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Après la guerre, le coronavirus, les Libyens se retrouvent face aux risques d'une pénurie alimentaire

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Tripoli, Libye, 3 avril (Infosplusgabon) - Confrontée depuis environ une décennie à un conflit armé meurtrier ayant entraîné un chaos sécuritaire attisé depuis le 4 avril par la guerre de Tripoli qui a ébranlé l'économie du pays et les secteurs de productivité, la Libye s'est retrouvée, à l'instar des autres pays du monde prise dans la tournante de la pandémie du coronavirus et ses défis majeurs auxquels vient s'ajouter le spectre d'une pénurie alimentaire.

 

Certes , ce n'est pas la Libye qui risque, à elle seule, de se retrouver face à une pénurie mais une crise mondiale des produits alimentaires se profile l'horizon à la lumière du communiqué conjoint lancé par trois organisations spécialisées des Nations unies qui ont alerté contre la possibilité d'un dérèglement du système d'approvisionnement alimentaire mondial en raison de la propagation de l'épidémie du Covid-19.

 

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ainsi que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont fait part de leurs inquiétudes quant à la possibilité d'une pénurie alimentaire mondiale en raison de la perturbation des circuits de distributions notamment l'exportation.

 

Ces organisations spécialisées des Nations unies ont mis aussi l'accent sur le repli que semble adopter chaque pays dans le cadre de mesures préventives de lutte contre le virus corona avec les fermetures de frontières, d'espace aériens et maritimes de nature à entraîner un arrêt des échanges commerciaux en particulier pour les produits alimentaires.

 

"Les incertitudes liées à la disponibilité de nourriture peuvent déclencher une vague de restrictions à l’exportation" chez certains pays ont mis en garde ces organisations onusiennes.

 

L'exemple de l'Union européenne dont le modèle a été construit sur la supranationalité et la délégation de certains actes de souveraineté de ses pays membres  à l'Union avec un marché commun et un espace unique ouvert, celui de Schengen, a été mis à rude épreuve depuis le déclenchement  de l'épidémie du coronavirus qui a contraint certains pays européens à fermer leurs frontières à leurs voisins européens et a réinstaller les contrôles aux frontières qui avaient disparus ces dernières années.

 

Une situation qui a démontré la limite du modèle de solidarité européenne poussant certains italiens dont le pays est frappé de plein fouet le Covid-19 qui fait des ravages avec des recors de décès atteignant mille par jour, à songer à suivre l'exemple de la Grande Bretagne en demandant un "Italiexit" à l'instar du "Brexit" qui est une sortie de l'Union européenne.

 

Cette pandémie du coronavirus a levé un coin du voile sur l'égoïsme de certains pays dans un élan "de sauve qui peut" qui en dit long sur l'esprit d'humanisme et de solidarité qui devrait animer la planète face au danger commun.

 

En effet la Tchéquie a détourné une aide chinoise qui était destinée à l'Italie après avoir transité par son territoire.

 

Des présidents de régions de la France se sont plaints aussi que leurs commandes de masques sanitaires passées auprès de la Chine soient arrachées par les américains sur le tarmac de l'aéroport en payant le prix fort et en liquide.

Dans ce sauve qui peut, ou chacun songe à soi, la Libye se trouve désavantagée.

 

Le problème de la Libye, riche pays pétrolier possédant d'importantes réserves en hydrocarbures, en faisant le quatrième producteur en Afrique , à l'instar des pays pétrolier, importe tout ses besoins de l'étranger ce qui la rend plus vulnérable que les autres et l'expose à subir davantage ce repli des pays sur eux-mêmes.

 

Le 29 mars dernier Abdulrahman Ghummied, un consultant libyen en marketing a tweeté que "le monde est au bord d'une grave pénurie de denrées et de produits alimentaires, de sorte que le taux d'exportation à l'étranger sera beaucoup plus faible", ajoutant que "l'État libyen qui n'est pas un pays producteur et consomme uniquement et ne possédant pas d'usines et vit seulement de l'importation".

 

Il s'est demandé, "quels sont les plans réalisés par le ministère de l'Economie pour résoudre ce problème ou en réduire la gravité sur le peuple !!"

 

Une position qui a été partagée par Ghaith Chennib, un libyen résident à l'étranger qui lui a répondu que " Malheureusement, le président (du Conseil présidentiel) et la Banque centrale (gouverneur de la Banque centrale à Tripoli) n'ont toujours pas convenu d'ouvrir l'importation et la vente de devises".

 

Il a ajouté aussi que "Haftar continue toujours de fermer le pétrole", prédisant que "la situation sera très mauvaise si on ne prend pas de mesures urgentes pour sauver la situation", en allusion aux autorités du pays.

 

Jeudi le Conseil présidentiel a critique le gouverneur de l Banque centrale de Libye, Seddik al-Kebir, l'accusant de faire cavalier seul et de "s'ingérer dans la politique de l'Etat", demandant à ce que le "conseil d'administration de la BCL se réunisse par vidéo conférence afin de s'acquitter de son rôle de mise en œuvre de la politique monétaire du pays et de verser les salaires et les allocation pour les importations.

