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Nouvelle opportunité d'un règlement politique en Libye après l'appel de Fayez al-Sarraj à un consensus sur une feuille de route de sortie de crise

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Tripoli, Libye, 10 mai  (Infosplusgabon) - Le président du Conseil présidentiel, Fayez al-Sarraj, a pris, une nouvelle fois, l'initiative de voler à la rescousse de la Libye dans le cadre d'un règlement pacifique, en appelant à "une feuille de route consensuelle et inclusive" permettant au pays de sortir de la crise sous les auspices des Nations unies au moment où l'escalade militaire est à son comble et le processus politique dans une impasse totale.

 

Cest la troisième initiative dans le sens d'une recherche d'une solution négociée consensuelle en Libye, proposée par M. al-Sarraj depuis qu'il a pris officiellement ses fonctions en 2016 à Tripoli.

 

Saisissant au vol, l'initiative proposée par le président de la Chambre des représentants (Parlement), Aguila Salah, le président du Conseil présidentiel, Fayez al-Sarraj, s'est félicité le 5 mai de "toutes les initiatives politiques appelant à des solutions pacifiques à la crise libyenne, loin des combats et de l'imposition du fait accompli par la force des armes".

 

Dans une déclaration, il a appelé à "un consensus sur une feuille de route globale et un processus politique qui rassemble tous les Libyens, que ce soit en modifiant l'accord politique et en formant un Conseil présidentiel composé d'un président, de deux vice-présidents et d'un premier ministre distinct".

 

Il a également ouvert la voie à un autre alternative pour un règlement, qui repose sur "un consensus sur un processus constitutionnel et des élections législatives le plus tôt possible".

 

M. al-Sarraj a exhorté "toutes les parties et forces politiques à assumer leurs responsabilités pour mettre fin à la division et la nécessité d'accélérer la reprise du dialogue politique sous les auspices des Nations unies".

 

Le processus politique en Libye est dans une impasse totale depuis la démission le 2 mars de l'Envoyé de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé.

 

Cette impasse a été accentuée par le détournement de l'attention des pays du monde de la Libye, accaparée par la pandémie du Covid-19 et les efforts pour la contrer.

 

Le président de la Chambre des représentants, Aguila Saleh a annoncé, le 23 avril dernier, une initiative politique en huit points qui comprend la restructuration de l'actuel pouvoir exécutif, incarné par le Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale découlant de l'accord politique signé à Skhirat en 2015 et la nomination de nouveaux membres, sur la base des trois régions historiques de la Libye "Cyrénaïque, Tripolitaine et Fezzan", et la réécriture de la constitution tandis que le Parlement sera maintenu jusqu'à la tenue de nouvelles élections législatives.

 

Cette acceptation tacite de la part de M.  al-Sarraj de la proposition de M. Aguila, a été favorablement accueillie par de nombreux milieux politiques libyens qui estiment qu'il est temps , dans cette phase actuelle de danger que traverse la Libye, de chercher une issue politique à la situation dans le pays afin d'épargner les vies et d'arrêter l'effusion du sang des Libyens.

 

On rappelle que le président du Conseil présidentiel en Libye, Fayez al-Sarraj, a proposé le 16 juin 2019, une initiative politique de sortie de crise, trois mois après l'attaque militaire contre Tripoli par le chef de l'armée nationale libyenne basée à l'Est, le maréchal Khalifa Haftar.

 

Il s'agissait d'organiser, en coordination avec les Nations unies d'un forum libyen regroupant toute les personnalités et forces politiques influentes afin de s'accorder sur les points de divergences et les réformes constitutionnelles nécessaires en prélude à des élections générales fin 2019.

 

Cette initiative qui intervient après une impasse suite à l'annulation de la Conférence inclusive de Ghadamès prévue du 14 au 16 avril 2019 et qui a été torpillée par l'attaque surprise de la capitale libyenne par Haftar le 4 avril au moment où le Secrétaire général s'y trouvait, démontrant la  propension de M. al-Sarraj à la paix et au dialogue politique pour régler les problèmes de la Libye.

 

Pour l'analyste politique libyen, Muftah al-Choueil, "malheureusement cette proposition n'a pas été acceptée par le camp de Haftar qui a misé sur une victoire militaire pour s'imposer et dicter sa loi aux Libyens bien qu'il ait été établi que la crise libyenne ne pouvait être régler que par le dialogue, les concessions et le consensus autour des intérêts du pays".

 

Selon lui, "les conséquences sont davantage très visibles d'une guerre en milieu urbain à haute densité de la populations provoquant des drames douloureux et inextricables avec la mort de plus de 380 civils et autant de blessés et le déplacement de dizaines de milliers d'entre eux".

 

Un rapport de la Cour pénale internationale (CPI) a révélé qu'il y avait environ 749.000 personnes dans les zones touchées par les combats à Tripoli et dans ses environs, dont près de 345.000 personnes dans les zones de première ligne et l'exode de plus de 149.000 personnes du sud de Tripoli depuis le début de l'offensive de Haftar en avril 2019.

