Grève des médecins zimbabwéens suite à la disparition de leur leader syndical

17 Septembre 2019

Harare, Zimbabwe, 17 septembre (Infosplusgabon) - Les médecins du Zimbabwe, tant du secteur privé que du secteur public, ont suspendu leurs prestations de services suite au présumé enlèvement de Peter Magombeyi, président de la ZHDA (Association des hôpitaux du Zimbabwe), samedi.

Ce mouvement était consigné dans une lettre envoyée au bureau du Président Emmerson Mnangagwa lundi matin par près d’un millier de médecins qui avaient barricadé les passages menant à ses bureaux dans le quartier central des affaires de Harare.

Cependant, les médecins ont été empêchés d’accéder aux bureaux de Mnangagwa grâce au déploiement de la police qui les a empêchés de traverser la route menant à la Présidence.

''La question est adressée au premier citoyen du pays, Son Excellence, le président du Zimbabwe, ED Mnangagwa, par les médecins titulaires de toutes les institutions gouvernementales. Nous médecins-chefs des établissements publics de santé publique, avons tenu une réunion aujourd'hui, 16 septembre 2019, à l'hôpital Parirenyatwa (le plus grand hôpital public à Harare)’’, indique la correspondance.

''Nous avons discuté de la disparition de notre collègue, le docteur Peter Magombeyi, qui aurait mentionnée au poste de police de Budiriro, son numéro d’identification 4085997. Le lieu où se trouve le docteur Magombeyi reste inconnu et nous sommes sérieusement préoccupés par son sort. Nous exigeons sa libération sans condition pour qu'il retrouve sa famille.

''Pendant ce temps, nous avons suspendu nos prestations à partir de 16 heures, le 16 septembre, en tant que praticiens des services publics et privés''.

Selon la ZHDA, l'enlèvement présumé aurait été commis samedi vers 22h par trois assaillants soupçonnés être des agents de la sécurité de l'État.

''L'enlèvement a été précédé de nombreuses menaces anonymes adressées au Dr Magombeyi, notamment un SMS transmis par le numéro 0786645911 indiquant: ’’Usazoti, je ne vous ai pas prévenu. Ramba Uchita Nharo. Uchatorwa nechampupuri. Nous nous rapprochons maintenant'' (Traduction: Ne dites pas que je ne vous ai pas prévenu. Continuez votre comportement et vous serez enlevé. Nous nous rapprochons''.), a déclaré la ZHDA.

On a entendu parler de Magombeyi pour la dernière fois après avoir son texto envoyé à un groupe ZHDA WhatsApp où il était écrit: ''Enlevé par 3 hommes. Fam 0715320465'', juste avant sa disparition.

L’enlèvement de Magombeyi intervient alors que la ZHDA négocie actuellement avec l’État sur les conditions de travail des médecins, qui ont entamé une grève au début de la semaine dernière.

Actuellement, les jeunes médecins gagnent environ 400 dollars ZWL (dollars zimbabwéens soit 30 dollars américains) en tant que salaire de base et une "indemnité de garde" d'environ 1.000 ZWL (soit 75 dollars américains) par mois. Pendant ce temps, le coût de la vie mensuel a grimpé à près de (2664 ZWL), soit 200 dollars américains.

''Le Dr Magombeyi qui dirige le mouvement de revendication actuelle des médecins du public et la ZADHR (Association zimbabwéenne des médecins pour les droits de l'homme), pense que son enlèvement est le résultat de ses activités de défense des droits des travailleurs de la santé. La multiplication des attaques contre les professionnels est un obstacle au réengagement international car cela confère un image négative au pays'', a déclaré la ZADHR.

Le ministre de la Santé, Obidiah Moyo, a depuis publié une déclaration dans laquelle il s'engage à localiser Magombeyi.

''Nous avons été informés de la présumée disparition du Dr Peter Magombeyi, président par intérim de la Zimbabwe Hospital Doctors Association, et notre employé de l'hôpital de Harare dans le cadre d'un cas d'enlèvement. En tant que ministère de la Santé et de la Garde d’enfants, cette situation nous préoccupe'', a-t-il déclaré.

''J'ai donc personnellement mis à contribution les services de sécurité de l'État qui se sont engagées pleinement à déployer des ressources pour retrouver le Dr Magombeyi et rien ne sera laissé au hasard. En tant que ministre de tutelle, mon département est soucieux du bien-être, de la sécurité de tous ses cadres''.

Il a indiqué que son ministère prenait cette affaire très au sérieux.

Au moment de rédiger cet article, une veillée de prières était organisée à l’hôpital Parirenyatwa de Magombeyi.

L'enlèvement de Magombeyi est le dernier d'une série d'enlèvements de personnalités qui ont manifesté contre le gouvernement suite à la détérioration de la situation politique, sociale et économique.

Depuis janvier, plus de 50 dirigeants de la société civile, des syndicats et de l’opposition ont été enlevés au Zimbabwe, sans aucune arrestation.

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