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France / Affaire DSK : La manière de faire l’amour peut-elle constituer un délit ?

Par Aliou TALL*

LIBREVILLE, 17  février (Infosplusgabon) - Dominique Strauss-Kahn (DSK), prédateur chevronné ou séducteur mal compris ? Cette question doit être traitée par le juge dans l’affaire dite du Carlton, dans laquelle DSK est poursuivi pour proxénétisme aggravé devant le tribunal correctionnel de Lille en France. Pour retenir la responsabilité de DSK, l’accusation tient une logique périlleuse pour la gente masculine, comme pour les femmes : Le fait d’être rude avec sa partenaire peut permettre de déduire que vous saviez qu’elle est prostituée.

 

DSK ne doit pas être accablé parce qu’il est libertin

Après avoir été trainé en 2011 devant la justice américaine par Nafissatou Diallo, la femme de chambre guinéenne qui l’accusait d’agression sexuelle au Sofitel de Manhattan, revoilà DSK poursuivi dans une affaire de mœurs. Dans cette affaire l’accusation doit démontrer que DSK a aidé, assisté ou protégé la prostitution d’autrui. L’accusation veut déduire de son attitude sexuel dévoyé et rugueux qu’il savait qu’il avait affaire a des prostituées. Or DSK affirme n’avoir aucunement été impliqué dans un plan de proxénètes, et que le contraire ne peut être déduit du fait qu’il a un comportement sexuel un peu plus rude que la normale. Il serait hypocrite et illégitime de condamner DSK à cause de sa manière particulière d’aimer les femmes. Peut-on compter en France le nombre de libertins et de personnes aux mœurs légères qui s’adonnent régulièrement à des séances de partouze, facturées ou pas ? Dans les quartiers de Pigalle ou du Marais à Paris, les lieux qui proposent au public des distractions sexuelles ou des objets  dédiés aux fétichistes et autres sadomasochistes ne choquent pas.  Le libertinage n’est plus contraire aux bonnes mœurs en France.

 

DSK ne doit pas être accablé à cause de l’antécédent Nafissatou DIALLO

Il est légitime de se demander si l’accusation contre DSK aurait eu un tel engouement judiciaire et médiatique s’il n’avait pas été président du FMI, puis malmené judiciairement par Nafissatou DIALLO. Or des doutes subsistent toujours sur la sincérité des accusations de cette dernière. Nafissatou DIALLO, qui a récemment ouvert un restaurant africain à New York,  aurait touchée 1,5 million de dollars suite à un arrangement amiable avec DSK. Elle est accusée par une partie de l’opinion d’avoir participé à un complot destiné à faire tomber DSK, pour l’empêcher de devenir président de la France. S’il est acquis par le fruit d’un complot sexuel, ce restaurant, dénommé « Amina » et niché comme par hasard entre une mosquée et une église, serait une tâche indélébile qui fera penser moins aux saveurs africaines qu’aux lésions vaginales et à l’éjaculation buccale endurées par une immigrée africaine pour se faire des dollars. Il immortaliserait le  déshonneur avec lequel une femme cynique aurait terni l’image d’un homme de pouvoir, en éclaboussant  au passage d’autres africaines qui, elles, portent les vertus de l’Afrique-mère. La jurisprudence Nafissatou DIALLO ne doit pas peser contre DSK dans l’affaire du Carlton de Lille.

 

La justice n’a pas le droit de dicter aux citoyens comment faire l’amour

On ne peut pas dire que tout homme qui fait l’amour avec une certaine vigueur agit de la sorte parce qu’il sait qu’il a affaire à une prostituée. Ce n’est pas non plus la faute à DSK s’il existe en France une normalité sexuelle qui veut que l’homme soit plus soft que lui. Et d’ailleurs, il est impossible de définir ce qui doit être la norme en matière de pratique sexuelle. La loi peut interdire des actes dégradants, humiliants ou attentatoires à l’intégrité physique, à la morale ou à la dignité humaine. Mais elle ne peut pas dicter à des adultes consentants et jouissant de toutes leurs facultés mentales le procédé amoureux à adopter : comment embrasser, comment caresser, etc...  Ni la loi, ni le juge, n’ont le droit et ne peuvent déterminer le degré de libido, de virilité, ou de vivacité sexuelle des citoyens. Ils peuvent juste sanctionner les transgressions. Ce qui est qualifiée en France de rudesse sexuelle concernant DSK peut, dans une autre culture, être vu comme de la mollesse. Ce qui est considéré en France comme relevant de la normalité sexuelle (comme la sodomie) peut, dans d’autres cultures, être considéré comme une déviance prohibée par la loi ou les mœurs. Si la justice française valide cet argumentaire pour sanctionner DSK, elle ouvrirait une brèche dangereuse pour les couples. Le juge s’inviterait ainsi dans votre lit pour vous dire comment vous devez faire l’amour. Pis, si le juge français retient que la vigueur sexuelle de DSK induit sa culpabilité,  sa jurisprudence permettrait de sanctionner les mâles homosexuels alors que l’homosexualité est légale en France. En effet, dans la sensibilité de beaucoup de personnes, le fait qu’un homme sodomise un autre est un acte violent, aussi bien physiquement que psychologiquement. Les homosexuels mâles seraient ainsi aussi coupables que DSK.

 

Pour affirmer leur attachement à la liberté d’expression de la presse après les attentats contre le journal Charlie Hebdo, des millions de français ont brandi le slogan « Je suis Charlie ». Ceux d’entre eux qui s’attachent à la liberté d’expression sexuelle devraient promouvoir le slogan « JE SUIS DSK ». La justice, elle, devrait le relaxer tout bonnement !

*Aliou TALL est président du Réseau Africain de Défense des Usagers, des Consommateurs et du Citoyen (RADUCC)

FIN/INFOSPLUSGABON/LMP/2015

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