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Gabon : Avec la chute du cours du baril de pétrole la loi de finances 2015 sera revue à la baisse
05 Janvier 2015
Gabon-Economie-Effets de la chute du cours du pétrole
LIBREVILLE, 5 janvier (Infosplusgabon) - Avec la baisse importante -- tout le long de 2015-- des prix du carburant depuis le 1er janvier 2015, il y aura de sérieuses répercussions sur les économies des pays producteurs de pétrole et en particulier chez ceux dont l’économie est fortement dépendante des revenus de l’or noir. Notamment au Gabon où les exportations de pétrole représentent 40-50 % du PIB.
Pour le Fonds monétaire international (FMI) les cours du pétrole ont récemment chuté et tous les acteurs en subissent les effets : producteurs, exportateurs, États et consommateurs. De manière générale le FMI y voit là un coup de fouet pour l’économie mondiale. Quelle est la dynamique actuelle et future du marché du pétrole, les répercussions pour les différents groupes de pays et pour la stabilité financière, et les ripostes que peuvent envisager les pays pour gérer l’impact sur leur économie ?. Les exportations de pétrole sont plus concentrées que les importations. Pour le dire autrement, les exportateurs de pétrole dépendent beaucoup plus du pétrole que les importateurs.
Prenons quelques exemples. L’énergie représente 25 % du PIB de la Russie, 70 % de ses exportations et 50 % de ses recettes fédérales. Au Moyen-Orient, pour les pays du CCG, les recettes pétrolières fédérales représentent 22,5 % du PIB et 63,6 % des exportations. En Afrique, les exportations de pétrole représentent 40-50 % du PIB au Gabon, en Angola et en République du Congo et 80 % du PIB en Guinée équatoriale. Le pétrole rapporte 75 % des recettes publiques en Angola, en République du Congo et en Guinée équatoriale. En Amérique latine, le pétrole correspond à environ 30 % et 46,6 % des recettes publiques de l’Équateur et du Venezuela, respectivement, et à environ 55 % et 94 % de leurs exportations. Cela situe l’ampleur des difficultés auxquelles devront faire face ces pays.
Dans la plupart des cas, la baisse des cours du pétrole pourrait vraisemblablement avoir pour effet mécanique de provoquer un déficit budgétaire. Pour illustrer les vulnérabilités des pays exportateurs de pétrole nous pouvons par exemple calculer ce qu’il est convenu d’appeler les prix d’équilibre budgétaire — c’est-à-dire, le prix du baril qui permet aux pays exportateurs d’équilibrer leur budget. Les prix d’équilibre varient considérablement d’un pays à l’autre, mais ils sont souvent très élevés.
Les conséquences de la chute des cours seront nécessairement différentes d’un pays à l’autre, mais certains points communs se dégagent : les pays importateurs, parmi les pays avancés et surtout parmi les pays émergents, devraient profiter d’une augmentation du revenu des ménages, d’une réduction des coûts de production et d’une amélioration de leur situation extérieure. Les pays exportateurs engrangeront moins de recettes et leurs budgets et leurs soldes extérieurs seront mis à mal.
Les risques pour la stabilité financière se sont accentués mais restent maîtrisés. Les tensions sur les monnaies se sont pour l’instant limitées à un petit nombre de pays exportateurs, dont la Russie, le Nigéria et le Venezuela. Compte tenu des liens financiers qui sillonnent la planète, cette situation appelle une vigilance accrue et systématique.
Les pays exportateurs de pétrole préféreront procéder à un ajustement graduel, en évitant toute contraction brutale des crédits budgétaires. Les pays qui n’ont ni fonds d’épargne ni règles budgétaires solides, risquent cependant de subir de fortes pressions sur le plan du budget et du taux de change. Si la politique monétaire appropriée n’est pas mise en place, cela peut attiser l’inflation et accélérer la dépréciation.
La chute des cours du pétrole offre à de nombreux pays l’occasion de réduire les subventions énergétiques et d’utiliser les montants ainsi épargnés pour financer des transferts mieux ciblés, et à certains la possibilité de durcir la fiscalité énergétique en réduisant par ailleurs d’autres impôts.
Quels sont les rôles respectifs de l’offre et de la demande?
Les cours du pétrole ont chuté de près de 50 % depuis juin, et de 40 % depuis septembre. Les cours des métaux, qui en règle générale sont encore plus sensibles à l’évolution de l’activité mondiale, se sont également repliés mais beaucoup moins que les prix du brut (graphique 2). De prime abord, cette observation semblerait indiquer que des facteurs propres au marché du pétrole, et notamment à l’offre, expliquent pour beaucoup la chute des cours.
À regarder de plus près, ce constat semble se confirmer. À en juger par les révisions, de juillet à décembre, des prévisions de demande de l’Agence internationale de l’énergie (graphique 3) et par les estimations de l’élasticité à court terme de l’offre de pétrole, la baisse imprévue de la demande durant cette période n’explique que 20 à 35 % du tassement des cours.
S’agissant de l’offre, plusieurs facteurs se manifestent, y compris les augmentations imprévues de la production. Cela tient en partie à la reprise plus rapide que prévu de la production libyenne en septembre et au fait que la production iraquienne n’ait pas été touchée, en dépit des troubles3. Mais l’intention manifestée par l’Arabie saoudite — le plus gros producteur de l’OPEP — de ne pas contrer l’augmentation soutenue de l’offre d’autres producteurs appartenant ou non à l’OPEP, et la décision ultérieure de cette dernière, en novembre, de maintenir le plafond collectif de production à 30 millions de barils par jours en dépit d’une surabondance apparente ont cependant été un facteur de taille.
