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Ramadan sans répit pour les Libyens victimes de l'escalade militaire

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Tripoli, Libye, 17 mai (Infosplusgabon) - Les Libyens auront vécu en 2020 l'un des Ramadans, mois de jeûne des musulmans, le plus agité de leur histoire contemporaine, avec une escalade militaire sans précédent, ponctuée par des bombardements tous azimuts ciblant les civils au moment où le pays est confrontée au coronavirus, l'une des pandémie mondiale la plus dangereuse de par son taux élevé de  contamination rapide et sa mortalité dans le contexte d'une infrastructure santé défaillante.

 

 

 

Mois de religion par excellence et au-delà de sa symbolique d'ascèse, d'abnégation et de dévotion pour Dieu, de la Sunna de son prophète, Mohamed (PSL) ainsi que de l'esprit tolérance et de bienveillance car les actes de bienfaisance sont gratifiés divinement au double, Ramadan en Libye, est devenu au fil des ans, à l'instar des autres pays arabes et musulmans du monde, un mois de réjouissance auquel sont venus se greffer des traditions séculaires.

 

Ainsi, c'est tout un mode de vie complètement différent des jours ordinaires, qui apparaît pendant Ramadan, avec un art culinaire spécial, des veillées nocturnes familiales autour de mets riches, variés et copieux.

 

Les rues s'animent la nuit, dès la rupture du jeûne, après la torpeur du jour en raison du poids de la privation de la nourriture et de la boisson, cédant la place à des visites familiales qui deviennent plus fréquentes lors de la dernière quinzaine du mois vers les marchés pour acquérir les vêtements aux enfants et autres membres de la famille ainsi que les ingrédients pour préparer les gâteaux et autres sucreries en prévision de la fête de l'Aïd El Fitr marquant la fin de Ramadan.

 

Les mosquées se remplissent des fidèles qui prient les prières d'Al-Qiyam et psalmodient et récitent le Coran en Libye réputé pour être le pays du million de mémorisation du texte sacré.

 

Mais toutes ces réjouissances, traditions et cet esprit du Ramadan ont entièrement disparu dans la plupart des villes libyennes en ce mois béni qui tire à sa fin en raison de l'insécurité et mesures de prévention de la propagation du coronavirus.

 

Fraj al-Werfalli, professeur universitaire libyen a affirmé que "pour un pays confronté depuis plus de neuf ans au chaos sécuritaire dans le sillage de la révolution du 17 février 2011, la vie n'est pas de tout repos notamment dans le contexte de la propagation des armés parmi la population et l'omniprésence des groupes armés mais, il y'avait toujours un minimum de répit pour vivre dans un semblant de normalité".

 

"Avec l'intensification des bombardements aux missiles Grad , roquettes et autres obus ainsi que l'utilisation des drones, l'insécurité s'est accrue mettant la vie des citoyens en danger en subissant la peur et la mort depuis plus d'un an à la faveur de l'attaque de Tripoli et la région ouest en avril 2019 par les  forces Khalifa Haftar", a-t-il déploré .

 

Samedi soir 7 personnes ont été tuées et 17 autres blessés dans le tir de roquettes ayant ciblé un foyer universitaire à al-Fournaj, est de Tripoli, abritant des familles déplacées, selon une source médicale.

 

La semaine précédente, c'est la Mission d'Appui des Nations unies en Libye (MANUL) qui a déploré le ciblage systématique des quartiers résidentiels et des infrastructures civiles notamment les aéroports et hôpitaux, signalant qu'entre le 1er au le 8 mai courant 15 personnes ont été tuées et 18 autres blessés dans des bombardements attribués à l'armée affiliée à Haftar.

 

En effet, l'hôpital centrale de Tripoli situé à Tarik al-Zawiya a été touché par des tirs de roquettes blessant des membres du personnel et provoquant des dégâts dans l'infrastructure de l'établissement.

 

Le Bureau du coordonnateur humanitaire des Nations unies en Libye a annoncé avoir recensé "17 attaques/bombardements d'établissements de santé en Libye depuis le début de cette année 2020", assurant que ces attaques se poursuivent toujours, "le Centre hospitalier de Tripoli ayant subi vendredi un bombardement intense à la roquette".

 

Auparavant, c'est l'aéroport de Maitigua, banlieue est de Tripoli , qui a été touché pour la énième fois avec plus de 100 missiles ayant détruits deux avions civils et endommagé d'autre, entraînant l'incendie du siège de l'unité de protection civile basée à l'aéroport ainsi que des réservoirs de kérosène dans les entrepôts appartenant à la société Brega de commercialisation de produits pétroliers.

 

La guerre de Tripoli dont les civils en sont les principales victimes a contraint plus de 200.000 personnes à fuir leurs foyers tandis que 100.000 autres sont toujours dans les zones de lignes de fronts exposés aux tirs croisés des belligérants , selon des statistiques des organisations des Nations unies.

 

Selon ces mêmes organisations, plus d'un million de Libyens sont dans un besoin humanitaire d'urgence en raison de la perturbation de l'accès aux services de base comme l'électricité, l'eau qui sont devenus des armes de guerre auxquels recourent certains camps pour une punition collective.

 

Les pénuries de logements, de liquidités, de soins et des produits alimentaires se sont accrues en Libye avec l'intensification des combats et de l'escalade militaire.

 

Cette situation s'est maintenus en dépit de la multiplication des appels aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays pur une trêve humanitaire  à l'occasion de l'avènement de la pandémie du Covid-19  et à l'occasion du Ramadan.

