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Burkina Faso : Les enfants de Sankara sont là…….
24 Novembre 2014
Par Cheriff SY*
LIBREVILLE, 24 novembre (Infosplusgabon) – En octobre 2009, l'information capitale de la commémoration du 22e anniversaire de l'assassinat de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons, aura été sans conteste, la requête introduite par la Campagne Internationale Justice pour Sankara (CIJS) et demandant l'expertise de sa tombe.
Sankara est-il enterré à Dagnoen ? Est-ce la tombe indiquée ? Ces questions, des gens se les posent avec raison, car, vu le degré d'inhumanité et de sauvagerie dans lequel Sankara et ses compagnons ont été massacrés et enterrés, les doutes sont permis. Des doutes méthodiques exprimés par la famille et tous ceux qui luttent pour la cause de Sankara, qui permettront d'aboutir à la vérité.
Ce doute, la famille l'avait exprimé ouvertement par la voix de Blandine Sankara, sœur du défunt président, dans les colonnes de notre confrère Le Pays datant du 15 octobre 2009 : " C'est vrai que nous sommes allés quelquefois sur les tombes, mais à un moment donné il y avait toujours le doute au regard de tout ce que nous avons entendu après et que chacun y allait un peu de ses commentaires : est-ce qu'on n'est pas en train de nous leurrer comme quoi il serait enterré à cet endroit ?
Nous avons donc commencé à avoir ce doute puisqu'on n'a pas une version officielle et celui-ci a fini par s'installer chez nous les enfants, ses frères et sœurs. Quant au papa et à la maman, ils sont décédés sans jamais mettre les pieds au cimetière pour voir la tombe de leur fils parce qu'ils attendaient qu'on vienne leur dire exactement ce qui s'est passé et où on l'a enterré".
Tout a été fait au plan juridique pour que l'expertise de la tombe ait lieu et que l'enquête puisse être entamée. Mais comme il fallait s'y attendre les autorités du Burkina Faso y ont mis toute leur mauvaise foi pour que cela ne se fasse point.
Dans plusieurs de nos articles et éditoriaux nous avons toujours dit que les assassins du Président Sankara sont connus, les commanditaires sont connus. Mais nous avons aussi toujours souligné que la vérité et la justice pour Sankara ne pourront jamais aboutir du fait justement qu'au sommet et au cœur de la IVème République se trouvait la félonie qui eût raison de l'homme en le fauchant par des balles assassines un après-midi du 15 octobre 1987.
" Tuez Sankara et des milliers de Sankara naitrons " avait prédit le Présent Sankara. Il le disait parce qu' il avait eu le temps de semer la graine et que si son sang venait à l'arroser, cela donnerait des fruits porteurs d'espérance ; il le savait parce que la lutte qu'il avait engagé a contribué à faire comprendre à son peuple et à tous les opprimés qu'il ne peut y avoir d'alternative crédible venant d'ailleurs pour les sauver ; il le savait parce que son combat avait eu le temps d'enlever un maillon de la chaîne libérant ainsi les opprimés, la jeunesse africaine.
Puis vint ces journées des 30 et 31 octobre 2014. Ils ont entre 18 et 35 ans, par centaine, par milliers ils prirent d'assaut les symboles représentatifs des assassins de leur père. Par une insurrection majestueuse, les enfants de Sankara imposèrent la force et la volonté libératrice de leurs papas. Ils sont désormais là et n'entendent plus se laisser piétiner.
Quoi donc de plus normal que le Président de la Transition du Burkina, MR Michel Kafando, qui dit avoir entendus l'appel des insurgés dans son discours de prise de fonction en tienne compte en proclamant solennellement qu' " Au nom de la Réconciliation nationale, j'ai aussi décidé, par le fait du prince, que les investigations pour identifier le corps du président Thomas Sankara, ne seront plus assujetties à une décision de justice, mais seront du ressort du gouvernement. Et d'ores et déjà, aujourd'hui même, à cet instant même, cette autorisation est accordée. "
C’est une première victoire des enfants de Sankara ; c'est une reconnaissance de celui-là qui a voulu faire de son pays une terre de dignité et de liberté. De celui-là qui courageusement a su redéfinir la somme du possible et du pensable par laquelle le développement d'un pays comptant parmi les plus démunis du monde pouvait être envisagé.
C'est la victoire de tous ceux-là qui ont espéré dans cette révolution d'août 83 que Thomas Sankara disait " Notre révolution est et doit être permanente, l'action collective des révolutionnaires pour transformer la réalité et améliorer la situation concrète des masses de notre pays. Notre révolution n'aura de valeur que si en regardant derrière nous, en regardant à nos côtés et en regardant devant nous, nous pouvons dire que les Burkinabé sont, grâce à la révolution, un peu plus heureux, parce qu'ils ont de l'eau saine à boire, parce qu'ils ont une alimentation abondante, suffisante, parce qu'ils ont une santé resplendissante, parce qu'ils ont l'éducation, parce qu'ils ont des logements décents parce qu'ils sont mieux vêtus, parce qu'ils ont droit aux loisirs ; parce qu'ils ont l'occasion de jouir de plus de liberté, de plus de démocratie, de plus de dignité. Notre révolution n'aura de raison d'être que si elle peut répondre concrètement à ces questions. "
Désormais ils sont là les enfants de Sankara. Comme ils le disent, ils sont en mode veille !m
* Cheriff Moumina SY est Chairperson of the African Editors' Forum, Directeur de Publication de Bendré. Analyste, éditorialiste et Consultant Média.
FIN/INFOSPLUSGABON/ODE/2014
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