[ Inscrivez-vous ]
Afrique-Gabon : Notation des États : l’Afrique fait l'exception
03 Octobre 2014
Par Jean-Michel Meyer
LIBREVILLE, 3 octobre (Infosplusgabon) - L’agence de notation Standard & Poor’s vient de réaliser un point sur la note souveraine de 20 pays africains. Cette estimation par les agences sur le risque de défaut d’un État, cruciale quand les pays cherchent à lever des capitaux sur les marchés internationaux, devient aussi un passage obligé pour les pays du continent.
Friands d’emprunts obligataires pour financer leurs politiques d’investissements, les États africains sont, comme partout ailleurs dans le monde, soumis à la vérification par les agences de notation internationales de leur capacité à s’endetter et à rembourser.
L’agence Standard & Poor’s (S & P) vient de faire un point sur la notation de 20 pays africains, afin d’évaluer leur risque de défaut dans une échéance de trois à cinq ans.
Sur les 20 échelons de notation (de AAA+ à D) des agences, les 20 pays africains se tiennent en 10 notes, avec comme meilleurs élèves le Botswana (A-), suivi de l’Afrique du Sud et du Maroc (BBB-). Tous les autres pays basculent dans la “catégorie spéculative”. On y trouve d’abord l’Angola, le Gabon et le Nigeria (BB-), puis le Sénégal, la Zambie et le Congo Brazzaville (B+), le Burkina Faso, le Cameroun, le Cap-Vert, le Ghana, l’Ouganda et le Rwanda (B)… L’Égypte et la République démocratique du Congo ferment la marche (B-).
“La majorité des 20 pays africains ont une perspective stable, ce qui fait que nous ne changerons pas leur note dans les douze à vingt-quatre mois”, précise Christian Esters, directeur principal chez S & P, spécialiste des pays du continent.
Croissance forte mais notes en berne
Ce qui n’empêche pas une tendance à la baisse de la qualité du crédit de ces pays, l’occasion de détailler le particularisme des États africains : “Les pays africains affichent une forte croissance qui dépasse les 10 % pour certains d’entre eux comme l’Angola ou le Mozambique. Et leur situation politique est globalement stable. Pourtant, nous ne notons pas d’évolutions positives dans nos notes. Ce qui peut sembler a priori contradictoire”, souligne Christian Esters.
À cela plusieurs raisons. Depuis 2007, l’échantillon de pays africains notés par S & P a plus que doublé, passant de 9 à 20 États. Et “les États les plus récents à se faire noter sont les moins riches et les plus risqués”, analyse l’expert de S & P. De même, concernant la répartition de la richesse, si la croissance du PIB augmente fortement, la démographie reste aussi très soutenue dans ces pays, ce qui fait que le PIB par habitant reste modeste.
Autre élément : mis à part les pays qui tirent leurs revenus du sous-sol – l’Angola, le Gabon et le Nigeria pour le pétrole, ou le Botswana avec le diamant et le Mozambique avec le cuivre –, tous les autres ont un compte courant déficitaire. Explication : “par manque de fournisseurs locaux, ces pays sont de grands importateurs d’équipements pour développer leurs infrastructures, le secteur de l’énergie, etc.”, indique Patrick Raleigh, directeur associé de S & P pour l’Afrique.
Remontée de l’endettement
Enfin, ces pays africains ont connu une période d’allègement de la dette à partir de 2007. En moyenne, le ratio dette-PIB se situe honorablement entre 20 % et 30 %. Ce qui ferait rêver de nombreux pays européens ! Toutefois, certains États ont recommencé à s’endetter, à l’image du Ghana, dont la dette représente désormais 40 % du PIB. Et d’une manière générale, les pays tendent à retrouver leur niveau d’endettement d’avant 2007, qui était considéré comme “insoutenable”. De quoi alerter l’agence de notation.
En 2012, la Zambie avait ainsi levé 750 millions de dollars à un taux d’intérêt de 5,4 %, soit un taux plus bas que celui proposé à l’Espagne, alors en pleine crise à cette époque. En avril 2014, la Zambie a sollicité à nouveau les marchés. Cette fois, le pays a levé 1 milliard de dollars, mais à un taux de 8,5 %. Un signe ? (Source Acteurs Publics).
FIN/INFOSPLUSGABON/MAT/2014
© Copyright Infosplusgabon