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Burundi : Clôture d’une semaine dédiée aux combattants de l’ancienne rébellion du CNDD-FDD

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Bujumbura, Burundi, 18  novembre (Infosplusgabon) - Le chef de l’Etat burundais, Pierre Nkurunziza, en même temps président du Conseil des sages du Conseil national pour la défense de la démocratie/Forces de défense de la démocratie (Cndd-Fdd) était signalé, samedi, par la radio publique, dans le nord-ouest du pays pour une cérémonie de clôture d’une semaine dédiée aux combattants de cette ancienne principale rébellion armée, arrivée au pouvoir par les urnes, à la faveur d’un cessez-le-feu dans la guerre civile de 1993 à 2003.

 

L’actuel président burundais, connu sous l’autre nom de guerre d’ «Umuhuza» (le Rassembleur, en langue nationale, le Kirundi) avait pris les commandes de cette rébellion à la faveur des dissensions internes qui venaient d’évincer le chef historique de la lutte armée au Burundi, Léonard Nyangoma, en 1998.

 

Le secrétaire général du parti, Evariste Ndayishimiye, les présidents de l’assemblée nationale et du Sénat, respectivement Pascal Nyabenda et Révérien Ndikuriyo, d’autres hauts cadres du Cndd-Fdd, ainsi qu’une foule nombreuse de militants et sympathisants étaient également au rendez-vous de clôture de la semaine, selon la radio publique, citant son correspondant sur place.

 

La veille, la semaine avait marqué une étape symbolique de dépôt de gerbes de fleurs sur une vingtaine de tombes des combattants du Cndd-Fdd, à Mpanda, une localité emblématique de son combat passé, toujours dans le Nord-Ouest du pays.

 

Les lieux où reposent les combattants du Cndd-Fdd sont surmontés d’une grande croix sur laquelle on peut lire : «Ce n’est pas l’ethnie qui tue, mais plutôt la mauvaise gouvernance ».

 

Les chiffres des victimes combattantes, aussi bien du côté de l’ancienne rébellion que des ex-forces armées régulières du Burundi (Ex-Fab) restent néanmoins entourés d’un secret bien gardé, même si l’opinion sait que les deux parties belligérantes faisaient peu de prisonniers de guerre.

 

Les seuls chiffres connus officiellement portent sur le désarmement, la démobilisation et la réinsertion dans une nouvelle vie civile de 29 524 ex-combattants rebelles et gouvernementaux.

 

Au terme du processus de réintégration, il est resté en activité 25.000 hommes de la Force nationale de défense et des anciens combattants (Fdnac), contre 20.000 éléments de la nouvelle police nationale.

 

Ces effectifs sont basés sur des quotas ethniques paritaires de 50% pour la majorité ethnique des Hutu et autant pour la minorité tutsi, tels qu’ils ont été négociés dans l’accord d’août 2000, à Arusha, en Tanzanie, qui a mis fin à un cycle de guerres civiles au Burundi.

 

La dernière grande guerre civile burundaise avait duré de 1993 à 2003 et était basée sur un sanglant conflit ethnique ayant éclaté à la suite d'un coup d’Etat de l’armée, à l’époque dominée par la minorité tutsi, contre le président élu de la majorité hutu, Melchior Ndadaye.

 

Les estimations des Nations Unies font état d’au moins 300.000 victimes de ce conflit, essentiellement des civils (hutu et tutsi), et plus d’un million d’autres Burundais ayant été obligés de fuir à l’intérieur et dans les pays voisins.

 

La seconde grande guerre civile burundaise à caractère ethnique remontait aux massacres de 1972 ayant fait au moins 200.000 morts et poussé en exil forcé des centaines de milliers de rescapés.

 

Sous l’actuel régime du Cndd-Fdd, on s’accorde à dire dans l’opinion que le fait ethnique avait sensiblement reculé et ce n’est que dans la nouvelle crise sociopolitique autour des élections controversées de 2015 que le discours à connotation tribal a refait surface, là aussi sans emporter l’adhésion de la population.

