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Afrique : Débat sur les indemnités aux conjoints de diplomates sénégalais
08 Juillet 2014
Par Jean-Michel Meyer
LIBREVILLE, 8 juillet (Infosplusgabon) - Dakar a adopté une mesure plutôt rare dans le monde de la fonction publique : verser une indemnité aux conjoints des diplomates et des consuls généraux en poste à l’étranger. Ils bénéficieront de 500 000 francs CFA par mois pour couvrir leurs frais de représentation. Une mensure peu appréciée des syndicats de fonctionnaires.
Le décret avait été signé le 30 mai par le président de la République, Macky Sall. Mais ce n’est qu’aujourd’hui, comme une mèche lente, qu’il a embrasé la presse sénégalaise et oppose les diplomates au syndicat des fonctionnaires.
Une phrase, une seule, du décret présidentiel 2014-697, et de ses 6 articles, a suffi pour ouvrir un débat animé. “Il est alloué au conjoint dûment autorisé à rejoindre le chef de poste pour habiter la résidence officielle de l’ambassadeur ou du consul général une indemnité forfaitaire mensuelle dont le montant est fixé à 500 000 francs CFA.” Soit une indemnité de 762 euros par mois.
Au total, les 48 ambassades du pays à l’étranger et les 14 missions consulaires sont concernées, ainsi que, sans doute, les 6 missions économiques. Les services du Trésor ont calculé que pour honorer cette mesure, l’État devra débourser autour de 33, 5 millions de francs CFA par mois (51 000 euros), ce qui devrait représenter une enveloppe annuelle de 402 millions de francs CFA (613 000 euros). “L’indemnité est imputable sur les dépenses de personnel du poste et payée par l’agent comptable par chèque bancaire établi au nom de l’ayant droit”, précise l’article 5 du décret.
Indemnité mensuelle
Dans son article 4, le texte encadre les conditions d’attribution ainsi que la durée de perception de l’indemnité. “Pour bénéficier de l’indemnité, l’ayant droit conformément à l’article premier, doit justifier d’une autorisation de rejoindre le chef de poste délivrée par le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur et d’une attestation de résidence établie par le chef de poste et contresignée par l’agent liquidateur de la mission diplomatique”, détaille le texte.
De plus, ce coup de pouce financier aux conjoints des diplomates ou des consuls généraux est loin d’être attribué à vie. “L’indemnité mensuelle forfaitaire allouée aux conjoints des chefs de poste diplomatique et consulaire est due à compter du jour de l’arrivée de l’ayant droit en poste. (…) Le droit à cette indemnité s’éteint le lendemain de la cessation des fonctions de chef de poste qui justifiaient son paiement”, explique encore le décret dans ses articles 2 et 3.
Le salaire mensuel moyen des fonctionnaires sénégalais tourne autour de 140 000 francs CFA (213,3 euros), selon un rapport officiel de 2012. Autant dire que la mesure n’a pas été applaudie par les représentants des fonctionnaires. “Nous dénonçons la mesure parce que légalement, elle n’est pas fondée. Nous nous demandons quel contrat de travail, lie la femme d’un ambassadeur à l’État du Sénégal pour qu’on lui octroie une indemnité mensuelle de 500 mille francs CFA. C’est juste une récompense politique”, a dénoncé Mactar Barro, secrétaire général du Syndicat des cadres et employés du gouvernement.
“Économies internes”
Pour défendre le décret présentiel, le gouvernement à dépêché l’ancien diplomate Amadou Kébé, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères depuis 2013. Il a d’abord justifié cette indemnité en expliquant qu’elle couvrirait désormais les frais de représentation des conjoints des diplomates et des consuls.
Une indemnité qui ne coûtera pas un centime à l’État. “Il n’y a pas un sou qui va s’ajouter au budget des ambassades. Les ambassades vont faire des économies de fonctionnement pour payer ces indemnités. Il n’y a pas un sou du budget de l’État qui s’ajoute au budget du ministre des Affaires étrangères, il n’y a pas un sou du budget du ministère des Affaires étrangères qui va s’ajouter au budget d’une ambassade ou d’un consulat général. Ce sont des économies internes qu’on va être obligé de faire”, a-t-il martelé sur les ondes de RFM.(Source/ acteurs publics)
FIN/INFOSPLUSGABON/MIN/2014
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