 

L'armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar a fermé les ports et champs pétroliers du pays occasionnant à la Libye un manque à gagner de plus de 3,8 milliards de dollars depuis le 18 janvier entraînant une baisse de la production à moins de 90.000 b/j contre plus de 1,2 million de barils par jour avant l'opération de fermeture de sites pétroliers.

 

Pour Nourri Ibrahim Mohtar, un professeur universitaire libyen, "à cette situation il faut ajouter l'effondrement de l'Etat libyen qui n'arrive plus à imposer sa volonté en l'absence d'organes de sécurité et de l'armée lui permettant de mettre en œuvre ses décisions".

 

Il a ajouté que "l'Etat est gangrené par une corruption généralisée qui a atteint des niveaux sans précédent, jamais vu par un autre pays".

 

M. Mokhtar a cité "les scandales de corruption et de faux marchés ainsi que les pots-de-vin rapporté sur les réseaux sociaux avec document à l'appui", soulignant que "l'insécurité et la faiblesse de l'Etat ont favorisé la corruption dans l'appareil de l'Etat".

 

Outre cette question de gestion de deniers publics auquel est confronté la Libye, un autre problème se pose pour ce pays qui dépend à plus de 95% des revenus pétroliers, en raison du recul de la pratique de l'agriculture ces dernières années.

 

Abdelbari Mohamed Abouzid, analyste politique a rappelé que "les libyens ont déserté l'agriculture depuis des décennies et ont abandonné la culture de l'orge", ajoutant qu'"outre les conditions climatiques avec la baisse de la pluviométrie, et les problèmes d'irrigation en raison de la destruction du réseau d'adduction d'eau de la rivière artificielle, des problèmes des semences locaux qui ont disparu se posent".

 

Il a ajouté que dans la région "seul le Maroc et la Tunisie en dispose actuellement", déplorant que "la Libye ne compte plus aujourd'hui que sur les semences génétiquement modifiées (OGM) si qu'on ne peut plus cultiver une deuxième fois".

 

Ce recul de l'agriculture constitue un handicap pour un pays doté d'atouts majeurs avec de vastes étendues de terres cultivables à l'Ouest du pays et au Centre un climat méditerranéen propice à la pratique de l'agriculture notamment les oliveraies, et la culture des agrumes tandis que le Sud du pays regorge de palmier dattiers avec diverses de variétés qui reflètent  la richesse dont regorge cette région.

 

Ainsi, cette situation favorise la précarité du pays eu égard à sa dépendance de l'extérieur pour sa nourriture.

 

A cet égard, le chef de l'Etat major de l'armée nationale libyenne, le général Aderrazak al-Nadhouri, président du Comité supérieure de lutte contre le coronavirus dans l'Est du pays, a affirmé que les stocks alimentaires peuvent suffire pour huit mois, une annonce qui a suscité un tollé parmi les libyens qui ont mis en doute sa véracité.

 

Selon eux, si c'était le cas les prix auraient gardé leur niveau au lieu de s'envoler, assurant que l'offre est en deçà de la demande sur le marché ce qui explique la volatilité des tarifs des produits alimentaires.

 

En effet, depuis le propagation de l'épidémie du coronavirus, les prix ont flambé se multipliant par 10 , 15 et 20 alors que les conditions de vies des citoyens se sont détériorées à cause de la guerre de Tripoli qui entre dans sa deuxième année.

 

Par ailleurs, les craintes de la propagation où le pays a enregistré dix cas confirmés d'infection au virus Corona se sont reflétées dans l'économie libyenne, en particulier le mouvement commercial, augmentant les souffrances continues des Libyens.

 

"Le mouvement du commerce extérieur, en particulier l'importation de marchandises, a été le premier secteur à être affecté par les répercussions de virus Corona, car le pays a de grandes difficultés à acquérir l'approvisionnement des biens de consommation après la fermeture des frontières terrestres avec l'Algérie et la Tunisie", a souligné le président de la Fédération des chambres de commerce, Mohamed al-Rayed, cité par le journal al-Wassat, ajoutant que la Chambre "avait exclu l'importation à partir de la Chine et des pays européens en raison des risques pour la santé pouvant résulter de l'importation de ces matières".

 

Il a expliqué que "les marchandises importées de Chine étaient limitées aux accessoires et à certains produits agricoles en raison de leurs bas prix par rapport à d'autres pays".

 

On dit que le monde d'avant la crise du coronavirus ne sera pas le même que celui de l'après coronavirus, espérons qu'en Libye , elle favorise un regain d'intérêt pour le domaine de l'agriculture en faisant que les Libyens en tirent la leçon et s'attèlent à assurer leur autosuffisance alimentaire et trouver une source de revenue alternative au pétrole.

 

 

 

 

FIN/INFOSPLUSGABON/PUC/GABON2020

 

 

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