Un rapport de l'ONU réprouve l'utilisation disproportionnée de la force contre les manifestants en RDC

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Kinshasa, RD Congo, 20  mars  (Infosplusgabon) - Le droit à la liberté de réunion pacifique a été sévèrement restreint et souvent violemment réprimé en République démocratique du Congo (RDC) en 2017 et la tendance se poursuit jusqu'à présent cette année, selon un rapport de l'ONU publié lundi à Kinshasa.

 

Le rapport a documenté des assassinats et d'autres violations graves des droits de l'homme en raison du recours excessif à la force par les services de sécurité et les forces de défense dans le cadre de manifestations de masse.

 

Entre le 1er janvier 2017 et le 31 janvier 2018, au moins 47 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées par les services de sécurité et les forces de défense dans le cadre de manifestations et il y a des indications que les services de sécurité congolais ont tenté de dissimuler ces violations graves en enlevant les cadavres des victimes et en entravant le travail des observateurs nationaux et internationaux, a indiqué le rapport.

 

Publié conjointement par le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies et la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), le rapport décrit le non-respect du droit national et des normes internationales, notamment les principes de légalité, de nécessité et de proportionnalité, de précaution et de responsabilité, liées à l'utilisation de la force par les services de sécurité et les forces de défense lors de la répression de manifestations pacifiques entre janvier 2017 et janvier 2018.

 

Selon le BNUDH, le rapport était basé sur des informations collectées pendant six jours de mobilisation et il a été rapporté que certaines personnes armées de bâtons et de balais ont tenté de perpétrer des violences lors de certaines manifestations, mais que la grande majorité des manifestations était pacifique.

 

"Le recours excessif à la force - y compris la force létale - par les autorités était donc illégal, injustifié et disproportionné", a-t-il ajouté.

 

En outre, le rapport indique que les restrictions croissantes aux libertés et droits fondamentaux couplés à des discours incendiaires et des menaces contre les manifestants «sont une source de profonde préoccupation à un moment où il est particulièrement important de créer un environnement propice à des élections pacifiques».

 

La Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC, Leila Zerrougui, a déclaré que le rapport soulignait les lacunes en matière d'impunité et un rétrécissement continu de l'espace démocratique dans le pays observé depuis le début de 2015.

 

"Cela est incompatible avec la lettre et l'esprit de l'Accord du 31 décembre 2016 et ses mesures de confiance. Les manifestations sont intrinsèquement liées à la liberté d'expression et il est absolument nécessaire que toutes les voix puissent être entendues dans le contexte des prochaines élections ", a déclaré Zerrougui.

 

"La création par le ministère des Droits de l'Homme d'une commission d'enquête conjointe avec des représentants de la société civile est un pas en avant pour la reddition des comptes et la réparation pour les victimes", a-t-elle ajouté.

 

Mme Zerrougui s'est félicitée des conclusions de la Commission et a appelé à leur mise en œuvre intégrale et rapide. Elle a exprimé la volonté de l'ONU de fournir un soutien à cet égard.

 

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a déclaré que la répression systématique des manifestations, y compris en recourant à une force disproportionnée, constitue une grave violation du droit international des droits de l'homme et des lois de la RDC. Il y a un besoin urgent d'une enquête judiciaire significative, transparente et indépendante sur ces violations et autres allégations.

 

"Il est particulièrement inquiétant que les services de sécurité et les forces de défense mènent cette violence avec une impunité presque totale, ce qui peut être perçu comme une incitation à une telle répression", a-t-il déclaré. "Nous voyons l'annulation de la dissidence à tout prix - même au prix de la vie humaine - en RDC par le déploiement systématique des forces armées aux côtés de la Police Nationale Congolaise pour gérer les protestations".

 

Mme Zerrougui et M. Zeid ont exhorté le gouvernement à permettre l'exercice des droits de réunion pacifique et d'expression, avertissant que la répression ne ferait que provoquer la frustration, pourrait conduire à de graves détériorations de la sécurité dans le pays et pourrait menacer le processus électoral.

 

Pour que des élections crédibles se tiennent à la fin de cette année, le gouvernement de la RDC a l'obligation de veiller à ce que les droits civils et politiques des citoyens soient respectés et que leur exercice soit facilité.

 

FIN/INFOSPLUSGABON/ERZ/GABON 2018

 

 

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