Libye : Une intervention militaire étrangère est-elle nécessaire ou un risque? (analyse)

25 Janvier 2016

Libye-Politique-Paix

Par Youssef Ba

LIBREVILLE, 25 janvier (Infosplusgabon) –   La circulation d'informations sur la présence de troupes militaires occidentales s'est intensifiée ces derniers jours en Libye en parallèle avec la montée de la branche libyenne de Daech (Etat islamique) en Libye et la multiplication de ses attaques, notamment dans la région du Croissant pétrolier, illustrant la menace et le danger que constitue cette organisation aussi bien pour les Libyens en raison de sa capacité de nuisance que pour les pays de la région et le monde entier.

  L'information a été relayée par le journal "Chargh al-Awsat" (Moyen-Orient) dans un article publié le samedi, annonçant que des équipes militaires britannique, russe et américaine sont arrivées en Libye pour soutenir le nouveau gouvernement d’union nationale.

 Des dizaines de soldats et de policiers sont arrivés à la base militaire Gamal Abdel Nasser, au sud de Tobrouk (est), où le Parlement tient ses sessions, alors qu'un petit groupe de militaires américains a atterri à l'ouest de Tripoli, a précisé  le journal paraissant à Londres.

  Mais le porte-parole  du Bataillon Aboubakr stationnée à la base aérienne al-Wattayah (ouest), lieutenant Mustapha Agual, a nié l'arrivée de quelconques troupes étrangères sur cette base.

  D'un autre côté, une source de la base aérienne de Maitiga à Tripoli a démenti que des troupes américaines, britanniques ou russes soient venues sur la base.

 Le commandant de la base aérienne Gamal Abdel Nasser au sud de la ville de Tobrouk (est) a également nié avoir reçu des forces étrangères comme rapporté par des médias,  notamment le journal Moyen-Orient.    L'information est arrivée aux oreilles des responsables libyens dont certains ont réagi.

 Le vice-président du gouvernement de réconciliation nationale,  Ahmed Miaitig, a déclaré que le gouvernement d'union n'accepteront pas la présence de troupes étrangères en Libye, affirmant que nous pouvons protéger le pays sans ces troupes.

 M. Maitig a indiqué que la Libye n'a pas besoin d'accepter l'offre de la Grande-Bretagne d'envoyer mille hommes de ses troupes pour former les troupes libyennes.

  "Le gouvernement de réconciliation nationale se félicite de toute assistance logistique et technique des pays occidentaux, mais les Libyens n'accepteront pas la présence de troupes étrangères dans leur pays, même si elles sont à des fins de formation", a souligné le responsable libyen.

  Les journaux britanniques avaient rapporté plus tôt ce mois-ci, que la Grande-Bretagne envisageait d'envoyer environ un millier de ses troupes en Libye, notamment des experts militaires en surveillance et reconnaissance au sein de la coalition de forces internationales dans une tentative d'arrêter l'avancée de l'organisation Daech vers les champs de pétrole.

 Toutefois, un membre de la commission de la Défense et de la sécurité à la Chambre des représentants, Tariq al-Jerouhi a reconnu la présence d'éléments militaires étrangers, affirmant dimanche qu'un comité d'experts militaires de spécialistes internationaux de lutte contre le terrorisme, dont des militaires à la retraite est finalement arrivé en Libye, pour former des éléments de l'armée dans la lutte contre le terrorisme.

 Selon al-Jerouchi qui s'exprimait à la presse, le Comité est composée d'experts internationaux spécialisés dans la lutte contre le terrorisme, mais pas de forces militaires, précisant que leur nombre ne dépasse pas 11 personnes provenant de divers pays étaient présents dans la région orientale. Ils ont rencontré des dirigeants de l'armée et de l'état-major général, notant que le Comité est présent pour former certains éléments de l'armée sur l'utilisation de dispositifs et les communications électroniques et l'espionnage.

  M. al-Jerouchi a affirmée dans ce contexte qu'on ne doit pas toucher à l'armée et qu'il y ait un soutien aux institutions militaires et de sécurité clair dans leur guerre contre le terrorisme. Ces conditions devraient être inclus dans l'accord politique en Libye, a indiqué le député.

  L'arrivée des forces militaires étrangères en Libye a été placée dans le cadre des préparatifs d'une intervention militaire étrangères contre Daech en Libye, bien que le bureau de presse de l'armée ait immédiatement nié l'arrivée de ces troupes.

 Toutefois, les attaquées répétées ces derniers jours de Daech contre des sites pétroliers en Libye, poussent les puissances occidentales à œuvrer à mener une actions militaires en Libye contre l'organisation.

 Ainsi les forces occidentales se préparaient à lancer des raids contre les organisations terroristes en Libye dont l'organisation de l'Etat islamique branche libyenne de Daech qui contrôle des villes et des régions en Libye, après des opérations de suivi et de surveillance des activités de l'organisation au cours de la période écoulée, ont indiqué des observateurs de la scène en Libye. Ces mêmes observateurs ont noté, que les opérations militaires seront lancées à partir de base italiennes pour frapper des cibles spécifiques en Libye dont la nature n'a pas été identifiée.

 Le journal italien "Afinira"  a écrit dimanche, qu'une réunion des responsables des ministères de la Défense aux Etats-Unis, en France, en Grande-Bretagne et en Italie a été tenue à Rome pour mettre en place les dispositions et plans d'un soutien militaire au gouvernement de réconciliation nationale libyenne.

 Cette rencontre intervient en préparation pour faire face à la menace posée par les djihadistes et l'organisation Daech en Libye dans le cadre  "non seulement de la protection des Libyens mais de tout le monde", a écrit le journal.

  Selon le journal italien, parmi les options qui ont été discutés lors de la réunion, la possibilité d'envoyer des troupes italiennes pour aider à créer une force locale contribuant à la stabilité, ainsi que la reprise d'un programme du Pentagone pour former les forces libyennes pour lutter contre le terrorisme.

  Ce même journal a cité "The Washington Post" américain reprenant une déclaration d'un haut responsable américain qui a affirmé que plusieurs préparatifs sont en cours à cet égard, ajoutant qu'" il y a des limites à ce qui peut être fait", en allusion à la nécessité de soutenir le gouvernement de réconciliation nationale pour être avec la communauté internationale dans une ligne parallèle à faire face à la menace du terrorisme .

 Incontestablement, une action militaire étrangère en Libye est inévitable pour venir à bout de Daech. Mais c'est la nature de cette intervention qui va assurer son succès. Si l'on se borne à engager des troupes au sol, cela aura des répercussions contre-productives car tout le monde sera ligué contre la présence de troupes étrangères au point de faire occulter l'objectif principal, à savoir : battre Daech.

 La seule option efficace est d'offrir un appui technique avec une couverture aérienne qui va mettre hors d'état de nuire l'artillerie lourde de Daech et autres groupes djihadistes.(Source  Pana).

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