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La Libye plus que jamais plongée dans le chaos, un an après l'offensive militaire contre Tripoli

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Tripoli, Libye, 3 avril  (Infosplusgabon) - L'offensive militaire lancée par le chef de l'armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, pour prendre le contrôle de Tripoli et toute la région de l'Ouest, franchit ce vendredi 3 avril sa première année, replongeant le pays dans le chaos sécuritaire et l'impasse totale dans le processus politique, sans avoir pour autant concrétiser ses objectifs.

 

Un an après l'aventure militaire de Haftar vers la capitale Tripoli, siège du gouvernement d'union nationale, présidé par Fayez al-Sarraj reconnu par la communauté, qu'il a voulu comme une opération éclaire pour prendre la ville, les forces de l'armée nationale libyenne basée à l'Est, sont toujours coincées aux portes de Tripoli, incapables de réaliser des progrès sur le terrain ni de les maintenir pour longtemps, en raison de la résistance des troupes de l'armée et des forces de soutien loyaux au Conseil présidentiel.

 

Fathi al-Rheibi, analyste politique libyen a déploré "le gâchis politique incommensurable occasionné par cette opération militaire à la veille de la tenue le 14 avril 2019 de la Conférence nationale inclusive libyenne dont elle a anticipé l'organisation, en faisant voler en éclat des mois de préparations et d'efforts inlassables de réunions et de consultations de la Mission d'appui des Nations unies (UNSMIL) et de son chef, Ghassan Salamé".

 

Pour lui, "le comble est que Haftar a fait fi de la volonté de la communauté internationale et de l'organisation qui l'incarne, à savoir, les Nations unies représenté dans la personne de son Secrétaire général, Antonio Guterres, qui était présent à Tripoli au moment de l'attaque alors qu'il était venu donner un coup de pouce d'encouragement à la Conférence libyenne qui devrait être un espace de concessions et de consensus entre les Libyens pour réglet leurs différend en mettant en place les solution politique pour régler la crise dans leur pays".

 

Pour M. al-Rheibi, "dopé par les soutiens de ses alliés qui lui assurent les équipements militaires et munitions, l'appui financier et politique au sein du Conseil de sécurité, Haftar n'a pas été embarrassé par la moindre gêne pour transgresser toutes les lois et conventions internationales en mettant en danger la vie de civils.

 

L'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, la Russie et la France constituent les principaux alliés de Haftar, rappelle-ton.

 

Mustapha al-Zouawi, professeur universitaire a souligné qu'"en s'attaquant à la capitale libyenne et les villes de l'Ouest du pays très urbanisées avec une forte densité de la population, Haftar et ses alliés étaient conscients des risques qu'ils faisaient encourir aux civils se trouvant dans ces zones".

 

Selon des statistiques des organisations des Nations unies plus de 152.000 personnes ont été déplacées en raison des combats entre belligérants libyens qui ont tué plus de 2.000 combattants et plus de 380 civils sans compter les blessés qui comptent par milliers pour les combattants des deux côtés et des centaines de civils.

 

Cette opération militaire a désorganisé la vie des Libyens et conduit à une récession de l'économie et à la précarité de la population confrontée à un manque d'accès aux services de base, l'électricité, les soins de santé, l'eau, le logement, l'alimentation avec des pénuries à répétition et le renchérissement du coût de la vie, de l'avis de diverses organisations onusiennes.

 

A cela, il faut ajouter la fermeture des ports et champs pétroliers depuis le 18 janvier par l'armée nationale libyenne de Haftar, principale source de revenu l'Etat libyen, accentuant davantage les souffrances des Libyens en cette phase critique que traverse le pays avec la perte de 3,908 milliards de dollars selon la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC).

 

Une situation qui s'est aggravée avec la propagation de l'épidémie du virus corona émergent dans le pays qui compte 11 cas confirmé dont un décès.

 

Les dispositions de prévention prises par les autorités sur l'ensemble du territoire aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est du pays relatives au couvre-feu, la fermeture des frontières , de l'espace aérien, et le confinement de la population, ont eu des répercussions sur les citoyens en particulier à Tripoli qui subit quotidiennement des bombardements avec la chute d'obus et de missiles sans interruption.

