Gabon : Volonté d’émergence, mais…….

27 Mars 2017

Gabon-Politique- Aménagement du territoire

LIBREVILLE, 27 mars (Infosplusgabon) –  A la fin du conflit armé ayant embrasé notre planète de 1839 à 1945, le monde a consacré deux super puissances : les USA et l’URSS, chacun ayant ses satellites arrimés respectivement au capitalisme et au communisme. Les pays qui ne pouvaient s’enorgueillir du statut de super puissance, se confortaient dans celui de pays développés. La conférence de Bandoeng en 1955 proclama l’entrée en scène des pays non alignés, n’obéissant aux ordres ni de Washington, ni de Moscou.

Puis vinrent les années 1960, témoins de l’indépendance de la plupart d’anciennes colonies de puissances occidentales en Afrique et en Asie. La communauté internationale s’enrichit d’un nouveau concept : celui du tiers monde, et même du quart monde, regroupant les PMA (pays les moins avancés) de la planète.

Les nouveaux dragons, ce sont les pays d’Asie du Sud-est, à l’exemple de la cité-Etat de Singapour et de Hong Kong, qui se sont de façon fulgurante émancipés des contingences financières, et celles liées aux infrastructures qui les caractérisaient à l’indépendance, pour se hisser au rang de nations modernes, dès la décennie 1980. La Chine, le Brésil ou Dubaï leur ayant emboîté le pas dans les années 1990 naissantes, mais à un degré supérieur, on a alors parlé de pays émergents.

Sortis du lot, ils ont désormais leur mot à dire, sur la marche du monde. Leur contrepoids économique, politique et culturel est suffisamment manifeste en effet, pour faire autorité face à l’Union Européenne, au Japon et aux USA, désormais seule super puissance mondiale après la désagrégation de l’URSS, suite à la chute du mur de Berlin en 1991.

La volonté du candidat Ali Bongo Ondimba, dans son projet de société ‘l’Avenir en confiance’ mis en avant lors de la campagne pour l’élection présidentielle anticipée d’août 2009, était celle d’élever le Gabon à la hauteur des pays dits émergents aujourd’hui, vers lesquels tous les yeux se tournent pour lire la réussite présentée comme idéale à l’échelle des nations. Volonté légitime, d’autant que le pays dispose d’atouts indéniables, du point de vue des richesses du sol, du sous-sol et des eaux. Son potentiel humain n’étant pas en outre, des moindres.

Faire preuve de  lucidité

Mais la volonté, amorce déterminante pour une action porteuse, s’appuie sur des moyens conséquents multiformes, pour se manifester. Le candidat d’hier, aujourd’hui président de la République en plein exercice, devrait faire preuve de lucidité à tout épreuve. Car la République est un immense patrimoine commun, dont la gestion est multidimensionnelle. Dans un pays où la population est scolarisée à presque 100 %, et dont les cadres de très haut niveau ne se comptent pas sur les bouts des doigts d’une main, il est indéniable que le développement ne peut être tributaire d’un coup de baguette magique. C’est au contraire une exhortation de l’ensemble de la population à développer un esprit civique à toute épreuve, afin  qu’avec un maximum de sens citoyen de chacun, la matérialisation de l’objectif national, au demeurant noble, soit une entreprise possible.

Au moment de l’accession à la souveraineté internationale de nombre de pays africains en 196O, les analystes, tant professionnels que de fortune, estimaient que la réalisation du développement n’était pas possible du fait d’un manque criard de cadres. Pourtant aujourd’hui, alors que l’on a multiplié le nombre de diplômés universitaires par presque plus l’infini, il n’est pas évident que le développement passe mieux. Il y a donc des raisons bien fondées de regretter qu’à un moment aussi crucial de l’histoire, où les gabonais ont une possibilité réelle de prendre leur destin en main, tant d’individus énoncent le concept de l’émergence comme seulement pour faire mode. Les uns pour bénéficier des faveurs du pouvoir, les autres pour amuser la galerie, sans états d’âme.

Lorsque le candidat Obama avait lancé le slogan « Yes, we can », l’équipe de campagne dont il s’était entouré s’était ingéniée à investir l’Internet pour une collecte de fonds. Un butin de campagne qui avait pulvérisé les plafonds habituels, plaçant sa capacité de déploiement au-dessus de tous les autres candidats. Il en avait été de même dans la mise en place de nombre d’autres stratégies ayant mené à la victoire historique, que le monde n’est pas prêt d’enfuir dans les abîmes de l’oubli. Car malgré les embûches, en bien de cas manifestation grandeur nature du vice, Obama a tenu la route, et fait la fierté de tout être sensé, sur les cinq continents.

La constance dans la défense d’un idéal, surtout parce qu’il est partagé, voilà ce qui est fondamental pour le maintien du cap, lorsqu’on exerce le pouvoir. Parce qu’il faut une vision sur un horizon large, pour cette capacité.

Telle une prospective, le programme d’action pour lequel les départements ministériels se déploient doit être décliné, avec clarté. C’est ce qui permettra d’en cerner les étapes, dans son exécution à court, moyen et long terme. C’est l’approche de l’architecte qui, à travers ses plans, proclame déjà la maison. Le peuple a toujours été disposé à apporter sa pierre, pour l’édification de la nouvelle nation gabonaise, qui s’inscrira sur le registre de l’émergence.

Si tant donc est que notre volonté commune de faire sortir le Gabon du lot des pays empêtrés dans un développement laborieux est sincère, nous gagnerions à nous rappeler que lorsque les communistes accèdent au pouvoir à Pékin en 1949, la préoccupation du gouvernement chinois était celle d’assurer un bol de riz à chaque citoyen, au quotidien. 67 ans plus tard en 2017, la préoccupation de la Chine est de ravir la suprématie du monde aux américains. Voila ce qui confirme un élément majeur de la sagesse asiatique qui enseigne « qu’une image vaut mieux que mille mots ».

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