 

Rien n'y fait les affrontements ont doublé en intensité et les tirs de missiles, sans aucune considération pour les civils qui croupissent sous le poids de conditions économiques difficiles auquel il faut ajouter le renchérissement des prix des denrées alimentaires.

 

A ce sujet, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a révélé une augmentation des prix des denrées alimentaires dans la plupart des villes libyennes, peu de temps après la mise en œuvre en mars dernier des mesures de prévention pour lutter contre l'épidémie du coronavirus, en plus d'une pénurie d'autres produits.

 

Le porte-parole du HCR, Andrej Mahecic a, lors de la conférence de presse régulière samedi à Genève, cité comme augmentation des prix des denrées alimentaires "celui des tomates avec de plus de 200% à certains endroits alors que le prix du poivron a augmenté d'environ 40%".

 

"Une pénurie de matériaux de base, tels que les œufs, les légumes et le blé, a été signalée dans des villes de toute la Libye", a ajouté M. Mahecic, signalant que "le pays a du mal à importer des produits face aux obstacles auxquels fait face la chaîne d'approvisionnement mondiale, ainsi qu'à perturbation des circuits d'approvisionnement en raison du conflit dans l'ouest du pays".

 

Le prix des articles d'hygiène a augmenté d'au moins 60%, les gants et les masques ayant été multipliés par trois, a-t-il souligné.

 

Pour Khaled Mohamed Abouchnaf, activiste de la société civile en Libye, "c'est dire que les Libyens font face à d'énormes difficultés pour joindre les deux bouts en ce mois de Ramadan où les circonstances exceptionnelles imposées par la prévention du coronavirus rend les déplacements difficiles".

 

Il a souligné qu'"à cela, il faut ajouter le dilemme dans lequel se trouve les citoyens, à savoir, s'il doivent rester à la maison au risque de recevoir à tout moment un missile ou un obus sur la tête et de sortir dehors en courant le danger d'une contamination au virus corona".

 

M. Abouchnaf a estimé que "malgré les espoirs d'un déblocage de l'impasse politique en Libye avec l'unanimité faite autour de la diplomate ghanéenne, Hanna Tetteh, comme nouvel émissaire de l'ONU en Libye, rien ne semble surgir pour mettre fin aux souffrances des libyens".

 

Pour l'activiste politique libyen, Ali Moujahid, la clé de la solution en Libye se trouve entre les mains de quelques pays étrangers impliqués dans les affaires libyennes et bien connus.

 

Dans un post sur sa page Facebook intitulé " Demander un cessez-le-feu en Libye est une hypocrisie politique", Ali Moujahid a écrit : "Je crois que toutes les voix appelant les parties au conflit en Libye à cesser le feu, à tuer, à détruire et à démolir, et à demander d'empêcher le flux d'armes et de mercenaires vers la Libye, de cibler les civils innocents, les institutions civiles telles que les aéroports, les hôpitaux, les centres de santé, les écoles et les ports, de démolir les maisons et de les voler, de forcer des dizaines de milliers de citoyens à être déplacés et à migrer, de piller les deniers publics, de voler le prix des médicaments, du lait et des livres pour enfants, de fermer le pétrole, d'empêcher l'arrivée de l'eau et de couper l'électricité, de perturber les études, que ce soit des Nations Unies ou du Conseil de sécurité, des superpuissances ou des pays voisins, ou des organisations régionales et, en fait, ce sont des voix qui pratiquent l'hypocrisie politique, parce qu'elles savent bien, et tout le monde le sait, que les parties au conflit en Libye ne possèdent pas du tout la décision de cessez-le-feu".

 

Il a ajouté que "tous ces gens savent que la décision d'appliquer le cessez-le-feu et de mettre fin à l'effusion de sang libyen, à la destruction et à la démolition de la Libye et aux souffrances des Libyennes et des Libyens, est entre les mains des pays impliqués dans les affaires libyennes, qui alimentent les conflits en Libye et fournissent aux parties au conflit les moyens de tuer et de détruire, en leur fournissant des mercenaires et en leur assurant une couverture politique et diplomatique, et en leur réquisitionnant des médias loués et les moyens de désinformation et de mensonge, aux dépens du sang des Libyens et de la douleur des amputés et des blessés, des larmes d'orphelins, des lamentations des endeuillés et du chagrin des veuves".

 

Selon lui "ces pays sont connus et n'appartiennent pas à une autre planète. L'envoyé démissionnaire des Nations Unies, le Dr Ghassan Salamé, les a déjà appelés par leur nom, et même des enfants en Libye les connaissent, dont des Etats membres du Conseil de sécurité qui ont un droit de veto, des Etats nucléaires, des pays voisins et des petits Etats, nageant sur des lacs de pétrole et de gaz, qui alimentent tous la flamme de la guerre en Libye, par rancœur...".

 

M. Moujahid a conclu que "les parties au conflit en Libye, malgré leur arrogance et leur obstination, savent qu'elles n'ont même pas les clés de leurs armoires de chambre à coucher, et nous les avons vues en images diffusées sur les télévisions du monde, petits devant leurs maîtres, et c'est notre seul réconfort à l'égard du sang des victimes et la destruction de la Libye qui jaillira des décombres et se lèvera sur ses pieds malgré cet effondrement".

 

 

FIN/ INFOSPLUSGABON/BVC/GABON2020

 

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