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L'insécurité en Libye fait craindre une explosion incontrôlable de l'épidémie du COVID-19

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Spécial  Coronavirus

Tripoli, Libye, 23 mars (Infosplusgabon) - Encore miraculeusement épargnée de toute infection au coronavirus, la Libye suscite, toutefois, des appréhensions à l'égard de la possibilité d'une explosion de la pandémie, pouvant déborder pour atteindre des proportions incontrôlables, en cas de persistance de l'insécurité et des affrontements armés qui secouent la capitale libyenne depuis plus de onze mois ainsi que d'autres régions du pays.

 

Une situation qui a poussé huit pays dont les Etats-Unis et des organisations internationales telles que l'Union européennes et les Nations unies à demander une pause humanitaire afin de laisser l'opportunité aux efforts des autorités locales du pays à faire face au virus Corona.

 

Il s'agit de permettre, dans cette période où ce virus mortelle fait des ravage partout dans le monde et où les citoyens libyens confinés chez eux en prévention à la propagation de la maladie, de bénéficier de l'aide humanitaire et de secours en collaboration entre les autorités libyennes les organisations des Nations unies comme l'OMS et les partenaires internationaux qui soutiennent les efforts  pour éviter une épidémie dans ce pays de l'Afrique du Nord au système de santé défaillant après toutes ces années de chaos sécuritaire.

 

La vitesse de propagation de la maladie et son taux élevé de contamination en l'absence des mesures draconiennes de prévention et de non-respect de ces dispositions, font craindre le pire en Libye, en proie aux divisions avec deux gouvernements , l'un dit d'union nationale reconnu par la communauté internationale siégeant à Tripoli et l'autre intérimaire allié à Haftar installé à Beidha (est).

 

L'exemple de l'Italie, ancienne puissance coloniale et pays européen, entièrement ravagé par cette maladie qui a fait, samedi, 793 morts en une seule journée, malgré son système de santé performant, en se retrouvant débordé pour n'avoir pas anticipé l'épidémie et en raison du non-respect, au départ, par certains citoyens des mesures de confinement, est édifiant à ce sujet.

 

Avec le retour de ressortissants libyens rapatriés des pays étrangers dont des voisins touchés par le coronavirus à l'instar de l'Egypte, de l'Algérie, de la Tunisie et plus loin la Turquie, les risques d'importation de cas d'infection sont accrus pour la Libye d'où les inquiétudes qui ont commencé à se faire sentir auprès des différentes autorités.

 

Dans ce contexte, les autorités libyennes des deux camps ont proclamé des dispositions préventives allant de l'instauration de l'état d'urgence, du couvre-feu, et de la mobilisation générale en passant par la fermeture des frontières terrestres et de l'espace aérien, l'interdiction de rassemblements sur les lieux publics en particulier, les mosquées, écoles et autres parcs, restaurants et cafés.

 

Conscients des risques énormes encourus en cas de la persistance des affrontements armés qui pèsent sur les citoyens dont la vie est menacée à chaque instant par la chute d'un obus ou d'un missile tirés au hasard sur leurs maisons, le Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale présidé par Fayez al-Sarraj et l'Armée nationale libyenne dirigée par le maréchal Khalifa Haftar ont souscrit à l'appel international pour une pause humanitaire en arrêtant les combats.

 

Une initiative qui a été saluée par le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres qui a espéré que l'arrêt des combats puisse contribuer à favoriser l'accès à l'aide humanitaire partout dans le pays et à juguler la menace d'une épidémie de coronavirus dans un pays dévasté par le guerre et l'insécurité depuis la révolution du 17 février 2011.

 

M. Guterres a formulé l'espoir, selon son porte-parole, que cette trêve humanitaire se transforme en une cessez-le feu permanent conformément aux réunions du Comité militaire conjoint libyen 5+5 tenues à Genève sous les auspices des Nations.

 

Dans l'impasse depuis le 2 mars à la suite de la démission de l'envoyé de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, les pourparlers militaires et de sécurité ont réalisé deux rounds dont le dernier le 23 février, a débouché sur un projet de cessez-le feu qui a été remis aux délégués de chaque camp pour consulter leurs dirigeants avant de revenir pour le finaliser.

 

Le projet de cessez-le-feu, a trait, entre autres, à l'arrêt des combats, le retrait des équipements militaires lourds et groupes armés et le retour des personnes déplacées dans les zones d'affrontements.

 

A noter que, selon les statiques des organisations de l'ONU, plus de 152.000 personnes ont été déplacées depuis le 4 avril à la faveur de l'offensive militaire de l'armée de Haftar pour prendre le contrôle de Tripoli.

 

Ces personnes déplacées vivent dans des conditions difficiles marquées par l'absence d'accès aux services de base comme l'eau l'électricité, le logement  et les soins, ce qui pourrait avoir des répercussions graves sur les mesures de lutte contre la propagation contre le virus Corona.

 

D'ailleurs la pandémie du COVID-19 a suscité un grand débat via les réseaux sociaux en Libye eu égard aux conditions dans lesquelles se trouve le pays face à ce fléau.