 

Des civils sont tués et blessés lors de la chute d'obus sur leurs maisons alors qu'ils sont sensés rester à domicile pour éviter la contamination au coronavirus.

 

Pour Slah Fitouri, activiste de la société civile libyenne "l'escalade de la violence s'est aggravée depuis l'arrivée du corona dans le monde", ajoutant que "les pays étant préoccupés par la lutte contre ce virus motel se sont concentrés sur leur propres pays ce qui a fait que les affrontements armés se sont intensifiés en Libye".

 

Il a estimé que "Haftar semble profiter de cette conjoncture particulière que traverse le monde pour mettre à exécution ses plans bien qu'il soit établi que la guerre ne peut constituer une solution sinon elle aurait permis la victoire d'un camp sur l'autre", soulignant qu'"une année de combats, de bombardements et de tueries n'ont permis à aucun camp de prendre l'avantage sur l'autre étant donné que les forces sont équilibrées".

 

"La poursuite de la guerre ne sert que les intérêts des pays étrangers qui s'ingérèrent  sans vergognes dans les affaires libyennes car ce sont les civils qui sont les premières victimes et ils subissent les bombes et les balles qui détruisent leurs maisons", a-t-il souligné.

 

En effet, la tension militaire en Libye se poursuit ces derniers jours avec une multiplication des attaques et des frappes aériennes ainsi que les tirs de missiles malgré les appels tant au niveau local qu'international.

 

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a appelé à une trêve humanitaire pour laisser la chance aux autorités libyennes locales de mieux lutter contre le coronavirus. Un appel auquel se sont joints des diplomates de 8 pays dont les Etats-Unis.

 

Hamza al-Sayeh un cadre dans une administration publique à Tripoli rappelé qu'"une seconde chance a été donnée aux Libyens pour trouver une solution politique préservant l'unité , l'intégrité et l'indépendance de la Libye à travers la Conférence de Berlin organisée le 19 janvier", ajoutant que "cette rencontre pour laquelle la chancelière allemande s'est profondément investie pour sa réussite a visé à harmoniser la position de la communauté internationale qui a fait défaut jusqu'à présent dans le règlement du dossier libyen".

 

Il a ajouté que "cette Conférence a débouché sur un processus de dialogue composé de trois volets de pourparlers, à savoir, économique politique et militaire et l'engagement des pays étrangers impliqués dans les affaires libyennes à respecter l'embargo sur les armes et à cesser toute ingérence".

 

M. al-Sayeh a souligné que "ces engagements n'ont été que des positions de façade car le flux des armes a continué à se déverser sur la Libye, de l'avis même des Nations unies qui ont déploré cette situation".

 

Il a ajouté que "là aussi le camp de Haftar comme il a torpillé auparavant l'accord de cessez-le-feu à Moscou le 12 janvier destiné à fixer la trêve observée grâce à l'appel des présidents turcs Recep Tayyip Erdogan et russe, Vladimir Poutine, a adopté une attitude d'atermoiement refusant de signer quelconque engagement ou de respecter les ententes convenues sous la médiation des pays".

 

Face à l'impasse dans les progrès des pourparlers sur les volets notamment politique et militaire, l'émissaire de l'ONU Ghassan Salamé a démissionné, plongeant le pays dans une nouvelle impasse qui se perpétue depuis le deux mars.

 

Les Libyens sont déboussolés par ces échecs répétitifs de toutes les médiations et les bons offices menés pour trouver une issue pacifique en Libye.

 

La conjoncture actuelle avec cette pandémie qui accapare toute l'attention des dirigeants du monde, laisse présager la perpétuation de l'impasse en Libye avec les risques d'un embrasement généralisé dans le pays alors que le pays doit relever le défis de la lutte contre le Covid-19, un fléau aussi destructeur que la guerre fratricide que se livrent les belligérants libyens.

 

FIN/INFOSPLUSGABON/PUC/GABON2020

 

 

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