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Gabon : Quand le pays interroge notre conscience

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NDJAMENA,  8 septembre (Infosplusgabon) - Omar Bongo Ondimba, père d’Ali, aurait dit qu’ « on n’organise pas une élection pour la perdre ». Et le fils qui s’empara du pouvoir paternel en 2009 aurait bien retenu la leçon. Le problème  avec les dernières élections au Gabon, c’est que les choses ont  changé. Et les acteurs surtout. Sans oublier l’essor de la technologie de l’information et de la communication.

 

  A la précédente élection présidentielle déjà, l’opposition réunie avait  obtenu plus de 50% des suffrages. André Mba Obame, ami intime de  Bongo Fils avec qui  il animait le courant des rénovateurs au sein  du Parti démocratique gabonais (PDG-au  pouvoir) et expert en trucage électoral de  Bongo père alors qu’il était au ministère de l’Intérieur, avait cru son heure venir en quittant Ali Bongo Ondimba. Il avait sous-estimé l’expertise de  ce  dernier  pour se maintenir au pouvoir.

 André Mba Obame  n’a pas non seulement perdu les élections mais il est aujourd’hui  quatre pieds sous terre, suite à une maladie mystérieuse comme trois ou quatre autres ténors de la politique gabonaise.

  Aujourd’hui, Ali n’a pas vu venir la bourrasque. Il a peut être  sous-estimé  la menace. Il a sûrement vu en son principal  adversaire Jean Ping qu’une simple chinoiserie qui ne durera donc pas, au lieu de le prendre pour un sérieux casse-tête

chinois. Plus qu’André Mba Obame, Jean Ping joue dans la  même cour qu’Ali Bongo Ondimba. Il a  eu des enfants  avec  Pascaline Bongo, fille  aînée de  feu Omar Bongo,  pièce centrale du pouvoir du patriarche.

 Ping a été aussi patron de la  diplomatie gabonaise pendant de longues années avant  d’atterrir à la tête de l’Union africaine. Autant dire que l’homme  a un carnet d’adresses aussi dense et important que la population chinoise. C’est donc un dragon…chinois que devait  abattre Ali. C’est autant, pour le pauvre Ali, grimper la muraille de Chine !.

 Mais revenons à l’élection proprement dite. Ping, fort du soutien  des principaux ténors du pouvoir de Libreville dont Guy  Nzouba Ndama, a sérieusement mis en difficulté Ali Bongo Ondimba . Ce  qui est confirmé par les observateurs de  l’Union EUropéenne. Mais les experts d’Ali  Bongo Ondimba  avaient dans leur botte une arme secrète : le Haut-Ogooué,  la région dont sont originaires les Bongo.  Avec un score  stalinien. Ce qui passe mal auprès de nombreux observateurs.

 Se barricadant derrière une loi bancale, Ali Bongo Ondimba  refuse le recomptage des voix. La France, les Etats Unis, et l’Union européenne appellent à ce recomptage. L’Union  africaine, après avoir gardé un silence bizarre, a finalement réagi   en voulant envoyer une mission à Libreville. Beaucoup de ceux  qui se rendront à Libreville doivent leur pouvoir à Bongo père.

 Du moins leur longévité au pouvoir. Cela pèsera-t-il dans les  démarches de l’Union africaine ?   Aujourd’hui même si les rats n’ont pas quitté le navire Ali  Bongo Ondimba, l’avenir ne semble pas intéressant pour lui.  Son ministre de la justice a quitté ses fonctions ministérielles et  a démissionné du parti. Et les pressions continuent à se faire sur  Ali Bongo Ondimba.

 En l’Union africaine, ses partisans cherchent à jouer la montre. Mais le déploiement des soldats français pour, dit-on, évacuer les Français du Gabon en  cas de besoin n’est pas un bon signe.

 Il est vrai que les problèmes africains doivent être  prioritairement réglés par les Africains. Mais de nombreux chefs  d’Etat africains ont fait pire qu’Ali Bongo Ondimba et n’ont aucune légitimité  morale pour discuter avec les protagonistes de la crise  gabonaise.

  Un confrère ouest-africain a traité l’Afrique centrale de trou noir démocratique. Cela est peut-être vrai. Il a peut-être oublié  que Sao Tomé est en Afrique centrale. Ce confrère interpelle  sans  doute la conscience de tous les citoyens de l’Afrique

centrale, y compris celle des dirigeants. On ne peut pas aussi  demander aux dirigeants de l’Afrique centrale de respecter les  règles démocratiques quand les citoyens eux-mêmes en   commençant par les leaders de l’opposition font souvent le lit à  ces trucages électoraux en s’illustrant par des divisions et des luttes inutiles.

Et même en cautionnant des lois scélérates  comme des codes électoraux taillés sur mesure. Gagner  une  élection, c’est s’organiser en amont comme en aval.  (Articla  paru dans le  journal  Le Temps n° 897 du 7 au 13 septembre 2016)

 

FIN/INFOSPLUSGABON/ZUT/GABON2016

 

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