 

On doit encore à l’actuel régime du Cndd-Fdd d’avoir fait le ménage au sein des partis politiques qui se revendiquaient ouvertement d’appartenance ethnique, comme le «Parti de libération du peuple hutu (PALIPEHUTU, la plus vieille rébellion des années 1970) ayant fini par prendre l’appellation plus conforme à la loi de « Forces nationales de libérations » (FNL).

 

Concernant l’état de lieux actuels, le pouvoir du Cndd-Fdd doit faire preuve de maturité politique et d’imagination au bout de 12 ans de gestion du pays, notamment pour résorber la crise multiforme née des élections controversées de 2015 et abréger les souffrances de la population, de l’avis général des analystes à Bujumbura.

 

Sur le plan politique, il s’agit d’accepter un dialogue franc avec l’opposition pour mettre fin à l’une des longues crises politiques récentes dans le pays.

 

Les opposants au régime actuel lui prêtent des «réflexes de maquis» dans la conduite des affaires du pays, ainsi qu’une volonté de retourner le pays sous un régime de parti unique.

 

La multiplication de monuments à la gloire du Cndd-Fdd à travers tout le pays est une preuve de son hégémonie, allèguent les mêmes opposants qui se fondent sur certains écrits gravés dans le marbre.

 

«On ne lâchera pas le pays, nous l’avons conquis difficilement», peut-on lire sur certains monuments aux coins des rues, principalement à Bujumbura, la capitale politique du pays.

 

D’autres écrits sur les monuments veulent que le Cndd-Fdd soit encore victorieux, sans concession, «à 100%», des prochaines élections de 2020 pour lesquelles le pouvoir a déjà commencé à lever des contributions «obligatoires» auprès des citoyens.

 

Le Cndd-Fdd s’attire encore les critiques de l’opposition de par les permanences que le parti a multiplié ces derniers temps sur toutes les collines du pays, les plus petites entités administratives au Burundi.

 

Le parti dirigeant irrite encore ses adversaires politiques par le monopole de l’espace public, ponctué de meetings et des marches-manifestations qui ne désemplissent pas, le week-end venu.

 

Au niveau international, un certain nombre de défis sont également à lever et les allégations de présumés «crimes contre l’humanité», à l’ombre de la crise actuelle, en constituent une épine dans le pied de l’actuel pouvoir burundais.

 

A ce sujet, la Cour pénale internationale (CPI) a décidé, le 9 novembre dernier, de lancer des enquêtes, sur la période allant du 26 avril 2015 au 26 octobre 2017, et de délivrer des mandats contre les acteurs étatiques burundais dont la responsabilité aura été établie dans la perpétration des crimes contre l’humanité.

 

Ces crimes supposés sont d’une ampleur d’au moins «1.200 morts, des détentions illégales de milliers de personnes, la torture de milliers d'autres, des centaines de disparitions, ainsi que l’exil forcé de plus de 400.000 Burundais, d’avril 2015 jusqu’à mai 2017», présume à la Haye, le siège central de la CPI.

 

Vendredi, le gouvernement burundais a rejeté formellement une décision qu'il juge "atypique" dans les annales de la CPI et qui s’inscrit «dans la logique d’un vaste complot contre le Burundi», et visant «particulièrement» des institutions démocratiquement élues.

 

Sur le plan économique, le régime du Cndd-Fdd fait encore face à de lourdes sanctions internationales, notamment celles de l’Union européenne (UE) et principal partenaire technique et financier traditionnel qui n’entend les lever que s’il y a ouverture d’un dialogue sincère avec l’opposition sur la crise burundaise.

 

Dans la même déclaration de vendredi, le gouvernement a accusé nommément l’Union européenne, «sous la houlette de la Belgique» (ancienne puissance coloniale du Burundi) d’être l’instigatrice de la décision de la CPI dans le but d’opérer un changement de régime à Bujumbura.

 

 

FIN/INFOSPLUSGABON/IKM/ GABON 2017

 

 

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