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Vaste rejet de l'annonce par Haftar de la prise du pouvoir et de la suspension de l'accord politique libyen

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Tripoli, Libye,  29 avril (Infosplusgabon) - L'annonce faite par le chef de l'armée nationale libyenne basée à l'Est, le maréchal Khalifa Haftar, qu'il prend le pouvoir en Libye en vertu d'un mandat accordé par les Libyens et l'abrogation de l'Accord politique libyen signé en 2015 à Skhirat, au Maroc, dans une action unilatérale, a suscité un large rejet aussi bien par une importante frange de Libyens et institutions du pays que par des pays étrangers et organisations internationales.

 

Dans une déclaration télévisée, lundi, le maréchal Haftar a annoncé accepter le mandat que lui ont conférés les citoyens libyens de diriger le pays, soulignant la suspension de l'Accord politique libyen.

 

Signé le 27 décembre 2015 à Skhirat, au Maroc par les protagonistes libyens sous les auspices de la Mission d'Appui des Nations Unies (UNSML), l'accord politique libyen porte sur un partage de pouvoir dans le cadre d'une transition qui est gérée conjointement par un gouvernement d'union nationale, un Haut Conseil d'Etat, une assemblée consultative et le Parlement basé à Tobrouk qui a été maintenu.

 

Ainsi, ces trois institutions libyennes toujours en place tirent leur légitimité de l'Accord politique libyen qui organise la vie politique du pays et le fonctionnement du pouvoir à défaut du parachèvement de la phase de transition et de l'organisation d'élections générales pour doter le pays de nouvelles institutions élues.

 

Au-delà des raisons de la crise politique et militaire qui sévit dans le pays et ayant fait obstacle à l'organisation d'élections en Libye, la communauté internationale traite avec les institutions sur place dans le pays sur la base de cet accord politique dans le cadre duquel se déroule les pourparlers du processus politique.

 

 

 

De nombreux libyens n'ont pas été surpris par cette annonce, soulignant que Haftar est toujours obnubilé par le pouvoir et que toutes les actions qu'il entreprend concourent à concrétiser son rêve de diriger le pays.

 

 

 

Abdessalam Al-Fitouri, analyste politique libyen a rappelé que "Haftar a un passé très riche en tentatives de prise du pouvoir comme le coup d'Etat qualifié de blanc lors de la diffusion d'une vidéo en 2013 dans laquelle il annonce la suspension de la Déclaration constitutionnelle et la dissolution de l'ex-Congrès général national (Assemblée législative)".

 

 

 

M. Al-Fitouri a ajouté que "toute cette prétendue lutte contre le terrorisme au sein de laquelle il classe tous ses ennemis ou opposants ne vise qu'à se bâtir une armée pour réaliser ses ambitions de diriger la Libye même si cela est contre leur gré".

 

 

 

Il a noté que "Haftar s'est même retourné contre les institutions qui l'ont élevé au grade de maréchal et nommé au poste de commandant en chef de l'armée libyenne en annonçant la prise de pouvoir ce qui signifie la dissolution du Parlement de Tobrouk et celui du gouvernement intérimaire à Beidha".

 

 

 

Muftah Slah Al-Mheidi, un activiste de la société civile dans la ville de l'Est du pays sous contrôle de Haftar, s'est demandé "quel sera le sort de ceux qui sont contre Haftar et qui résident à l'Est, doivent-ils abandonner leurs maisons et quitter pour aller dans d'autres villes non soumises à l'autorité de Haftar ?".

 

 

 

Il a fustigé "le prétendu mandat dont se prévale Haftar", assurant que "ce sont quelques partisans qui se comptent au bout du doigt qui sont des inconditionnels qui se sont rassemblés dans certaines villes pour soutenir son discours dans une scène qui rassemble à une mauvaise parodie comique".

 

 

 

Au niveau des institutions officielles à l'intérieur du pays, le rejet de l'annonce de Haftar est totale, considérant qu'il s'agit d'une tentative de contourner la volonté des Libyens et de s'accaparer du pouvoir.

 

 

 

Le Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale, reconnu par la communauté internationale a indiqué que l'annonce par le maréchal Khalifa Haftar, "de l'abandon de l'accord politique" libyen signé dans la ville marocaine de Skhirat en 2015, est "une farce", ajoutant qu'elle représentait "un nouveau coup d'Etat ajouté à sa série de coups d'Etat qui a commencé, il y a des années".

 

 

 

Dans un communiqué, le Conseil présidentiel ajoute que le maréchal Haftar "s'est retourné contre les organes politiques parallèles qui le soutiennent et qui l'ont un jour nommé, et donc personne ou aucun pays ne peut (parler) de sa légitimité sous aucun prétexte".

