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RDC : Les communautés forestières à la merci d’un secteur forestier irresponsable
13 Novembre 2014
Afrique-Développement durable-Forêts
© Clément Tardif / Greenpeace
LIBREVILLE, 13 novembre (Infosplusgabon) - Selon Greenpeace Afrique, « les compagnies forestières en République Démocratique du Congo (RDC) pillent les forêts, en utilisant l'intimidation physique contre des communautés locales, et ne respectent pas leurs obligations à améliorer les infrastructures locales, selon les témoignages de villageois recueillis par Greenpeace Afrique ».
Dans un communiqué parvenu jeudi à la rédaction d’Infosplusgabon.com, il est relaté que « les habitants des villages de la province de l'Equateur se plaignent que les entreprises, comme Sicobois et Cotrefor, arrivent, coupent et exportent tout le bois qu'elles peuvent sans remplir toutes leurs obligations sociales ».
"Le prétendu modèle de développement socio-économique que les sociétés d'exploitation forestière industrielle promeuvent dans les zones de leurs concessions en RDC n’est, en réalité, rien d’autre qu’un cauchemar pour les communautés environnantes», explique Irène Wabiwa Betoko, Responsable de la Campagne Forêt à Greenpeace Afrique.
Les villageois expliquent que les entreprises agissent souvent de connivence avec les autorités locales pour étouffer toute opposition à leurs opérations. Intimidations physiques graves et arrestations arbitraires seraient monnaie courante.
Lors d'une visite récente à Mongala, Greenpeace Afrique a découvert que, pendant près d'une décennie, Cotrefor ne coupait pratiquement que des espèces menacées de grande valeur, telles que l’Afrormosia et l’acajou, près du groupement de Boli Sud. Ce bois était exporté vers le marché européen et ailleurs pour des prix exorbitants.
La communauté a déclaré que la société est partie l'année dernière sans préavis et sans avoir terminé la construction d’une école et d’une route, contrairement aux dispositions de la clause sociale du cahier des charges. Des habitants qui se sont opposés aux activités de la société auraient été arbitrairement arrêtés et condamnés à une amende.
Dans la localité de Bokweli, il y a eu une longue histoire de conflits entre l'entreprise Sicobois, ses employés et la communauté locale. Les habitants disent que les autorités locales collaborent avec la société et ont fermé les yeux sur des cas d’agression physique, ainsi que sur des cas de violation du code forestier qui, selon eux, ont endommagé leurs moyens de subsistance.
« Nos arbres sont abattus, exportés, parfois abandonnés » dit un villageois. «L’école est dans un état désastreux… nous n’avons que les écorces des grands arbres pour fabriquer les cercueils de nos morts… on ne sait pas du tout où l’on va avec l’exploitation forestière… ».
Irène Wabiwa Betoko précise que "Ces témoignages illustrent ainsi la nécessité d’apporter une attention particulière aux effets néfastes que l’exploitation forestière peut avoir sur les populations locales dans les zones des forêts. Les autorités congolaises devrait tenir ces sociétés pour responsables et veiller à ce que le nouveau décret sur la foresterie communautaire soit correctement mis en application."
Greenpeace avance que le secteur de l'exploitation forestière en RDC est dans un état de chaos organisé. Certains rapports estiment que près de 90% de l'exploitation forestière est illégal. La demande pour le bois tropical noble de la part de l’Europe et la Chine en particulier a entrainé le secteur forestier de la RDC dans une spirale qui échappe à tout contrôle.
Un long processus de lobbying de la part de la société civile a abouti à la promulgation du décret sur la foresterie communautaire. Toutefois, Greenpeace Afrique a découvert que de nombreux responsables locaux ne sont même pas au courant de l'existence de ce décret. Des mesures sont à mettre en place pour garantir que les membres des communautés bénéficient effectivement de ce nouveau modèle de gestion forestière.
Une mise en vigueur adéquate du décret sur la foresterie communautaire est une condition sine qua non pour que les populations puissent gérer leurs propres terres et forêts. (Source Greenpeace Afrique) . / Contact média : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
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