 

En 2017, le président du Conseil présidentiel, Fayez al-Sarraj, avait présenté sa première initiative de règlement de la crise libyenne, portant sur la tenue d'une conférence inclusive et l'organisation d'élections générales.

 

Cette proposition avait inspiré le plan d'action proposé par l'Emissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé et qui avait abouti en 2019  à la fixation de la date du Forum libyen inclusif de Ghadamès sous le parrainage de la Mission d'Appui des Nations unies en Libye (MANUL) mais qui a été précédé par l'offensive contre Tripoli ayant conduit à son annulation.

 

Pour Abderrahman al-Merghani, professeur universitaire, "le président du Conseil présidentiel, Fayez al-Sarraj a toujours adhéré à toutes les rencontre et initiatives visant à trouver une solution pacifique avec toutes les bonnes volonté et la dernière en date est la rencontre de Moscou du 12 janvier grâce à une médiation turco-russe destinée à pérenniser la trêve par un accord de cessez-le-feu définitif que Haftar a, à la dernière minute, refusé de signer".

 

Il a rappelé qu'"auparvant, al-Sarraj a répondu aux deux rencontres de Abou Dhabi et deux en France, et une à Palerme en Italie puis une à Berlin mais dont les engagements ont tous été violés par le Haftar qui œuvre pour d'autres agendas principalement  celui de prendre le pouvoir".

 

En effet, M. al-Merghani a signalé qu'"à l'initiative du président du Parlement, Aguila Saleh, Haftar a répondu par l'annonce d'un mandat qui lui a accordé le peuple pour diriger le pays et de l'abandon de l'Accord politique libyen signé à Skhirat au Maroc sous les auspices de l'ONU et duquel découle aujourd'hui la légitimité de toutes les institutions actuelles dans le pays".

 

Il a indiqué que "cette annonce implique aussi la dissolution du Parlement et du gouvernement intérimaire les alliés de Haftar, dans un retournement de situation qui dénote que Haftar ne s'embarrasse pas de sacrifier ses amis pour satisfaire ses objectifs ou plutôt son ambition d'accéder au pouvoir".

 

Cette annone unilatéral de Haftar a été largement rejetée aussi bien au plan intérieur qu'extérieure, rappelle-t-on.

 

Au niveau local, une important frange des Libyens y ont vu une spoliation de leurs sacrifices durant la révolution du 17 février 2011 ainsi que leurs aspirations pour un Etat civil et démocratique fondé sur l'alternance pacifique au pouvoir.

 

A l'étranger, les puissances internationales comme les Etats-Unis, l'Italie, l'Allemagne, la France et les organisations comme les Nations unies et l'Union européenne ont réitéré que le seul cadre légitime en Libye est l'accord politique signé à Skhirat, refusant toute décision individuelle et action unilatérale, décidant de l'avenir de la Libye.

 

Dans une publication le Think tank "International Crisis Group" a suggéré que l'objectif principal de Haftar "est de consolider le pouvoir entre les mains de l'armée, qui est déjà sous le contrôle du maréchal Khalifa Haftar".

 

Citant ses partisans le Groupe a révélé "un document constitutionnel constituant la base d'une feuille de route de transition et de nouvelles structures de gouvernance pour ces régions (sous contrôle de Haftar), et parmi les propositions figurent la nomination d'un conseil militaire ou d'un organe civilo-militaire pour remplacer la Chambre des représentants (Parlement) au cours de cette phase de transition, et la nomination d'un nouveau gouvernement dans l'est du pays à la place du gouvernement actuel dirigé par Abdallah al-Theni".

 

Selon ce même rapport, "Haftar pourrait être motivé par son désir d'anticiper et de contrecarrer d'éventuelles négociations politiques entre la Chambre des représentants et Tripoli, et peut-être de marginaliser le parlement dans son ensemble".

 

Abderrazak Omar Badi, un activiste de la société civile en Libye a souligné que "cette attitude de Haftar intervient après une série de défaite avec la perte de deux ville stratégiques dans le littoral Ouest du pays Sabratha et Sorman, pièces maîtresses du dispositif de son offensive sur Tripoli",  précisant que "Haftar joue son va-tout pour camoufler ses revers militaires".

 

Il a ajouté "les sponsors étrangers de Haftar en particulier, les Emirats arabes unis , l'Egypte et la Russie qui ont investi énormément pour son appui , n'apprécient pas ces revers successifs et son échec à prendre le contrôle de Tripoli où ses troupes se sont enlisée à la périphérie de la ville".

 

En outre l'intensification  des bombardements contre les civils en ce mois de Ramadan, mois de jeûne des musulmans et de pandémie du Covid-19  notamment, ce samedi dénote d'un désespoir et d'une faiblesse des troupes de Haftar qui "veulent compenser leurs échecs en se vengeant sur les civils" , comme l'a affirmé, le ministre de l'Intérieur du gouvernement d'union nationale, Fathi bachagha.

 

En réponse à ces attaques tous azimuts dénoncées par la Mission d'appui des Nations et la plusieurs des pays européens, le président du Conseil présidentiel, Fayez al-Sarraj a promis de "recourir à tous les moyens pour vaincre cette agression".

 

 

FIN/INFOSPLUSGABON/VGF/GABON2020

 

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