 

La pandémie de Covid-19 a touché la quasi-totalité du globe, le nombre de contaminations au coronavirus a atteint ce dimanche plus de 311.000 cas confirmés, dans 169 pays et territoires. Au total, 13.407 personnes sont décédées, tandis que 93.790 autres ont guéri.

 

Des vidéos sont publiées par des internautes libyens dans lesquels ils évoquent l'impact de la pandémie sur leurs pays, appellent leurs concitoyens à prendre conscience du danger encouru en cas de non respect des consignes des autorités sanitaires.

 

Un jeune, la quarantaine d'années, pratiquant une activité de profession libérale qui s'appelle M.B.Z s'est insurgé contre la poursuite de la guerre en Libye en ces temps de propagation de cette épidémie du coronavirus, soulignant qu'"elle lui a fait comprendre que la futilité pour les frères libyens de s'entretuer pour rien alors qu'un danger imminent les guette capable de tout exterminer devant lui".

 

Dans cette vidéo pathétique, ponctuée parfois des moment d'émotions intenses au cours desquels il pleure à chaudes larmes, M.B.Z s'en est pris "aux commerçants et vendeurs qui exploitent la situation pour s'enrichir sur le dos du simple citoyen".

 

"Des produits ont vu leur prix grimper plus de 5 fois, dix fois et même plus après l'annonce des dispositifs de lutte contre corona", a-t-il déploré, soulignant que "des articles qui étaient à 5 dinars se retrouvent à 50 dinars d'autres à 20 dinars montent à 90 dinars (1 dollar = 1, 39 taux officiel mais sur le marché noir il s'échange contre 4,85 dinars)".

 

N'appartenant à aucun des camps en conflit, il a exhorté les politiciens "à mettre l'intérêt de la Libye au dessus de tout autre considération pour préserver l'unité du pays et la cohésion des citoyens", soulignant qu'"ils doivent agir pour empêcher la propagation du virus corona en cessant les affrontements car il ne veut pas voir ses concitoyens tomber dans les rues terrassés par la maladie comme cela s'est passé en Chine et dans d'autres pays".

 

Un médecin professeur dans une faculté de médecine à Tripoli a appelé, dans une vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux "les citoyens à rester cloîtrés chez eux, et ne compter que sur eux-même pour se prémunir".

 

Il les a invités "à ne pas prendre la maladie à la légère eu égard à la facilité et la rapidité de la contamination", soulignant "la nécessité de suspendre les visites entre les parents et de se contenter des contacts téléphoniques notamment pour ceux qui ont des parents âgés ou souffrant de maladies chroniques comme la tension artérielle, le diabète ou une insuffisance rénale".

 

Selon lui, "les capacités d'accueil des hôpitaux du pays sont limitées à peine 100 lits en réanimation en combinant avec les moyens des structures hospitalières privées".

Rappelons que le directeur du Centre national libyen de lutte contre les maladies, Dr Bedreddine al-Najjar s'est félicité de la réaction positive des citoyens qui ont observé l'auto-confinement en ne sortant pas massivement et en évitant les lieux de rassemblements.

 

Concernant les moyens sanitaires, les autorités libyennes s'emploient à fournir tous les équipements nécessaires et médicaments  et à augmenter les capacités du pays à faire face à l'épidémie.

 

Ainsi, le ministère des Affaires étrangères du gouvernement d'union nationale s'est réjouit  "de la coopération avec la Chine, qui a fournit cinq experts médicaux pour communiquer avec le Centre national de lutte contre les maladies pour lutter contre l'épidémie de Corona)".

 

Le ministère a indiqué, dans un tweet, dimanche qu'il "a envoyé tous les besoins et fournitures médicales à la Chine à la demande du Centre national de contrôle des maladies" après que la Pékin a exprimé sa disponibilité à aider la Libye face à la prévention du COVID-19.

 

Mais la question qui se pose avec insistance est le degré de respect des belligérants à la pause humanitaire pour lutter contre le coronavirus lorsqu'on sait que bien après l'annonce de l'acceptation par les deux camps, les tirs des obus et missiles ont continué tuant entre samedi et dimanche 7 personnes et en blessant 7 autres à Aïn Zara et Gasr Ben Ghachir, au sud de Tripoli.

 

Imed Fraj al-Chweirif, analyste politique libyen "ne croit pas que cette trêve puisse être respectée longtemps par les acteurs au conflit", soulignant "l'absence de mécanisme de contrôle de cette pause humanitaire".

 

En outre, il a affirmé que "les pays du monde sont préoccupés par leurs problèmes internes pour faire face à la lutte contre le coronavirus et qu'ils n'ont pas le temps de faire entendre raison aux belligérants en Libye ni de les contraindre à respecter leurs engagements".

 

M. al-Chweirif a estimé que "les appels des pays et celui de l'Union européenne et de l'ONU à la trêve demeure formel et sa mise en œuvre sera difficile car il sera violé à la première opportunité eu égard aux préparatifs à la guerre à laquelle se sont livrées les parties à travers le transfert continue des armes et combattants sur les différents fronts".

 

 

FIN/INFOSPLUSGABON/RET/GABON2020

 

 

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