 

 

 

Le Conseil présidentiel a appelé les membres de la Chambre des représentants (Parlement) à l'Est à "se joindre à leurs collègues" à Tripoli, à entamer un dialogue global et poursuivre le processus démocratique jusqu'à ce qu'une solution globale et durable soit trouvée via les urnes.

 

 

 

Pour sa part, le Parlement réuni à Tripoli, a exprimé son refus de l'annonce de Haftar, "de l'abandon de l'accord politique", appelant la communauté internationale et la mission des Nations Unies à prendre des mesures fermes contre "les crimes qui ont touché des innocents et menacé la paix communautaire du pays".

Il a également appelé les pays qui soutiennent cette "agression à revoir leurs positions et leurs préjugés en faveur du peuple libyen, qui se réalisent à l'ombre d'un État civil démocratique stable", saluant "toutes les initiatives qui préservent l'unité du pays et adoptent un comportement politique pacifique et correct sur la base de l'accord politique libyen et des résolutions du Conseil de sécurité".

Le Haut Conseil de l'Etat a, pour part, exhorté les membres de la Chambre des représentants à se joindre à leurs collègues de Tripoli pour "participer à la formulation d'un projet national qui répond aux aspirations de tous les Libyens et régler tous les différends entre les partenaires politiques du pays", estimant qu'"il est nécessaire de rester uni, sûr et stable".

 

Le Conseil d'État a affirmé son attachement à l'accord politique en tant que cadre de décision pour la période de transition et organisateur du processus politique.

 

Il a invité le Parlement à Tobrouk à une rencontre afin de reprendre le processus de dialogue politique, tout en soulignant la nécessité "d'éliminer le projet de coup d'Etat militaire contre la légitimité", de sorte qu'il n'y a aucun moyen de gouverner la Libye sauf par le biais d'élections.

Le Haut Conseil d'Etat a appelé la communauté internationale, à leur tête les Nations Unies et sa Mission en Libye, à assumer leurs responsabilités politiques et morales devant le peuple libyen et a refusé de porter atteinte à l'unité de la Libye et à la volonté de son peuple.

Au niveau de l'étranger, plusieurs pays intéressés par la question libyenne, ont opposé un refus catégorique à la proclamation unilatérale de Haftar, soulignant leur attachement à la légitimité internationale.

 

Le président tunisien, Kaïs Saïed a souligné que "son pays respecte la légitimité internationale en Libye et à la nécessité de respecter la volonté du peuple libyen", réitérant "le refus de la Tunisie de tout préjudice à l'unité de la Libye et à son peuple".

Le président tunisien a ajouté, qu'"il n'y a pas de solution en Libye sauf une solution politique basée sur un consensus interne sans aucune ingérence extérieure".

L'Italie ancienne puissance coloniale a réitéré son "plein soutien et la reconnaissance des institutions libyennes légitimes reconnues par la communauté internationale représentées par le Conseil présidentiel, le gouvernement de l'accord national, la Chambre des représentants et le Haut Conseil d'Etat".

 

Un communiqué publié par le gouvernement italien a précisé qu'"alors que l'Italie prend note des récentes déclarations du général Haftar, elle réaffirme son plein soutien et sa reconnaissance des institutions libyennes légitimes reconnues par la communauté internationale : le Conseil présidentiel, le gouvernement national, la Chambre des représentants et le Haut Conseil de l'Etat".

 

De son côté, la France a affirmé que "le conflit en Libye ne peut être résolu par des décisions unilatérales, mais plutôt par un dialogue soutenu par les Nations Unies".

 

 

 

"Une solution au conflit libyen ne peut être obtenue que par le dialogue entre les parties sous les auspices des Nations Unies et non par des décisions individuelles", a déclaré Olivier Gauvin, porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères.

 

"Il n'y a pas d'alternative à une solution politique globale dans le cadre des résultats de la Conférence de Berlin", a-t-il dit, ajoutant que Paris était intéressé par l'unité et la stabilité de la Libye.

 

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que la Russie "n'accueille pas favorablement les déclarations du commandant de l'armée libyenne, Khalifa Haftar sur le régime individuel" dans son pays".

 

 

L'annonce de Haftar a été accueillie par une fin de non-recevoir par un large front interne et externe qui fera que cette décision unilatérale restera de simples paroles qui ne se réaliseront pas dans la réalité concrètes.

 

 

La seule issue pour sortir de la crise en Libye est le dialogue politique en veillant à faire des concessions au nom de l'intérêt collectif et du pays.

 

 

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