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Europe : La guerre anti-réfugiés aura lieu

Par Aliou TALL

LIBREVILLE, 21  septembre (Infosplusgabon) –  Au  rythme  où  évoluent les  choses, il  faudrait  s’attendre  à  un effet boomerang de la turpitude et de l’islamophobie occidentales   car le  traitement des réfugiés syriens par la police hongroise rappelle des moments inhumains de la deuxième guerre mondiale.

 

 

En principe, on ne peut pas obliger un Etat à recevoir des réfugiés. Mais l’Europe, par ses engagements conventionnels et sa responsabilité dans la déstabilisation du Moyen Orient, est tenue de participer à la réparation des dégâts causés en offrant l’asile à des réfugiés, malgré l’islamophobie manifestée par une partie de sa population. Toute autre turpitude de sa part mènera inéluctablement à l’internationalisation du conflit syrien.

 

L’occident a semé les germes de conflits au Moyen Orient, il en récolte des flux de réfugiés.

En droit de l’environnement et en droit économique, le principe pollueur-Payeur  impose aux auteurs de pollutions d’en assumer la responsabilité et la réparation des préjudices causés. Ce principe, adopté par l’OCDE dès 1972, devrait être appliqué à la crise des réfugiés de guerre.

 Les pays qui, par la préservation de leurs intérêts économiques et stratégiques, mènent des guerres extérieures qui  engendrent des vagues de réfugiés, devraient en assumer les conséquences.  Dès lors, il faut réfléchir à  la mise en place d’un principe « déstabilisateur – hébergeur ». La turpitude occidentale, qui consiste à fournir des armes aux belligérants, à mener des guerres idéologiques et stratégiques en Irak, en Lybie et en Syrie, doit être assumée.

 

La guerre anti-réfugiés latente

 Les tendances belliqueuses de personnes influentes et médiatiques comme Bernard Henri Levy, un  philosophe spécialiste de tout, vont inciter les politiques à renouer avec le cycle infernal et interminable de la guerre au Moyen Orient. L’opinion est aussi préparée à une guerre contre l’Etat Islamique en Syrie. Mais on ne promeut pas une guerre contre le régime syrien.

 Or il est impossible de combattre l’Etat Islamique sans faire la guerre pour Bachar Al-Assad. Depuis la fusion en 2013 entre l’Etat Islamique en Irak et le Front Al-Nosra engagé à faire tomber le régime de Bachar Al-Assad, beaucoup de milices combattant le régime syrien se sont alliées aux islamistes. Ce qui a fortement affaibli Al-Assad. Mais les frappes militaires des Etats Unis et de leurs alliés occidentaux contre l’Etat Islamique constituent une « armée-bis » pour Al-Assad. En détruisant ses ennemis, les occidentaux le renforcent.

 La stratégie de Bachar Al-Assad consiste alors à justifier le génocide qu’il opère depuis des années contre sa population par la lutte contre les terroristes musulmans. Ainsi, beaucoup de gouvernements européens, désireux d’anéantir le fondamentalisme islamique, veulent s’allier à Al-Assad qu’ils qualifiaient  de bourreau il y a quelques années.

 Pour combattre efficacement l’Etat Islamique les occidentaux doivent avoir le courage de l’affronter sur terre, et d’arrêter les frappes aériennes isolées qui déstabilisent les zones concernées, tuent des milliers de civils et contraignent  des milliers de survivants à l’exode. Le territoire du Califat proclamé en juin 2014 par l’Etat islamique, qui s’étend d’Irak à la Syrie, ne peut être reconquis uniquement avec des bombardements aériens : 2500 frappes aériennes des occidentaux ont été recensées en deux ans, l’Etat islamique nuit toujours. La guerre des réfugiés aura forcément lieu.

 Mais on peut d’ores et déjà se poser des questions sur sa motivation.  Les centaines de milliers de morts causés par le conflit syrien n’ont pas été suffisants pour que la communauté internationale se décide à mettre fin au carnage. Il a fallu que le site archéologique de Palmyre soit menacé par l’Etat Islamique, que des réfugiés envahissent l’Europe et que la photo du cadavre d’un enfant syrien de 3 ans fasse le buzz sur les réseaux sociaux pour que l’Europe de décide à agir. L’attitude de la France en témoigne. Comme motivation, et pour justifier l’incohérence de son entrée en guerre en Syrie contre l’Etat Islamique, la France invoque la légitime défense.

 Jusqu’ici,  la France était dans la logique de ne pas combattre l’Etat islamique en Syrie pour ne pas renforcer Bachar Al-Assad. Dorénavant le risque d’actes terroristes sur son territoire est brandi pour conforter cette légitime défense. Mais  la légitime défense suppose un danger imminent contre lequel on est fondé à se protéger.

  Or la menace « Etat Islamique » n’est pas un fait nouveau. Elle existe depuis des années. Les centres d’entrainement et les exactions de l’Etat Islamique ne sont pas contemporains  à l’invasion de l’Europe par les réfugiés fuyant les guerres au Moyen Orient.  Cette conception fleuve et surréaliste de l’article 51 de la Charte des Nations Unies sur la légitime défense est erronée : La France ne fait pas l’objet d’une agression armée sur son territoire. Elle peine à camoufler des raisons tangibles de la soudaine volonté belliqueuse de la France :

-         Satisfaire une attente de l’opposition et de l’opinion françaises. Cette dernière distribuant des points d’indice de confiance au président français à chaque fois qu’il décide d’entrer en guerre dans un conflit où l’islam est mis en cause (Mali, Centrafrique, Irak, etc.) ;

-         Freiner les flux de réfugiés qui envahissent l’Europe, en tuant le mal depuis la source.

-         Justifier pourquoi on fait la guerre contre l’Etat islamique et non contre Bachar Al-Assad,  alors que tous les deux participent au même niveau à la déstabilisation du pays par des massacres inouïs. Camoufler ainsi la peur de l’Europe à affronter la Russie en Syrie.

 Après avoir annexé la Crimée sous les yeux du monde, et dicté sa loi  à Donetsk, la Russie mène la danse en Syrie. Selon le Pentagone, elle aurait déployé des armes de guerre  sur un aéroport  au de Nord de la Syrie. La guerre froide va-t-elle devenir chaude dans les jours qui viennent ?

 

FIN/INFOSPLUSGABON/MOI/GABON2015

 

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