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Gabon : Le décès d’André Mba Obame sonne comme un étrange destin

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GABON-Politique-Décès d'André  Mba  Obame

Par Antoine  NKOLO LAWSON

 

LIBREVILLE, 15 avril (Infosplusgabon) -  Le décès dimanche d’André Mba  Obame à  Yaoundé s’est  vite  répandu  à  travers  l’Afrique et au-delà du continent.  Tout le monde  le  savait malade  et  sa  santé  ne  cessait de  se  détériorer  de manière  inquiétante depuis  qu’il a  quitté,  sans  le   vouloir, l’arène  politique  nationale.

 

 

Homme  politique  brillant, André   Mba  Obame avait eu  la chance de  démarrer  une carrière  politique palpitante aux  côtés de  feu Omar Bongo Ondimba. La politique  semble lui avoir  tout  donné. Nous  dirons  presque. ET  comme  Obélix,  un personnage de fiction  créé en 1961 dans la bande dessinée Astérix, Mba  Obame est  bien  tombé  dans  la « soupe  politique  gabonaise » avec ses  exigences, ses  compromis, mais aussi avec le  jeu secret des alliances qui ne  dissimule  pas  toujours  les ambitions  personnelles  des  individus.

 

La  politique, André  Mba  Obame devrait en  consommer avec  modération. Mais  quand  survint  le  décès d’Omar  Bongo Ondimba en 2009,  Il s’est  vu  pousser des  ailes et  la  rivalité aidant entre ses amis du Parti  démocratique  gabonais (PDG-au  pouvoir),  il décida de  se  porter candidat à l’élection  présidentielle  non  sans vouloir  « décortiquer » un système  politique qui a  fait de  lui un  présidentiable.

 

Seul  contre  toute  une  machine huilée malgré  une  popularité saisissante

 

Dans le mesure où il se situait d’emblée sur le terrain politique  avec une  chance  certaine de  réaliser  un   bon score  lors de  la  présidentielle de  2009, André  Mba  Obame cristallisa tous  les mécontentements dans  sa   famille  politique lorsqu’il  se présentât  comme  l’héritier  d’Omar  Bongo Ondimba auprès de  qui  il  fit ses  classes.

 

L’étrange destin d’André  Mba  Obame incarne à merveille  une sorte  d’ambivalence. Il mit à profit les avantages que lui conférait  sa position et, en premier lieu, sa maîtrise du  fichier électoral en tant que  ministre de l’Intérieur  pour satisfaire son appétit de pouvoir. 

Cette   démarcation subite du candidat Mba  Obame, dopée  par  les appels  incessants de  ses  sympathisants  l’entrainera  contre  un  mur où la logique  politique  n’est pas de  règle  au Gabon. Il  paiera ensuite de  sa vie. Au-delà de la dimension humaine d’André  Mba Obame,   sa  carrière  politique a révélé   tour à tour l’homme   brillant  à  travers  les  portefeuilles ministériels  qu’il a  occupés et l’homme  courageux qui n’a pas craint d’affronter  ses « Amis  politiques »  dont Ali Bongo Ondimba.

 Contesté  et  contestable au sein de  sa  propre  famille  politique,  l'enfant de  Medouneu est  devenu réfractaire  aux lignes partisanes obligées des partis politiques. André  Mba Obame symbolisera  le  temps  d’une  campagne  présidentielle l’indépendance en politique. Il se confiera une mission : former une opinion publique saine pour contrer les effets du Parti  démocratique gabonais dont  il  dénoncera  certaines  pratiques lors de ses meetings...

 Orateur  exceptionnel,  il  fera  courir les foules à  travers  le pays  tout en suscitant les interrogations et les inquiétudes  sur  sa  sécurité et ses  réelles  ambitions  politiques.  Ainsi, André Mba Obame concentra l’électorat Fang, une stratégie cachée car longuement entretenue et qui se dévoile peu avant  la présidentielle de 2009.  L'opposition étant à son  habitude  divisée, les Blocks Ali Bongo Ondimba et André Mba Obame partaient théoriquement favoris dans cette élection présidentielle à UN  tour  même si Casimir Oyé  Mba  qui  s'est  désisté la  veille du scrutin n'a  pas osé  plonger "dans  la  bataille".

