé le rêve qu’il n’a pu lui-même transformer en réalité : transcender la droite et la gauche. Le moment qu’il a choisi pour le rallier – le 24 février, la semaine ou Emmanuel Macron voyait sa campagne “caler” après les polémiques sur l’Algérie et la culture française – a témoigné d’une sincère envie d’aider son cadet. Une centralité et un engagement qui pèseront.
Mais l’élu béarnais, retiré de la gestion des affaires gouvernementales depuis vingt ans, n’incarne pas le renouvellement et reste, de plus, marqué par son passage au ministère de l’Éducation nationale : quatre ans, dont deux sous le gouvernement Balladur et deux sous le gouvernement Juppé, durant lesquels il s’est distingué par un certain conservatisme et une cogestion avec le principal syndicat enseignant, le Snes. Un bilan bien loin de l’aspiration de transformation affichée par Emmanuel Macron. Il reste sept jours au Président pour décider.(Source Acteurs Publics)
FIN/INFOSPLUSGABON/ZER/2017
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