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Covid-19 : les autorités doivent prendre des mesures de toute urgence pour assurer une gestion digne des dépouilles

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Genève, 22 avril (Infosplusgabon) – Dans bien des pays, le nombre de décès imputables au Covid-19 pourrait excéder la capacité de prise en charge des services locaux de gestion des dépouilles, alerte le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Il est encore temps pour les autorités de mettre en place des plans de préparation et de gestion appropriés qui garantissent le respect de la dignité des défunts et de leurs familles.

 

Si aucun plan de préparation aux situations de décès massifs n’est mis en place, il y a fort à craindre qu’un grand nombre de victimes du Covid-19 soient ensevelies dans des fosses communes, sans que leur identité et le lieu exact où elles ont été inhumées n’aient été préalablement enregistrés. Pour les familles qui ne sauront pas où leurs proches ont été enterrés, les conséquences seront dévastatrices.

« Le fait de se préparer à une vague massive de décès ne veut pas dire qu’elle va obligatoirement se produire. Il est toutefois indispensable de prévoir cette éventualité et, si elle se concrétise, de faire le nécessaire pour atténuer la souffrance éprouvée par les familles et, plus largement, par toute société confrontée à la perte de nombreuses vies humaines », déclare Oran Finnegan, chef de l’Unité forensique du CICR. « Il est encore possible d’épargner aux victimes du Covid-19 un traitement indigne. »

Dans les pays en paix, les entreprises de pompes funèbres et les morgues ont été rapidement débordées par le nombre de morts dus au Covid-19. Dans les zones de conflit, la situation pourrait être encore plus dramatique en cas de décès massifs compte tenu du manque de préparation des services locaux. Des plans d’intervention d’urgence doivent être établis et mis en œuvre sans tarder si l’on veut éviter que les premiers intervenants soient débordés et que les ressources viennent à manquer, et si l’on veut que chaque dépouille soit correctement identifiée et enregistrée. Il faudrait notamment simplifier les démarches pour faire établir les certificats de décès, enregistrer les morts et obtenir les permis d’inhumer.

« Souvent, les gens n’ont pas conscience du rôle primordial des services forensiques, jusqu’à ce qu’ils perdent un proche – leur mère, leur frère, un enfant. Tout à coup, ils attachent beaucoup d’importance au traitement réservé à la dépouille de leur être cher. Si les pays mettent en place dès maintenant des plans de préparation et de gestion appropriés, les corps des victimes du Covid-19 pourront être pris en charge dignement. À défaut, ils seront probablement enterrés dans des fosses communes anonymes sans avoir été préalablement identifiés, ce qui rendra leur localisation très difficile », explique Stephen Fonseca, responsable des activités forensiques menées par le CICR en Afrique.

 

Les adaptations ou restrictions mises en place lors des enterrements et des rituels funéraires engendrent chez les proches des défunts une profonde détresse qui ajoute à leur souffrance. Il est essentiel d’expliquer clairement aux familles et aux communautés que les mesures mises en place sont indispensables dans un contexte d’épidémie mortelle de grande ampleur. Ce travail d’information a pour effet d’atténuer la souffrance psychologique des familles et de faciliter leur acceptation des restrictions.

En sa qualité de spécialiste de la gestion des dépouilles, le CICR adresse aux autorités compétentes les recommandations suivantes :

Tous les professionnels (de santé, etc.) chargés de la gestion des dépouilles doivent porter des équipements de protection individuelle adéquats car leur sécurité et leur bien-être constituent la priorité numéro 1.

Les dépouilles doivent être correctement identifiées et enregistrées, puis enterrées ou incinérées dignement, par respect pour les défunts et leurs familles.

Les autorités doivent s’assurer qu’elles disposent des structures requises pour l’entreposage des corps et de suffisamment de places d’inhumation, et faire en sorte que les enterrements et les crémations se déroulent dans le respect des normes culturelles et religieuses locales.

Des mesures de prévention devraient être mises en place en particulier dans les lieux de détention, les camps de réfugiés et les grands bidonvilles, notamment pour mettre un terme aux fausses rumeurs sur la maladie et pour aider les acteurs locaux à se préparer à faire face à un nombre de décès supérieur à la normale.

 

De nombreuses Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont une solide expérience de la gestion des dépouilles dans des contextes d’épidémies de maladies infectieuses ; elles se préparent actuellement à aider à la mise en place de conditions d’inhumation sûres dans les zones dépourvues de services mortuaires facilement mobilisables.

 

Le CICR mène des activités relatives à la gestion des dépouilles dans diverses régions du monde, notamment :

En Afrique

Tout plan de préparation et de gestion des situations de décès massifs doit comporter une estimation du nombre de places d’inhumation requis. C’est un impératif dans le contexte du Covid-19, au cas où le nombre de décès excéderait celui des places disponibles. Même dans l’éventualité où le nombre de morts exigerait de recourir à des tombes collectives – communément appelées fosses communes –, des protocoles peuvent être élaborés et mis en œuvre pour éviter les erreurs d’identification des corps et garantir leur traçabilité.