 

André  Mba  Obame,  libre mais  sans  degré de  liberté

 

Le destin fascinant de cet homme libre s’est  déployé  pendant la phase la plus décisive et la plus déterminante de sa vie publique. La plus éblouissante même. Elle plonge l’électeur gabonais acquis à  sa  cause  au cœur même des multiples ruptures et continuités des remuantes années 1990-2000, après  la  Conférence  nationale.

 Né le 15 juin 1957 à Médouneu dans le département du Haut-Komo, André Mba Obame a fait ses études secondaires au petit séminaire Saint-Kizito d’Oyem, au Séminaire Saint Jean à Libreville puis au lycée Léon Mba. Diplômé de l'Université Laval et de l'Université Panthéon-Sorbonne, il était docteur en science politique. 

Victime d'une sciatique paralysante et d'un accident vasculaire cérébral, André Mba Obame a parcouru de nombreuses capitales pour suivre un traitement adapté. Une  véritable  et  pénible  course  contre la montre.

En 1984, alors âgé de 27 ans, il intègre  le cabinet d’Omar Bongo.  Il se  rapprochera  d'Ali Bongo Ondimba qui envisageait déjà de constituer le groupe des « Rénovateurs » au sein du Parti du président. Après la conférence nationale de 1990 qui voit l’instauration officielle du multipartisme au Gabon, il rentre au gouvernement et prend successivement les portefeuilles du ministère de l'Agriculture, celui des Droits de l'Homme et des Relations avec les Assemblées. En 1991, il quitte le Gouvernement pour des raisons constitutionnelles, la constitution gabonaise interdisant à tout Gabonais âgé de moins de 35 ans d’occuper des fonctions ministérielles.

 En 1996, il est élu député du premier siège du département du Haut-Komo.  Son retour au gouvernement intervient en 1997, aux fonctions de ministre des Relations avec les Institutions constitutionnelles, porte-parole du gouvernement. 

En février 1999, à la suite de l’élection présidentielle de 1998 et au remaniement gouvernemental qui s'ensuit, il est nommé ministre de l’Éducation nationale, porte-parole du gouvernement jusqu’en janvier 2002, date à laquelle il occupe les fonctions de ministre de la Solidarité nationale, des Affaires sociales et du Bien-être.

 Après l'élection présidentielle de 2005, il arrive au ministère de l’Intérieur, de la Sécurité et de l’Immigration. Son passage dans ce département s'illustre par l'attaque du siège de l'Union du peuple gabonais (UPG) de Pierre Mamboundou le 21 mars 2006, qu'il justifie par la recherche d'armes de guerre, l'arrestation des leaders de la société civile le 30 décembre 2008 et la répression des manifestations syndicales.  Tel  un  boomerang,  sa station de télévision  TV+ est prise à partie et ses  installations confisquées  jusqu'à  ce  jour.

Mba  Obame  fut  également fortement critiqué par la presse après avoir (dit-on) proposé de vendre à la Guinée équatoriale l'île de Mbiané (inhabitée mais donnant potentiellement accès à des réserves de pétrole), revendiquée par celle-ci depuis 1972.

 Peu après la nomination d'Ali Bongo Ondimba comme candidat du PDG, André Mba Obame prononce un discours à l'hôpital Quiron (Espagne) là même où le défunt président était hospitalisé. Dans ce discours du 17 juillet 2009, intitulé « l'Appel de Barcelone », il se porte candidat à l'élection présidentielle anticipée du 30 août 2009.

 Il y déclara qu'après 25 ans d'apprentissage et de collaboration étroite aux côtés d'Omar Bongo Ondimba, il était préparé à la "Tâche". Le  destin en  décidera autrement...

 

FIN/INFOSPLUSGABON/LDK/GABON 2015

 

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