L’augmentation soutenue de la production pétrolière mondiale pourrait être perçue comme la clé de l’énigme («le chien qui n’a pas aboyé»). Les cours du brut s’étaient en effet maintenus à un niveau relativement élevé en dépit de la trajectoire ascendante de la production pétrolière mondiale, en raison de ce qui était perçu à l’époque comme le prix plancher induit de l’OPEP. La réaction ultérieure du producteur d’appoint a toutefois contribué à provoquer un changement fondamental des anticipations quant à la trajectoire future de la production mondiale de pétrole, ce qui explique à son tour pourquoi les cours ont baissé d’autant et à ce moment, pour se rapprocher du niveau d’équilibre d’un marché en concurrence. Une chute des cours aussi spectaculaire s’était produite en 1986, lorsque l’Arabie saoudite avait décidé de ne plus jouer le rôle de producteur d’appoint : le prix du baril est alors descendu de 27 à 14 dollars, pour ne se redresser qu’une quinzaine d’années plus tard, en 2000.
Quels seront les effets probables sur les importateurs de pétrole?
La baisse des cours agit de trois manières distinctes sur les importateurs de pétrole. Premièrement, par l’effet de l’augmentation du revenu réel sur la consommation. Deuxièmement, par la réduction des coûts de production des produits finis et, partant, l’effet sur les bénéfices et l’investissement. Et troisièmement, par l’effet sur le taux d’inflation, globale et sous-jacente.
L’intensité de ces effets varie d’un pays à l’autre : Par exemple, l’effet lié au revenu réel est plus faible aux États-Unis, pays qui produit désormais plus de la moitié du pétrole qu’il consomme, que dans la zone euro ou au Japon. L’effet lié au revenu réel et aux bénéfices dépend aussi de l’intensité énergétique du pays. La Chine et l’Inde continuent de présenter à cet égard une plus grande intensité que les pays avancés, et de ce fait profitent davantage d’une baisse des cours. La part de la consommation de pétrole dans le PIB est en moyenne de 3,8 % aux États-Unis, contre 5,4 % pour la Chine et 7,5 % pour l’Inde et l’Indonésie7.
L’effet sur l’inflation sous-jacente dépend à la fois de l’impact direct de la diminution des prix du pétrole sur l’inflation globale et de la répercussion de ces prix sur les salaires et les autres prix. L’ampleur de cette répercussion dépend, à son tour, de la rigidité des salaires réels (la réaction des salaires nominaux à l’inflation de l’IPC) et de l’ancrage des anticipations inflationnistes.
Quels seront les effets probables sur les exportateurs de pétrole?
L’effet n’est pas négatif pour tous les exportateurs de pétrole, ce qui n’a rien d’étonnant. Cependant, là aussi, il y a de grandes différences entre pays. Partout se produit une baisse du revenu réel et des bénéfices de la production pétrolière; ce sont là les effets symétriques de la situation dans les pays importateurs. Mais l’ampleur de ce recul et l’effet de la baisse des cours sur le PIB dépendent pour beaucoup du degré de dépendance à l’égard des exportations de brut et de la part des recettes qui revient à l’État.
Dans le cas de l’Afrique, ces prix budgétaires ont été révisés à la baisse pour 2015 compte tenu de la chute des cours.
Les baisses du prix du pétrole ont des conséquences financières, à la fois directement et par le biais de l’ajustement induit des taux de change. La chute des cours affaiblit la situation financière des entreprises du secteur énergétique, notamment celles qui ont emprunté en dollars, et, partant, elle affaiblit la situation des banques et autres établissements qui ont d’importantes créances sur le secteur énergétique. La part d’entreprises du secteur ayant un ratio de couverture des intérêts (c’est-à-dire le ratio rapportant les mouvements de trésorerie aux charges d’intérêt) inférieur à 2 est de 31 % dans les pays émergents, ce qui signale que certaines de ces entreprises pourraient effectivement être menacées. Les écarts CEMBI, qui rendent compte des écarts liés aux valeurs d’entreprises des pays émergents à rendement élevé, ont augmenté de 100 points de base depuis juin.
Une diminution des prix du pétrole aboutit également en règle générale à une appréciation de la monnaie des pays importateurs, et notamment du dollar, ainsi qu’à une dépréciation de la monnaie des pays exportateurs. La chute des cours a contribué à une dépréciation brutale de la monnaie de plusieurs pays exportateurs, dont la Russie et le Nigéria. Cette chute n’est certes que l’un des facteurs qui explique la dégringolade du rouble, mais ce dernier a perdu 40 % de sa valeur cette année et 56 % depuis septembre. Si une dépréciation maîtrisée peut aider les pays exportateurs dans leur travail d’ajustement, elle peut également exacerber les problèmes financiers des entreprises et des États endettés en dollars. En outre, dans les pays où les anticipations ne sont pas bien ancrées, une dépréciation incontrôlée peut très rapidement aboutir à une inflation très forte.
S’il venait à durer, le repli des cours du pétrole aurait donc un effet concentré et sensible sur les obligataires et les banques ayant des engagements importants en dollars et dans les secteurs énergétiques. (Source FMI).
FIN/INFOSPLUSGABON/ANL/2015
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