« Face au risque que l’Afrique connaisse un pic comparable à celui de l’Europe ou des États-Unis, notre priorité est d’aider les autorités à mettre en place des protocoles de gestion des dépouilles respectueux des défunts, ce qui exclut les mises en terre anonymes et précipitées. Les proches endeuillés doivent pouvoir se recueillir sur un lieu de sépulture clairement identifié. La planification et la préparation ont aussi pour but d’épargner aux familles des souffrances inutiles », indique M. Fonseca.

En Asie

Dans certains pays d’Asie, le CICR s’inquiète de l’impact qu’a eu sur les familles endeuillées la décision d’incinérer leurs êtres chers emportés par le Covid-19, au mépris de leurs croyances religieuses, par peur de la contagion. Alors que les autorités prennent les mesures qui s’imposent pour freiner la progression de la maladie, le CICR leur demande d’adopter les directives internationalement reconnues qui autorisent l’inhumation mais aussi la crémation des défunts, tout en permettant que les rites et les coutumes d’usage soient respectés, dans la mesure où la sécurité est garantie.

 

Les experts forensiques du CICR, en collaboration avec les autorités médico-légales de plusieurs pays (Afghanistan, Bangladesh, Indonésie, Myanmar, Pakistan et Philippines), élaborent des recommandations relatives à la prise en charge des personnes décédées du Covid-19. Le CICR est préoccupé par l’évolution possible de la situation dans les pays qui ne se sont pas dotés d’un plan d’urgence Covid ou qui n’ont pas réfléchi à la manière de gérer les dépouilles pendant une pandémie.

En Amérique centrale et du Sud

Pour aider l’Équateur à faire face à la crise sanitaire, le CICR a fourni au service national de médecine légale et de sciences forensiques 1 500 masques N95, 1 000 sacs mortuaires et 800 combinaisons de biosécurité. Ce matériel est destiné aux employés du service, mais également aux membres des forces armées et de police, ainsi qu’à d’autres organismes publics chargés de l’enlèvement, du transfert et de l’inhumation ou de l’incinération des corps, à Guayaquil et dans les zones environnantes. Un consultant externe engagé par le CICR conseille les autorités équatoriennes sur les meilleures pratiques de gestion des dépouilles.

Au Venezuela et en Colombie, le CICR fournit des équipements de protection individuelle et du matériel sanitaire aux morgues et aux hôpitaux, pour les aider à prendre en charge les corps des personnes décédées du Covid-19. Des experts forensiques du CICR émettent en outre des recommandations sur la gestion des corps des victimes à l’intention des autorités compétentes de nombreux pays de la région (Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, El Salvador, Équateur, Guatemala, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, Uruguay et Venezuela).

Dans la région Eurasie

 

En Ukraine, le CICR fournit des recommandations ainsi que des équipements de protection individuelle et des sacs mortuaires aux autorités, y compris à des employés des services forensiques. Le CICR apporte en outre un soutien technique à des organismes du secteur forensique opérant dans les zones contrôlées par les forces non gouvernementales dans l’est de l’Ukraine.

En Géorgie, le CICR distribue des sacs mortuaires et des équipements de protection individuelle aux employés des morgues. Il fournit également des recommandations et un soutien aux services forensiques de Géorgie, d’Ossétie et d’Abkhazie, de manière à ce que les corps des personnes décédées soient pris en charge avec dignité.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

 

Les habitants de plusieurs pays de la région disent craindre de ne pouvoir inhumer leurs morts selon le rite islamique, si un membre de leur famille venait à décéder des suites du Covid-19. On voit aussi parfois des gens hésiter à enterrer des victimes du coronavirus de peur d’être eux-mêmes infectés. Pour remédier à ces situations, le CICR dispense des recommandations et des conseils techniques sur la gestion des dépouilles et les procédures d’inhumation aux ministères compétents, aux autorités médico-légales et aux premiers intervenants. Il entretient aussi des contacts avec les autorités religieuses pour les aider à sensibiliser le public aux mesures qui s’imposent dans ces circonstances particulières.

 

Le CICR encourage les pays de la région à élaborer et/ou mettre en œuvre des plans de préparation et de réponse aux situations d’urgence, pour qu’ils soient en mesure de faire face à une éventuelle augmentation du nombre de décès dus au Covid-19.

 

 

Note à l’intention des autorités publiques compétentes : fort de l’expérience qu’il a acquise dans le domaine de la gestion des dépouilles en situation d’urgence, le CICR a élaboré une série de recommandations accessibles à tous en anglais, français, espagnol, arabe, russe et portugais, dans l’objectif de contribuer aux efforts déployés à travers le monde pour faire face à la pandémie de Covid-19.

 

Visitez notre site  www.cicr.org  ou suivez le CICR sur  facebook.com/ICRC/ et twitter.com/CICR_fr

 

FIN/INFOSPLUSGABON/PLK/GABON2020

 

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